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Les trajets quotidiens, et en particulier les bouchons, impactent la santé mentale des Français. Si l’on s’en doutait, les chiffres détaillent désormais l’ampleur du phénomène, les modes de transport les plus contraignants et les populations les plus touchées.
L’Institut Terram, think tank dédié à l’étude des territoires, dévoile les résultats d’une enquête menée auprès d’un échantillon représentatif de 3 300 Français âgés de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. Le questionnaire a été administré en ligne par l’Ifop du 31 janvier au 2 février 2025.
Impact sur la santé mentale et symptômes liés aux déplacements
Parmi les répondants ayant connu des symptômes dépressifs, 41 % estiment que leurs problèmes de déplacement en sont en partie la cause, une proportion qui grimpe à 43 % pour les cas de stress, d’anxiété ou de burn-out, et à 44 % pour la prise d’antidépresseurs, allant jusqu’à 46 % pour les épisodes de colère violente.
Autrement dit, plus la distance à parcourir est importante, plus les effets sur la santé mentale se font sentir: 67 % des trajets quotidiens pèsent sur la santé au-delà de 50 km, contre seulement 19 % lorsque la distance est inférieure à 5 km. Les jeunes seraient les plus concernés.
Ruraux, urbains, même combat ?
Vivre en zone urbaine augmenterait l’impact des trajets domicile-travail sur la santé mentale, puisque 39 % des urbains déclarent une source d’anxiété liée à leurs déplacements, contre 30 % en zone rurale. Fatigue, charge mentale accrue, augmentation de la colère et de l’irritabilité seraient autant de désagréments liés à la mobilité qui concerneraient davantage les urbains que les ruraux. Les ruraux seraient quant à eux davantage impactés par le coût des transports.
L’enquête révèle en outre qu’une part importante de la population française s’estime “assignée à résidence” au vu du peu de solutions de transports adaptées : 54 % des urbains affirment structurer leur vie autour des transports (contre 47 % des ruraux), et 59 % se disent démunis face aux difficultés de transport (contre 52 % des ruraux). Tous territoires confondus, 57 % des sondés estiment que le manque de desserte limite leurs perspectives. Ce déficit de mobilité conduit 53 % des urbains et 46 % des ruraux à renoncer à certaines activités.
Marche, vélo, transports en commun : pour une mobilité moins stressante
La marche et le vélo sont plébiscités comme des modes de transports moins anxiogènes et moins stressants, par opposition à la voiture, le covoiturage, le métro et le tramway. L’enquête met également en évidence l’avantage du télétravail dans ce domaine, puisque les télétravailleurs privilégient les transports en commun comme espace-temps mobilisable, outil d’organisation du quotidien et levier de régulation mentale. En éliminant certaines contraintes (stationnement, incertitude liée au trafic), ils permettraient de réduire le stress lié aux déplacements.
Par cette étude, le think-tank Terram entend faire du mouvement une promesse de mieux-être, et faire de la mobilité non pas une variable d’ajustement mais un levier actif de bonne santé physique et mentale, de justice autant spatiale que sociale, de dignité. « Ce n’est pas seulement le territoire qu’il faut rendre accessible, mais la vie qu’il faut rendre plus habitable. » Reste aux services de transport et aux acteurs publics de s’emparer de ces chiffres pour en tirer les conclusions qui s’imposent.