La méta-analyse récente publiée dans l’American Journal of Clinical Nutrition s’intéresse aux résultats contradictoires des études sur les risques de la viande rouge pour la santé cardiovasculaire et invite à considérer l’influence des financements et des lobbies. Elle distingue les travaux financés par l’industrie et ceux qui n’ont pas de conflit d’intérêts. Selon les auteurs, les résultats varient selon la provenance du financement et des affiliations des chercheurs. Cette approche vise à comprendre pourquoi certaines études montrent des effets bénéfiques ou neutres alors que d’autres indiquent un risque accru. Elle confirme l’importance de mieux dissocier les sources de financement lors de l’interprétation des résultats.
En outre, l’analyse révèle que les études liées à l’industrie de la viande rouge et celles indépendantes présentent des tendances différentes en matière d’effet sur la santé cardiovasculaire. Pour les chercheurs, ces biais de financement peuvent influencer la façon dont les résultats sont interprétés par le public et les décideurs. Cette distinction éclaire les débats publics et invite à une lecture plus critique des résultats publiés. L’étude souligne l’importance d’une transparence renforcée sur les conflits d’intérêts dans la recherche nutritionnelle.
Méthodologie et périmètre de la méta-analyse
Pour chaque étude analysée, les participants avaient été invités à réduire leur consommation de viande rouge pendant une période définie et avaient subi des examens pour évaluer leur santé cardiovasculaire. Sur 44 études examinées, 29 ont été classées comme liées à l’industrie de la viande rouge et 15 comme indépendantes vis-à-vis de cette industrie. Parmi les 29 études liées, 6 ont montré un impact positif de la viande rouge sur la santé cardiovasculaire et 23 étaient neutres, sans verdict clair.
Parmi les 15 études indépendantes, 11 ont conclu à un risque cardiovasculaire lié à la consommation de viande rouge et 4 à une conclusion neutre. Ces résultats suggèrent une divergence notable entre les études financées par l’industrie et celles sans conflit d’intérêts, renforçant l’idée que le financement peut influencer les conclusions rapportées dans le domaine de la nutrition et de la cardiologie.
Impact sur la confiance dans la science et les financements
Sur le réseau social LinkedIn, Laura A. Schmidt, professeure à la faculté de médecine de l’Université de Californie à San Francisco, s’est félicitée de cette étude et a souligné les biais de financement dans la recherche nutritionnelle. Elle rappelle que ces biais peuvent sapper la confiance du public dans la science et retarder les progrès dans ce domaine. Selon elle, il est crucial de regrouper et d’évaluer systématiquement les conflits d’intérêts afin de mieux comprendre les résultats publiés et de guider les décisions en matière de santé publique.
« Enfin ! Une équipe de chercheurs espagnols a réalisé une méta-étude modélisant les biais de financement de l’industrie dans la recherche sur les effets de la viande rouge sur la santé. Ils ont constaté que si un essai clinique est financé par l’Association des éleveurs de bovins ou un groupement professionnel apparenté de l’industrie de la viande, il est quatre fois plus susceptible de conclure à des effets positifs ou bénins de la viande rouge sur le risque de maladies cardiovasculaires », a-t-elle écrit, partageant le lien de la méta-analyse. « De tels biais de financement sapent la confiance du public dans la science de la nutrition et retardent les progrès scientifiques dans ce domaine. » Schmidt estime qu’il est « grand temps » que la science de la nutrition soit financée par les États plutôt que par l’industrie alimentaire, pour éviter ce type de résultats.