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Le débat sur la réforme sécurité sociale Allemagne revient au premier plan à Berlin, alors que la coalition au pouvoir se montre publiquement unanime tout en affichant des divisions profondes sur les moyens de financer l’État‑providence face aux pressions démographiques et budgétaires.
Réforme sécurité sociale Allemagne : désaccords au sein du gouvernement
Le chancelier Friedrich Merz a déclaré, lors d’une conférence de presse commune tenue le week‑end dernier, qu’il souhaitait « préserver l’État‑providence mais avec la nécessité de le réformer ». La dirigeante social‑démocrate et, selon le texte fourni, « ministre du Travail et des Affaires sociales » Bérbel Bas a exprimé son accord, mais sur un ton différent.
Les tensions sont apparues clairement après les propos de M. Merz qualifiant le système de « fardeau financier insoutenable » et appelant à des « réformes radicales ». Lors d’un congrès du parti en Saxe fin août, il a estimé que « l’approche actuelle n’est plus possible » et a averti que les prochains mois seraient déterminants.
La réaction du SPD ne s’est pas fait attendre : Bérbel Bas a qualifié les affirmations de Merz de « absurdités ». Lars Klingbeil, coprésident du parti et vice‑chancelier selon le texte, a tenté d’apaiser les craintes en affirmant que « toute réduction tangible des dépenses sociales de l’État serait un manque de responsabilité », malgré la situation de dette et des caisses quasiment vides.
Parallèlement, employeurs et économistes de premier plan préviennent du risque d’effondrement des systèmes de protection sociale. Ils estiment que la focalisation sur les bénéficiaires d’aides directes est un discours démagogique : ces dépenses représentent moins de 5 % alors que retraites et santé absorbent plus de 30 % du produit intérieur brut.
« Les défis à venir sont énormes. Plus de 20 millions de personnes atteindront l’âge de la retraite au cours de la prochaine décennie, ce qui constitue un défi grave pour le financement du système », a déclaré Marcel Fratzscher, président de l’Institut de recherche sur l’économie allemande, à « Berlin‑Brandenburg ». Il a ajouté que le changement démographique et la baisse des naissances « feront peser le financement sur les générations futures », appelant à réduire les aides aux ménages à revenus élevés.
Dépenses sociales 2024 et trajectoire budgétaire jusqu’en 2029
Les dépenses de protection sociale en Allemagne ont fortement augmenté ces dernières années et représentent aujourd’hui plus de 30 % du produit intérieur brut. Les transferts du fonds des retraites ont atteint environ 408 milliards d’euros, les dépenses d’assurance maladie ont dépassé 325 milliards d’euros, et l’ensemble des dépenses sociales était d’environ 1 300 milliards d’euros en 2024.
La trajectoire budgétaire prévoit que l’emprunt net annuel au sein du budget de base pourrait atteindre 126,9 milliards d’euros d’ici 2029 ; cela s’explique en partie par l’épuisement d’un fonds spécial pour l’armée en 2028. En intégrant l’emprunt lié aux fonds spéciaux de l’État fédéral, l’emprunt total nouveau pour la législature 2025‑2029 s’élève à environ 850 milliards d’euros.
Malgré ces chiffres, des écarts de financement d’environ 172 milliards d’euros subsistent pour la période 2027‑2029, dus à des recettes inférieures aux prévisions liées au programme de stimulation de la croissance et à une réévaluation des dépenses d’intérêt. Le budget de base pourrait voir l’emprunt grimper à plus de 84 milliards d’euros cette année.
Pressions sociales et voix de la société civile
L’organisation caritative Caritas a exprimé sa crainte que le débat n’aboutisse à une impasse, en appelant à une répartition équitable entre les générations. Sa présidente, Eva Maria Fileskop‑Deva, a déclaré : « On ne peut pas faire supporter aux générations futures seules la responsabilité du financement du système de retraite actuel. »
La chercheuse sociale Kamila Mollenberg a souligné, dans un entretien cité par le texte, que « le système a besoin d’une réforme radicale garantissant la pérennité du financement, afin que l’Allemagne ne devienne pas un système capitaliste servant uniquement les riches ». Elle a jugé les revendications de l’Union chrétienne « partiellement justes, mais vagues et ouvertes à l’interprétation », en pointant la concentration du gouvernement sur les dépenses de défense et la rénovation des infrastructures sans programmes de réduction des coûts ou de réforme structurelle de l’économie.
Le « besoin d’une réforme profonde reposant sur le renforcement de l’économie, l’allègement des charges pour les citoyens, la hausse des salaires et la promotion de l’emploi tout en comblant le déficit de compétences » a été résumé par l’expert économique Holka Haischer, cité dans le texte : « L’économie est en stagnation depuis 2019, ce qui affaiblit la capacité du pays à financer son système social. »
Étapes annoncées et enjeux immédiats
En réponse aux tensions, les partis de la coalition ont mis en place des commissions chargées de formuler des propositions pour assurer la stabilité et l’équité du système de retraite, comme l’a annoncé la ministre — selon le texte — du Travail et des Affaires sociales. Elle a reconnu que les réformes pourraient alourdir la charge pour les citoyens, en affirmant : « Nous cherchons à répartir les charges de manière équitable, si elles existent. »
Elle a aussi insisté sur « la nécessité de réduire la bureaucratie qui gaspille des sommes considérables ». Les propositions des commissions et l’issue des débats internes à la coalition seront déterminantes pour la trajectoire budgétaire et sociale d’ici la fin de la législature.