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Changement climatique : pourquoi les arbres perdent leurs feuilles en août

by Sara
France

Dans plusieurs régions françaises, des trottoirs, parcs et jardins sont recouverts de tapis de feuilles en pleine mi-août, phénomène attribué à la sécheresse, arbres, feuilles, changement climatique ; des températures extrêmes et un déficit hydrique anormal expliquent cette défoliation précoce observée de la Drôme à la Gironde, en Provence, au Béarn, à Lyon et à Paris.

Sécheresse, arbres, feuilles, changement climatique : observations en France

« On se croirait en plein automne » : ce constat revient dans plusieurs villes où des passants observent des platanes et des arbres dépouillés au cœur de l’été. À Guilherand‑Granges (Ardèche), des habitants décrivent des scènes presque automnales et à Pau (Pyrénées‑Atlantiques) les services municipaux ont dû augmenter la fréquence de passage des balayeuses pour ramasser les feuilles.

Les épisodes de canicule associés à des mois sans précipitations suffisantes provoquent un stress hydrique chez de nombreux végétaux. « Le réchauffement climatique existe et il est réel », s’indigne une habitante d’Aix‑en‑Provence face à des platanes déplumés.

Un stress hydrique et des mécanismes de protection des arbres

Pour expliquer cette chute précoce des feuilles, des spécialistes évoquent le manque d’eau au niveau des sols. Anthony Babin, technicien forestier territorial spécialisé dans la défense des forêts contre les incendies, explique : « À partir du moment où ils manquent d’eau, ce qu’on appelle un stress hydrique, les végétaux préfèrent couper la circulation de la sève pour se protéger. C’est ce qu’on observe en ce moment en Gironde (…) Ça atteste vraiment de l’état de sécheresse au niveau des sols ». Il réalise des prélèvements hebdomadaires pour contrôler le taux d’humidité des végétaux et juge ses dernières analyses préoccupantes.

Couper la circulation de la sève est une stratégie de survie à court terme : en limitant l’évapotranspiration, l’arbre réduit sa dépense d’eau mais il compromet aussi sa capacité à stocker des réserves. Lorsque cette défoliation survient au moment où l’arbre devrait préparer l’hiver, les conséquences peuvent durer au‑delà d’une saison.

La survie de certaines essences menacée

L’état des forêts soulève des inquiétudes : l’organisme d’État estime que 670 000 hectares de forêts sont actuellement « dépérissants », soit environ 5 % de la surface forestière française. Une forêt « dépérissante » n’est pas pour autant morte, mais elle montre des signes de dégradation liés au manque d’eau et aux températures trop élevées.

Brigitte Musch, responsable du département des ressources génétiques forestières à l’Office national des forêts (ONF), avertit sur la vulnérabilité des essences locales : elle parle notamment de « toutes nos espèces autochtones ». Interrogée, elle précise : « Si vous allez en forêt, vous allez voir dans un grand sud‑ouest, les chênes pédonculés qui sont des espèces autochtones, avec les feuilles brûlées ». Elle ajoute : « Quand on est en haut de la canopée, en haut des arbres, on a des températures intenses et ce que l’on peut voir, ce ne sont pas tout à fait les couleurs d’automne, on a une couleur un peu blanche en fait. »

La généticienne souligne l’impact sur les cycles biologiques : « Quand les arbres perdent leurs feuilles au moment où ils devraient faire leurs réserves pour l’hiver, on sait très bien que l’année suivante va être très compliquée ». Dans les régions les plus chaudes, la composition des massifs forestiers pourrait évoluer, avec des essences dominantes différentes à l’avenir.

Adaptation : introduction d’essences plus résistantes

Face à ces changements, l’ONF engage des opérations de renouvellement et d’introduction d’essences mieux adaptées aux conditions plus chaudes et plus sèches. En Haute‑Garonne, le directeur de l’ONF Occitanie‑PACA évoquait la nécessité de remplacer des sapins fragilisés : « Notre enjeu, c’est de faire venir de nouvelles essences plus résistantes ». Parmi les espèces envisagées figurent différents types de pins, des cèdres, des mélèzes et certains chênes méditerranéens.

Dans l’Allier, un plan de renouvellement a permis la plantation de 300 000 arbres depuis 2022 pour tenter de préserver la multifonctionnalité des forêts et leur résistance aux chocs climatiques. Ces actions cherchent à limiter le remplacement brutal d’écosystèmes entiers et à favoriser des « cocktails » d’essences plus diversifiés.

Impacts immédiats et gestion locale

À court terme, la défoliation précoce provoque des coûts logistiques pour l’entretien urbain et augmente la vulnérabilité des arbres aux maladies et aux ravageurs. Dans certaines communes, la multiplication des feuilles mortes exige des passages supplémentaires d’entretien, comme à Pau où les balayeuses passent désormais plus fréquemment.

Au plan forestier, la surveillance des sols et des végétaux, les prélèvements réguliers et les plans de renouvellement constituent des outils concrets de gestion. Ces mesures visent à atténuer les effets de la sécheresse et du changement climatique sur les arbres, tout en adaptant progressivement les forêts aux nouvelles conditions environnementales.

Sécheresse | Arbres | Feuilles | Changement Climatique | Forêt | France
source:https://www.francebleu.fr/infos/environnement/on-se-croirait-en-automne-pourquoi-les-arbres-perdent-ils-leurs-feuilles-en-plein-mois-d-aout-9906445#xtor=RSS-10

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