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Guillaume Dufour : artisan de la paix et bâtisseur de la Suisse

by Sara
Suisse

Guillaume Dufour demeure, 150 ans après sa disparition le 14 juillet 1875, une figure centrale de l’histoire suisse ; «Peu de figures historiques font l’unanimité comme Dufour», rappelle la présidente de la Confédération Karin Keller‑Sutter dans la préface du livre récemment publié par la Société Antoine Bovy à Genève, «Guillaume Henri Dufour, retraite et apothéose du Général», fruit des travaux d’Olivier Chaponnière, Jan Chiarelli et Roger Durand.

Guillaume Dufour : de la guerre du Sonderbund à la Croix‑Rouge

Né en 1787 à Constance et formé à l’École polytechnique de Paris puis à l’École du génie de Metz, Guillaume Dufour mène d’abord une carrière militaire au service de la France. Pendant les Cent Jours, il est chargé de fortifier Grenoble et Lyon. Resté dans l’armée française jusqu’en 1817, il rentre ensuite en Suisse où il enchaîne des fonctions techniques et pédagogiques : professeur de mathématiques à l’académie, chef du génie cantonal, puis ingénieur du canton de Genève.

Appelé par la Diète au commandement des troupes fédérales lors de la guerre du Sonderbund en 1847, il met fin au conflit en trois semaines et avec moins d’une centaine de morts. Cette conduite, ainsi que son attachement à la neutralité et à la cohésion nationale, ont contribué à forger sa réputation d’artisan de la paix. Sa détestation de la souffrance humaine l’a conduit à soutenir Henry Dunant et à s’engager activement au sein de la Croix‑Rouge jusqu’à sa mort. À cette occasion, il déclarait : «Tant que les passions subsisteront, et cela menace de durer encore longtemps, il y aura des guerres sur cette Terre. Il faut donc, plutôt que de poursuivre la chimère de leur suppression, s’attacher à en rendre les conséquences moins terribles.»

Outre son rôle militaire, Dufour participa à la création de l’École militaire de Thoune où il eût, parmi ses élèves, le prince Louis Napoléon, futur Napoléon III, qui le fit Grand‑Croix de la Légion d’honneur en 1866. Son nom reste associé à des symboles nationaux : son effigie figurait sur l’ancien billet de vingt francs et la pointe Dufour culmine à 4 634 mètres.

À Genève, réalisations d’ingénieur et engagement civique

À Genève, l’œuvre de Guillaume Dufour se manifeste surtout dans les réalisations d’ingénieur. La construction du quai des Bergues, intégrant le pont des Bergues et l’hôtel des Bergues, compte parmi ses réalisations les plus importantes. Ces travaux contribuent encore aujourd’hui au paysage urbain et au réseau d’infrastructures de la ville.

Le pays lui doit également la première carte topographique de la Suisse, décrite dans l’ouvrage comme «un vrai travail de bénédictin». Dufour, protestant convaincu, estimait qu’un État sans religion ne peut pas prospérer ; cette conviction personnelle apparaît dans les commentaires des contemporains et dans les documents rassemblés par la Société Antoine Bovy.

Durant sa retraite, Dufour tint ses comptes personnels ; la Société Antoine Bovy a reproduit et commenté ces registres, qui révèlent son mode de vie et sa générosité. Ils attestent de dons et d’aides à de nombreux démunis ainsi qu’à des associations auxquelles il appartenait.

Sur le plan politique, sa carrière est longue et diversifiée : membre du Conseil représentatif de Genève, participant à la Diète, à la Constituante genevoise, député au Grand Conseil et parlementaire fédéral. Libéral modéré et partisan des Lumières, il joua un rôle dans l’adoption du drapeau suisse en 1840 et œuvra constamment pour l’unité nationale.

Sur le plan familial, Guillaume Dufour eut quatre filles. Il perdit son épouse, Suzanne Bonneton, huit ans avant de la rejoindre ; tous deux reposent au cimetière des Rois.

Commémoration et mémoire à 150 ans de sa disparition

La publication récente de la Société Antoine Bovy, qui s’appuie sur des documents intimes et inédits, vise à combler un vide documentaire et à rendre hommage à la personnalité pluridisciplinaire que fut Guillaume Dufour. Le livre, préfacé par Karin Keller‑Sutter, rappelle la diversité des contributions de Dufour — militaire, ingénieur, cartographe, homme politique et militant pour l’atténuation des souffrances causées par la guerre.

Les auteurs soulignent à la fois ses succès publics et ses activités privées, offrant un portrait plus complet que la simple image du général victorieux du Sonderbund. Interrogations et questionnements closent l’article original : «Où sont aujourd’hui passées les personnalités illustres? L’époque ayant abandonné tant de valeurs y serait‑elle devenue réfractaire? Quel avenir alors pour les peuples?» Ces questions, posées par l’auteur de la chronique, invitent le lecteur à mesurer l’héritage concret laissé par Dufour dans les institutions et le paysage suisse.

Guillaume Dufour | Paix | Suisse | Histoire | Neutralité
source:https://www.tdg.ch/guillaume-henri-dufour-artisan-de-la-paix-376703181859

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