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La mobilisation de policiers en France accompagne, jeudi 2 octobre, une nouvelle journée de grève et de manifestation organisée par l’intersyndicale — CFDT, CGT, FO, CFE‑CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires — pour protester contre l’austérité budgétaire et exercer une pression sur le gouvernement avant la présentation du projet de budget 2026.
Mobilisation : 76 000 policiers et gendarmes déployés en France
Environ 76 000 policiers et gendarmes sont mobilisés ce jeudi sur l’ensemble du territoire, a déclaré le ministre de l’Intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau, lors d’un point presse depuis la préfecture de police de Paris. Pour la capitale, le préfet Laurent Nuñez a précisé le déploiement d’environ 5 000 policiers et gendarmes, chargés notamment de «débloquer immédiatement toute tentative de blocage, qu’il s’agisse de lycées, de dépôts de bus […] ou de routes».
M. Retailleau a donné la répartition suivante : «Cela représente sur l’ensemble du territoire national 30 000 policiers, 37 000 gendarmes et un certain nombre d’unités de forces mobiles», des CRS et des escadrons de gendarmerie mobile. Lors des précédentes journées des 10 et 18 septembre, environ 80 000 forces avaient été mobilisées.
Appels syndicaux et participation le 2 octobre
L’intersyndicale a appelé à cette nouvelle journée après les mouvements du 10 et du 18 septembre. La CGT a recensé 240 manifestations prévues sur tout le pays, contre 260 lors de la précédente mobilisation. Les syndicats appellent à des débrayages notamment dans les transports, l’éducation nationale et la fonction publique.
La secrétaire nationale des Ecologistes, présente sur les ondes ce matin, a exprimé son soutien «à toutes les personnes qui s’apprêtent à faire grève en France» et a annoncé rejoindre un cortège dans l’après‑midi. Elle a résumé la démarche : «Faire grève, ça a un coût. Nous allons combattre pour nos droits et notre dignité. Mais nous allons aussi manifester au nom de ceux qui n’ont plus la force ou plus les moyens.»
La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a défendu la tenue de cette troisième journée, malgré une mobilisation attendue en recul par rapport au 18 septembre : «C’est la première rentrée sociale, je n’en ai pas vu d’autres où il y a trois journées de grèves et de manifestation en un mois, avec des centaines de milliers de personnes dans les rues !» Elle a ajouté : «Le message, c’est de dire que les sacrifices pour le monde du travail, ça suffit. Ce que nous voulons, c’est qu’il n’y ait pas de recul pour les travailleurs : ça fait huit ans que nous passons à la caisse, on n’en peut plus !»
Interrogée sur la possibilité d’une nouvelle journée de mobilisation, Sophie Binet a précisé : «On prendra nos décisions en fonction de la copie de Sébastien Lecornu».
La CFDT, via sa secrétaire générale Marylise Léon, a assuré que «le monde du travail est très mobilisé», sur «la question du budget» et «sur la question de l’emploi et de la réforme des retraites». Elle a souligné l’importance d’«offrir ce cadre d’expression» : «Ça ne veut pas dire que la colère est moindre !» Le mot d’ordre de la CFDT pour l’après‑midi porte sur un «partage des efforts» entre les Français et l’État pour réduire la dette nationale. Une décision sur d’éventuelles nouvelles mobilisations sera prise après le discours de politique générale du Premier ministre, a‑t‑elle indiqué.
Transports, écoles et points de rendez‑vous dans plusieurs villes le 2 octobre
Les perturbations varient fortement selon les villes. La CGT a prévu de nombreuses marches et rassemblements ; à Paris le cortège partira à 14h depuis la place d’Italie (XIIIe) pour rejoindre la place Vauban (VIIe), rive gauche.
À Lyon, les TCL n’ont pas annoncé de grève générale : tramways, bus, métros et funiculaires circuleront normalement, mais «les conditions de circulation peuvent être perturbées par les manifestations», avec possibilité de fermetures de stations ou d’arrêts. À Grenoble, M Réso prévoit un réseau «fortement perturbé», en particulier le tramway et la plupart des lignes de bus.
À Marseille, la régie des transports annonce «de très faibles perturbations» : le service sera assuré à 100 % sur les deux lignes de métro et à 90 % sur les lignes de tramway, sauf la ligne T3 qui pourrait être fortement perturbée. À Toulouse, Tisséo signale des déviations, la navette aéroport et une dizaine de lignes de bus étant concernées ; les lignes A et B du métro circuleront normalement mais la station Jean‑Jaurès fermera dans l’après‑midi.
À Bordeaux, le réseau Transports Bordeaux Métropole circulera «normalement» avec des interruptions ou déviations prévues dans le centre‑ville. À Rennes, un mouvement de grève chez Star affectera de nombreuses lignes de bus et la navette du centre‑ville ne circulera pas entre 12h et 17h ; les lignes A et B du métro resteront en service. À Lille, aucune déclaration officielle d’Ilévia n’a été publiée, mais des perturbations locales sont possibles.
À Strasbourg, certaines lignes de tramway (C, E et F) et de bus seront perturbées entre 14h et 17h. À Nantes, seuls des circuits scolaires sont signalés comme non assurés. En Île‑de‑France, la circulation des métros et bus devrait être quasi normale à Paris, la ligne A du RER aussi ; en revanche les RER B, C et E sont «perturbés» et la D «très perturbée». Plusieurs lignes transversales (H, L, N, R et U) enregistrent des perturbations.
Enseignants, étudiants et revendications
La FSU‑SnuiPP, premier syndicat du primaire, estime «autour de 10 % de grévistes» dans le premier degré pour cette journée. Lors de la précédente mobilisation, le ministère de l’Éducation avait chiffré la participation à 17 % ; la FSU‑SnuiPP avait elle tablé sur 30 % le 18 septembre. Dans les collèges et lycées, la mobilisation est également attendue en recul. Des blocages et débrayages étudiants sont annoncés dans plusieurs universités, notamment Montpellier, Paris‑I, Caen, Nantes, Clermont et Rennes.
Avant cette troisième journée d’action, le Premier ministre s’est engagé à reprendre, dans le budget 2026, une mesure d’amélioration des retraites des femmes.
Points de discussion publique : impôt plancher et débat budgétaire
Parmi les revendications et thèmes débattus pendant la mobilisation figure l’idée d’un «impôt plancher» sur les très grandes fortunes portée par l’économiste Gabriel Zucman. L’éditorial de Paul Quinio, cité dans l’édition de la journée, souligne que l’idée de M. Zucman «a réussi à s’imposer dans le débat public comme le révélateur parfait du désir de justice fiscale» et que son projet de taxe pour les ultrariches est devenu «la revendication phare de la mobilisation sociale de ce jeudi». Une enquête sur Gabriel Zucman est proposée dans l’édition papier du jour.