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Des décennies de rumeurs autour d’un « jet fantôme » chinois semblent enfin trouver une confirmation officielle. Selon des entretiens réalisés par le Global Times avec des chercheurs du Chengdu Aircraft Design and Research Institute, affilié à l’Aviation Industry Corporation of China (AVIC), le projet J-9 n’était pas qu’un mythe: il a bel et bien existé et a ouvert la voie à des innovations majeures dans l’industrie aéronautique chinoise.
Ce que révèle le projet J-9
Le centre de conception de l’AVIC a donné naissance à plusieurs chasseurs emblématiques, tels que le Chengdu J-7 (Fishcan), le JF-17 Thunder, le Chengdu J-10 (Vigorous Dragon/Firebird) et le Chengdu J-20 (Mighty Dragon). Alors que le programme J-9 n’a jamais abouti à un vol, il aurait constitué le point de départ d’une démarche d’innovation au sein de l’institut. Plus de cinquante ans plus tard, des révélations affirment que le J-9 a réellement existé et a marqué les premières étapes du processus de conception.
En mai 1970, au cœur de la Guerre froide, un train transportant plus de 300 chercheurs et ingénieurs quitte silencieusement Shenyang pour Chengdu, où résidait le cœur du programme J-9. À son arrivée, l’équipe s’installe dans l’ancien site d’une école de vol de l’Armée de l’Air, devenu par la suite le Chengdu Institute. Bien que le vol du J-9 n’ait pas été réalisé, son développement a laissé une précieuse héritage pour l’Institut et pour l’industrie aéronautique chinoise. Selon les chercheurs, l’un des legs durables du J-9 est la configuration canard, devenue une signature des chasseurs chinois, depuis le J-10C jusqu’au J-20. Une aile canard est une surface horizontale placée à l’avant de l’aile principale, remplacant le plan arrière traditionnel et améliorant la maniabilité ainsi que les performances de piqué.
Un héritage important
Les ingénieurs du Chengdu Institute ont proposé d’ajouter une petite aile avant devant l’aile principale, sans queue, dans le but d’améliorer les caractéristiques de portance du véhicule. Cette idée a inauguré la configuration canard dans les chasseurs chinois. « Ce layout était sans précédent, ni en Chine ni dans les pays technologiquement avancés comme les États-Unis et l’Union soviétique », se souvient Xie Pin, chercheur vétéran de l’Institut de Chengdu. « À l’époque, le seul design vaguement comparable à l’échelle internationale était le Saab 37 suédois, mais ses canards étaient fixes. Le nôtre représentait une innovation originale. » explique-t-il, précisant que, malgré l’interruption du programme J-9, la configuration canard a été développée et exploitées dans les modèles futurs tels que le J-10C et le J-20, où ses atouts ont été pleinement exploités.
Une autre héritage durable du J-9, selon le portail Eurasiantimes, concerne le système d’armes d’interception. Dans les années 1970, les États-Unis et l’Union soviétique avaient déjà commencé à concevoir des missiles air-air (AAM) Beyond Visual Range (BVR), amorçant une transition majeure vers des interceptions plus lointaines.
Impact sur l’aviation militaire chinoise et perspectives
Le J-9 n’a pas volé, mais son esprit d’innovation a nourri les lignes futures de conception. La transition vers des configurations avancées et les développements ultérieurs des avions de défense et de combat chinois illustrent la continuité entre les projets des années 1970 et les générations actuelles, comme le J-10C et le J-20. L’institut évoque une continuité dans l’approche aérodynamique et la recherche de performances accrues, qui a façonné l’orientation technologique de l’industrie aéronautique chinoise au cours des décennies suivantes. Le J-9 est ainsi présenté comme un catalyseur qui a stimulé l’innovation et les compétences en design, contribuant à l’essor de l’aviation militaire Chine contemporaine.
Avec le développement également du démonstrateur Chengdu J-36 et d’autres projets de sixième génération, l’héritage du J-9 se lit comme une étape clé dans l’évolution des capacités de défense et d’interception chinoises. Cette vision historique illustre comment une architecture conceptuelle peut, même sans vol opérationnel, influencer durablement des approches de conception et des décisions industrielles à long terme.