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Nord de Gaza : retour périlleux, destructions et pénurie d’eau

by Sara
Palestine, Israël

Au nord de Gaza, des civils retournent chez eux après le cessez-le-feu, mais ils trouvent des quartiers ravagés, des puits asséchés et une sécurité précaire. Les retours sont périlleux : tirs, drones surveillant en permanence et pénuries d’eau obligent de nombreuses familles à vivre dans des conditions extrêmes tout en refusant de quitter leurs terres.

Retour périlleux à Jabalia

À l’extrême bord du camp de Jabalia, à quelques dizaines de mètres du « ligne jaune », Najat Abu Seif vit dans les décombres de sa maison. Elle est revenue immédiatement après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu et affirme qu’elle ne pourra pas vivre ailleurs, même si le camp est détruit.

Sa vie quotidienne reste extrêmement risquée : les petits drones israéliens survolent sans cesse la zone et peuvent changer la situation en un instant. En outre, l’acheminement des camions-citernes est gravement perturbé par la crainte d’être pris pour cible.

Pour se procurer de l’eau, Najat parcourt près d’un kilomètre jusqu’à un point d’approvisionnement, transportant des seaux à la main plusieurs fois par jour. Malgré la souffrance, elle répète avec détermination qu’elle ne fuira pas à nouveau.

Najat Abu Seif dans sa maison détruite, allant chercher de l'eau à distance

Destructions généralisées et accès entravé

Le trajet vers la province nord ressemble à une ville de ruines : maisons effondrées, rues coupées et tirs sporadiques en arrière-plan. Depuis le cessez-le-feu du 11 octobre, seuls quelques habitants sont revenus, confrontés à des conditions de vie dangereuses et précaires.

Parmi les principaux problèmes signalés par les résidents :

  • absence de sécurité et tirs continus depuis les positions israéliennes proches de la ligne jaune ;
  • infrastructures détruites (maisons, routes, puits et réseaux d’assainissement) ;
  • accès limité aux services essentiels et aux marchés.

Selon Ismaïl Thawabta, directeur du bureau médiatique du gouvernement à Gaza, depuis le début du cessez-le-feu 240 Palestiniens ont été tués et 607 blessés dans la région nord.

Maisons, infrastructures et puits détruits dans le nord de Gaza

Vies fragmentées et pénurie d’eau

De nombreux retours se font individuellement : Ibrahim Al-Ar, par exemple, est revenu seul dans sa maison partiellement détruite, tandis que sa femme et ses enfants restent dans le sud par crainte de la situation sur place.

Le manque d’eau motive souvent ces séparations familiales. Les camions-citernes s’arrêtent peu de temps et repartent vite par peur d’être ciblés, ce qui empêche les habitants de remplir suffisamment de réserves. Ibrahim doit parcourir des kilomètres pour trouver des biens de première nécessité.

La rareté d’eau se traduit par des files d’attente, des trajets répétitifs vers des points d’approvisionnement et un épuisement physique pour des personnes parfois âgées ou fragiles.

Camion d'eau arrivant dans le nord de Gaza après plusieurs jours d'absence

« La guerre n’est pas finie », disent les habitants

À Beit Lahia, la situation ne diffère guère de celle de Jabalia : destruction étendue et absence d’un calme durable. Les habitants affirment se réveiller chaque jour au bruit d’explosions et de tirs, remettant en question l’effectivité du cessez-le-feu.

Temâdour Tanbura témoigne que la peur et les opérations de surveillance permanentes rendent le retour dangereux, même si beaucoup tiennent à rester sur leurs terres malgré les maisons détruites et les bulldozers qui retournent les terrains.

Les problèmes quotidiens vont au-delà de la sécurité : il est difficile d’obtenir de l’eau potable, les secours et l’évacuation des blessés sont compliqués par l’absence d’ambulances disponibles, et la mobilité est largement entravée.

Un habitant démolit le toit de sa maison pour récupérer des effets avant l'hiver

Une région sinistrée selon la municipalité

Saadi Ad-Dabbour, directeur des relations et des médias à la municipalité de Jabalia, décrit le nord de Gaza comme une zone sinistrée. La municipalité couvre environ 18 km² et comprend quatre secteurs principaux : la ville de Jabalia, le camp de Jabalia, la zone de Nazla et la zone ouest.

Les trois premiers secteurs sont déclarés entièrement détruits, tandis que la zone ouest est endommagée à près de 70 %. Les puits, les réseaux d’assainissement et les rues ont été anéantis, et les équipements municipaux sont hors d’usage.

Conséquences observées :

  • eau disponible en très faible quantité et puits hors service ;
  • accumulation des déchets provoquant des nuisances sanitaires ;
  • impossibilité de circulation et d’installation de campements temporaires à grande échelle.

La combinaison de la destruction matérielle, du manque d’eau et de l’insécurité maintient la population entre la soif et le risque permanent.

Vue d'une zone du nord de Gaza gravement endommagée, selon la municipalité

source:https://www.aljazeera.net/politics/2025/11/5/%d8%a7%d9%84%d8%ac%d8%b2%d9%8a%d8%b1%d8%a9-%d9%86%d8%aa-%d8%aa%d9%86%d9%82%d9%84-%d9%85%d8%b4%d8%a7%d9%87%d8%af-%d8%a7%d9%84%d8%af%d9%85%d8%a7%d8%b1

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