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C’est une avancée majeure pour les patients atteints de tumeurs cancéreuses de l’estomac, de l’œsophage ou du rectum. Jusqu’à présent, les traitements palliaient rarement sans passer par des interventions lourdes, comme l’ablation de l’estomac ou de la vessie, la pose d’une poche de colostomie permanente, ou des traitements qui pouvaient compromettre la fertilité et laisser des séquelles durables. Une équipe de chercheurs du Memorial Sloan Kettering Cancer Center (MSKCC) a exploré une alternative prometteuse : l’immunothérapie, qui stimule le système immunitaire à cibler les cellules cancéreuses sans recourir à la chirurgie, la radiothérapie ou la chimiothérapie.
Que dit l’étude ?
Dans le cadre d’un essai clinique, 103 patients porteurs d’une tumeur présentant une déficience de réparation de l’ADN ont reçu dostarlimab, un anticorps monoclonal. Ces patients appartenaient au petit pourcentage susceptible de répondre à l’immunothérapie, qui aide le système immunitaire à reconnaître et attaquer les cellules cancéreuses. Parmi eux, 49 étaient atteints d’un cancer du rectum et ont vu leur tumeur disparaître complètement, sans réapparition après cinq ans de suivi.
Parmi les 54 autres patients touchés par des cancers de l’estomac, de l’œsophage, du foie ou des voies urinaires, 35 ont également connu une régression totale de leur tumeur. Les chercheurs n’en dénombrent que cinq pour lesquels la maladie est réapparue. Quatre d’entre eux sont aujourd’hui en rémission après un traitement complémentaire.
Comment fonctionne l’immunothérapie ?
Le succès réside dans la particularité des tumeurs chez certains patients: une défaillance dans la réparation des mésappariements de l’ADN. Ces tumeurs, peu courantes, ne peuvent pas corriger correctement leur matériel génétique et regorgent de protéines inhabituelles qui déclenchent une alerte du système immunitaire. En réponse, les tumeurs développent un bouclier qui bloque les attaques immunitaires. L’immunothérapie agit alors en traversant ce bouclier, permettant au système immunitaire de détruire les cellules cancéreuses sans avoir recours à la chimiothérapie, à la radiothérapie ou à la chirurgie.
Pour les chercheurs du centre MSKCC, ces résultats suggèrent que l’immunothérapie peut constituer une voie prometteuse, même sans les traitements lourds habituellement employés. « Et il est tellement logique que nous le fassions », soulignent-ils.
Une alternative à la chirurgie ?
Pour certains patients, l’immunothérapie a été miraculeuse, voire plus efficace que la chirurgie elle-même. Une patiente de 71 ans, diagnostiquée après une difficulté à déglutir, a bénéficié de l’essai clinique et a pu éviter une opération majeure et des traitements agressifs. Trois mois après la première perfusion, sa tumeur avait disparu.
Néanmoins, l’immunothérapie peut entraîner des effets secondaires, tels que fatigue, éruptions cutanées et démangeaisons. Des cas plus rares incluent des infections pulmonaires ou des encéphalites. Le coût demeure également un obstacle, avec une dose estimée autour de 11 000 dollars et neuf perfusions à réaliser sur six mois. Les critères de sélection restent stricts, l’approbation étant limitée à certains cancers, notamment ceux du rectum ou de l’utérus.
Enjeux, limites et perspectives
Ces résultats ouvrent une voie nouvelle pour traiter certaines tumeurs gastro-intestinales et urogénitales sans chirurgie lourde. Ils soulignent toutefois que l’efficacité n’est pas universelle et que des effets secondaires et un coût important se posent encore. Le potentiel de l’immunothérapie dépend fortement du profil moléculaire des tumeurs et de leur capacité à déclencher une réponse immunitaire robuste.
Dans l’avenir, les chercheurs poursuivent l’évaluation des critères de sélection et l’optimisation des protocoles pour élargir l’accès à ce type de traitement. L’objectif reste d’offrir des options durables qui préservent la qualité de vie tout en assurant des taux de rémission significatifs.