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Au salon de l’électronique de Berlin, l’IFA, le label « Made in Germany » se retrouve fragilisé par les taxes américaines sur les matières premières, un contexte qui pèse sur les exportations et remet en cause le savoir-faire européen. Sur le stand de Rommelsbacher, petite PME d’électroménager, Sigrid Klenk insiste sur l’importance du local tout en constatant les difficultés liées aux droits de douane instaurés par les États-Unis sur l’acier et l’aluminium.
Contexte et premiers effets des droits de douane
Depuis l’été, les droits de douane américains sur l’acier et l’aluminium imposent jusqu’à 50% de surtaxe sur ces matériaux, omniprésents dans l’électroménager. « Maintenant, on doit spécifier la quantité d’acier contenue dans nos produits, notamment nos plaques de cuisson. Cela nous a occupé intensément ces derniers jours », déplore Sigrid Klenk, qui refuse toutefois de voir dans le « Made in Germany » une fatalité.
Les autorités allemandes montrent une réalité économique complexe: les indicateurs publiés par Destatis indiquent une baisse des exportations vers les États-Unis, le premier partenaire commercial de l’Allemagne, avec -7,9% en glissement mensuel et -14,1% sur un an. Cette dynamique marquait déjà un quatrième mois consécutif de repli et met en évidence la difficulté du secteur face à une taxation punitive et à une volatilité accrue des marchés.
Savoir-faire menacé et perspective des acteurs
Selon la fédération du secteur ZVEI, les exportations allemandes d’électronique vers le marché américain pourraient chuter d’environ 20% si la tendance actuelle se poursuit. Theresa Seitz, porte-parole de la ZVEI, rappelle l’attachement à la production européenne et au maintien du savoir-faire, malgré les droits de douane qui s’imposent comme un frein.
Afin de contrer l’incertitude commerciale, l’accord conclu fin juillet entre Washington et Bruxelles visait à réduire les risques pour les échanges, mais la liste des produits soumis à des surtaxes continue de s’allonger. Riches en coûts et en complexité administrative, les conditions demeurent difficiles pour les PME et les grands groupes, notamment Miele. Markus Miele, directeur exécutif, précise que le groupe a dû ajuster ses prix et observe une réticence croissante à la consommation dans plusieurs marchés, y compris en Allemagne malgré une inflation qui se modère.
Réactions et réalités industrielles
Le groupe Miele, basé à Gütersloh et générant environ 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuels, a enregistré des hausses de tarifs en réponse à la conjoncture. En parallèle, le dirigeant souligne une demande domestique fragile et une confiance fragile sur l’évolution économique, même si les États‑Unis affichent une dynamique favorable et ont même ouvert un premier site de production avant le retour potentiel de Donald Trump au pouvoir.
À Berlin, des PME témoignent de la pression pesant sur le modèle exportateur allemand: Fakir a cessé la fabrication d’aspirateurs en Allemagne il y a 18 mois, invoquant des coûts trop élevés et une compétitivité mise à rude épreuve.
Concurrence asiatique et éventuelles contre-mesures
Le salon met en lumière un contraste marquant: les marques chinoises, avec des innovations comme des robots aspirateurs capables de gravir des escaliers ou des lunettes connectées dotées d’intelligence artificielle, remportent l’attention et gagnent en positionnement haut de gamme, parfois au détriment des fabricants européens qui cherchent à préserver leurs marges même lorsque les produits sont fabriqués en Europe ou en Chine.
Face à cette concurrence, Miele et BSH (Siemens-Bosch) présentent des solutions « compactes » comme des tiroirs de cuisson vapeur destinés à des cuisines plus petites, y compris dans des grandes métropoles comme New York, mais l’objectif de préserver le label « Made in Germany » reste mobilisateur pour les dirigeants et les employés interrogés sur le长期 avenir du secteur.
« J’espère que la période de Noël ramènera un peu plus d’enthousiasme chez les consommateurs allemands », conclut Sigrid Klenk, résumant l’esprit des acteurs qui tentent de déployer des ripostes tout en conservant l’identité industrielle européenne.