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Réformes budgétaires en France : enjeux et perspectives sous Lecornu

by Sara
France

Sébastien Lecornu hérite d’une équation délicate pour la réforme budgétaire France : préparer le budget 2026 en conciliant les exigences d’économies demandées par la majorité précédente, les revendications de l’opposition et la nécessité de chercher des compromis avant l’examen parlementaire.

Lecornu et Bayrou lors de la passation à Matignon
Sébastien Lecornu et François Bayrou, lors de leur passation de pouvoir le 10 septembre à Matignon

Options chiffrées pour la réforme budgétaire France et le budget 2026

Quatre jours après sa nomination, le nouveau Premier ministre a retiré l’une des mesures les plus contestées du projet de son prédécesseur en renonçant à la suppression de deux jours fériés. Revenir sur cette mesure « exigera de trouver d’autres sources de financement », a-t-il indiqué dans une interview à la presse régionale.

Réclamant « du temps » pour préparer le projet de loi et négocier des compromis avec les différentes forces politiques, il a pour l’heure refusé de préciser des pistes concrètes, tout en laissant entrouvertes certaines options. Face à la question des montants à économiser, les positions divergent nettement :

  • 44 milliards d’euros : l’objectif initial fixé par François Bayrou, présenté comme nécessaire pour éviter une situation financière critique.
  • 24 milliards d’euros : le chiffrage estimé suffisant par Place Publique.
  • 21,7 milliards d’euros : la proposition du Parti socialiste.

Du côté des communistes, Fabien Roussel a prévenu :

« Si c’est pour passer de 44 milliards à 39 milliards d’austérité, ce n’est même pas la peine de nous appeler. »

Au sein du « socle commun », le cadrage à 44 milliards n’avait pas été contesté dans un premier temps. Mais, estimant qu’un compromis est nécessaire pour la stabilité politique et le calendrier budgétaire, le ministre démissionnaire de l’Économie Éric Lombard a reconnu le 13 septembre que « il est évident que ce cadrage doit évoluer ». La présidente de l’Assemblée nationale a ensuite évoqué la piste d’un accord autour de « 35/36 milliards » d’économies. Lecornu s’est refusé à donner un chiffre précis et a déclaré le 13 septembre :

« Ceux qui disent que le FMI est aux portes de Bercy mentent, autant que ceux qui soutiennent qu’on peut laisser la situation en l’état ».

Mesures fiscales, retraites et autres pistes budgétaires

Sur la fiscalité des plus riches, la question d’une taxe de type Zucman revient dans le débat public, mais sans consensus. Yaël Braun-Pivet juge que ce n’est « pas une bonne piste », tandis que le Premier ministre met en garde sur la nécessité de préserver « le patrimoine professionnel, car c’est ce qui permet de créer des emplois et de la croissance en France ». Il précise : « Il y a des questions de justice fiscale, de répartition de l’effort et il faut y travailler sans idéologie, j’y suis prêt ».

Les propositions varient selon les familles politiques : le Rassemblement national souhaite explorer la taxation de la spéculation, des rentes, des surdividendes et des superprofits ; à droite, Les Républicains évoquent une taxe Zucman « édulcorée ». Éric Lombard a plaidé pour une taxation ciblant « leur épargne, sur leurs actifs qui ne sont pas investis dans leur entreprise ». Le débat porte principalement sur l’assiette de la taxe, les macronistes souhaitant exclure « l’outil de production » du calcul. Un ministre a illustré l’idée : « si vous possédez LVMH et une Rolex dans votre fortune on compte la Rolex, mais pas les actions LVMH. Parce qu’on considère que c’est un outil industriel français ». La ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin travaille sur « plusieurs options » alternatives, comme « des mécanismes de lutte contre la suroptimisation fiscale ». La gauche restera vigilante à ce que le dispositif ne soit pas purement symbolique.

Sur les retraites, Lecornu renvoie la réforme à la présidentielle 2027 et exclut la relance d’un grand conclave comme sous Bayrou :

« Il n’en a jamais été question »

. Yaël Braun-Pivet partage cette ligne et souligne toutefois que des avancées sectorielles peuvent être envisagées : « En revanche il y a eu des discussions extrêmement intéressantes, des propositions faites notamment par la CFDT sur la pénibilité, sur la carrière des femmes… Là-dessus, je crois que nous pouvons avancer ». Elle cite aussi le texte sur l’emploi des seniors issu de négociations, qu’« il faut l’inscrire vite à l’ordre du jour pour pouvoir le mettre en application ». Cette approche de « petits pas » est assumée par la présidence de l’Assemblée.

D’autres éléments du budget Bayrou pourraient être modifiés : l’année blanche sur les prestations sociales fait partie des sujets à l’étude, alors que Les Républicains pourraient être prêts à des concessions. La réforme de l’assurance‑chômage, évaluée à 2 à 2,5 milliards d’euros par an, est soutenue par la députée Prisca Thévenot qui souhaite que la mesure soit reprise en l’état. La lettre de cadrage envoyée par François Bayrou fait l’objet de discussions jusqu’au 15 novembre ; Lecornu peut décider soit d’annuler ce document, soit de le conserver, ce qui maintiendrait l’obligation de poursuite des négociations entre syndicats et patronat.

Enfin, le Premier ministre a proposé « un grand acte de décentralisation », une piste absente du projet de son prédécesseur. Yaël Braun-Pivet estime que cette réforme des collectivités territoriales pourrait rapporter entre « 6 et 7 milliards d’économies par an » sans être perçue comme un simple coup de rabot. Si Lecornu veut éviter le recours au 49.3, il lui faudra trouver des compromis supplémentaires pour sécuriser le vote du budget 2026.

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source:https://www.huffingtonpost.fr/politique/article/du-budget-de-francois-bayrou-aux-pistes-de-sebastien-lecornu-ces-elements-qui-peuvent-evoluer_254801.html

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