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À bientôt 95 ans, Suzanne Beaudet tricote des prothèses mammaires en coton pour accompagner les femmes atteintes de cancer du sein ; ces prothèses en coton constituent une alternative aux modèles en silicone et sont distribuées gratuitement par l’association Les Petites Mains.
À l’approche d’Octobre Rose, Suzanne Beaudet tricote des prothèses mammaires en coton
Depuis quatre ans, la Mayennaise met sa passion du tricot au service des patientes. « Le tricot, c’est un antidote à la vieillesse », assure Suzanne Beaudet, du haut de ses 94 ans « et demi ». Bénévole pour l’association Les Petites Mains, elle fabrique des prothèses mammaires rembourrées en coton — une option plus légère et plus respirante que les prothèses en silicone.
La nonagénaire résume sa motivation simplement : « Comme je dis toujours, ça m’aide à bien vieillir, parce que je suis occupée avec du travail qui me plaît, voilà ». Elle ne ménage pas sa cadence : « Là, je viens d’en tricoter une trentaine en 15 jours. J’attends la prochaine livraison de coton ». Et quand un modèle nécessite des retouches, Suzanne ne rechigne pas : « Parfois, je suis obligée de les refaire entièrement, mais ça ne me dérange pas, je ne suis pas allergique au travail, moi ! »
Rythme de fabrication et matériel
Selon Suzanne, la présidente de l’association vient récupérer les prothèses dès qu’elles sont prêtes : « Aussitôt que mes prothèses sont faites, la présidente de l’association vient me les chercher, me rapporte 10 pelotes de coton et on repart pour une nouvelle série », confie-t-elle. L’activité consomme un volume important de matière : environ 600 pelotes par an, employées pour fabriquer les prothèses et d’autres ouvrages (chaussons, bonnets, mitaines) qu’elle offre autour d’elle.
Origines du geste et pratiques complémentaires
La passion de Suzanne pour le tricot remonte à son enfance, pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle se souvient : « C’était en 1942, j’avais douze ans et l’institutrice du village nous a demandé si quelqu’un savait tricoter une brassière pour une personne qui était dans le besoin. J’ai tout de suite levé la main et c’est moi qui l’ai fait ». Depuis, elle tricote aussi de nombreux accessoires pour sa famille et ses voisins : « Je m’amuse à faire des chaussons de nuit, des chaussons de jour, des gants, des mitaines, des bonnets, des pantoufles, un peu de tout, quoi ».
Les Petites Mains : production, distribution et chiffres
L’association Les Petites Mains, créée en 2021, coordonne un réseau d’une trentaine de tricoteuses bénévoles réparties principalement dans l’ouest de la France. Depuis 2021, Suzanne a fabriqué « des centaines de prothèses mammaires en coton », destinées aux femmes ayant subi une ablation du sein après un cancer.
Armelle Rocton, présidente de l’association Les Petites Mains, explique le mode de diffusion : « Les femmes qui en ont besoin peuvent en faire la demande sur notre site. Les prothèses leur sont ensuite envoyées, gratuitement, à leur domicile. Nous en donnons également directement dans les établissements médicaux où les prothèses sont distribuées aux patientes par les équipes, précise la présidente de l’association. C’est un choix supplémentaire qui s’offre à elles en plus que ce qui existe déjà ». Elle souligne également : « Tout est gratuit, même les frais d’envoi ».
L’association fabrique, distribue et envoie quelque 1 800 prothèses en coton par an à travers la France. Les modèles couvrent une large gamme de tailles, du bonnet A au bonnet J, et comprennent des prothèses en coton pour un usage quotidien ainsi que des prothèses en acrylique adaptées à la baignade (piscine ou mer).
Armelle Rocton précise l’utilité de cette offre : « Il y a beaucoup de femmes qui ont des prothèses en silicone mais qui les trouvent parfois trop lourdes, trop chaudes, et demandent une prothèse en coton pour pouvoir alterner, avoir le choix en fonction de ses besoins ».
L’association organise une journée solidaire contre le cancer du sein le samedi 11 octobre 2025 à Bonchamp, près de Laval (Mayenne), à l’occasion d’Octobre Rose.
Un engagement local et intergénérationnel
Pour Suzanne, le geste bénévole est à la fois personnel et collectif : il s’inscrit dans une histoire familiale et locale du travail manuel, mais répond aussi à un besoin concret des patientes. Sa pratique illustre comment des actions de proximité peuvent compléter les offres médicales et industrielles, en apportant des solutions adaptées aux contraintes du quotidien.
« C’était en 1942, j’avais douze ans et l’institutrice du village nous a demandé si quelqu’un savait tricoter une brassière pour une personne qui était dans le besoin. J’ai tout de suite levé la main et c’est moi qui l’ai fait. » — Suzanne Beaudet
À travers son engagement, Suzanne continue d’alterner création et solidarité, faisant du tricot un outil d’accompagnement pour des femmes confrontées au cancer du sein.