Après trois années d’enquête, la justice a relaxé quatre prévus dans l’affaire d’emploi fictif liée au Canard enchaîné. Edith Vandendaele, compagne du dessinateur André Escaro, ainsi que Michel Gaillard, ancien président du Canard de 1992 à juillet 2023, et Nicolas Brimo, qui lui a succédé, ont été relaxés d’abus de biens sociaux ou recel de ce délit, de déclaration frauduleuse pour obtenir une carte de presse, de faux et usage de faux et de déclaration frauduleuse à un organisme social. Le tribunal a rappelé que l’activité contestée ne constitue pas nécessairement une infraction et que le dossier peut être poursuivi en appel, selon les avocats des parties civiles et de la défense. «Une chose et son contraire ont été soutenus à l’audience», et «ces déclarations laissent toute liberté à l’interprétation», a expliqué à l’AFP Me Pierre-Olivier Lambert, l’un des avocats des parties civiles.
Relaxes dans l’affaire Canard enchaîné: acquittement de quatre prévenus
Le parquet avait requis un an de prison avec sursis et des amendes allant de 100 000 à 150 000 euros. «Une présence morale n’est pas une présence professionnelle», avait estimé à l’audience un des représentants du ministère public. Mais pour le tribunal, «l’activité relative aux cabochons revêt une dimension matérielle et immatérielle» et est «susceptible de correspondre à la définition d’une oeuvre collective ou collaborative».
Pendant le procès, les dissensions au sein du Palmipède ont été exposées: deux clans se sont affrontés et se sont constitués partie civile, d’un côté Christophe Nobili et six actionnaires minoritaires qui réclamaient le remboursement du préjudice, évalué à près de 1,5 million d’euros, de l’autre la direction actuelle reprochant aux premiers d’avoir sali la réputation du titre. Pour la défense, «le désaveu est cinglant et total. Cette décision rappelle que la justice se rend dans les tribunaux et non sur les plateaux de télévision ou autres médias», a ajouté Me Jérémie Assous.
Ce qu’implique le verdict et les suites possibles
Lors du jugement, le tribunal a également évoqué que l’activité autour des cabochons pouvait être considérée comme une œuvre collective ou collaborative, ce qui aménage une certaine flexibilité dans l’évaluation des responsabilités. Le dossier n’a pas tranché sur tous les aspects et les avocats indiquent que l’affaire peut encore connaître des rebondissements en appel. Le Canard enchaîné et ses parties civiles restent en litige sur le préjudice financier, tandis que la direction et les auteurs du papier humoristique auront à cœur de clarifier les contours de leur collaboration.