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Rapport : conditions critiques des prisonniers palestiniens

by Sara
Palestine, Israël

Un rapport du Bureau du défenseur public israélien révèle une détérioration grave des conditions de détention des prisonniers palestiniens depuis le 7 octobre 2023. Publié par le bureau relevant du ministère de la Justice et relayé par le Wall Street Journal, le document dresse un constat alarmant sur la surpopulation, la faim et les violences quasi quotidiennes dans plusieurs centres pénitentiaires.

Constat et portée de l’audit

Le rapport couvre l’année 2023 et 2024 et qualifie la situation d’« une des crises de détention les plus graves connues en Israël ». Les conclusions reposent sur des visites menées par une équipe d’avocats dans des dizaines de centres gérés par l’administration pénitentiaire.

Les visites ont concerné huit établissements retenus pour la détention de prisonniers palestiniens, au cours desquelles les avocats ont interrogé des détenus et inspecté leur environnement. Il s’agit de la première autorisation depuis le début du conflit permettant l’accès à plusieurs sites, après qu’en 2023 l’équipe n’avait pu visiter qu’un seul établissement.

Pour plus d’informations contextuelles sur l’État concerné, voir Israël : https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2010/12/15/%D8%A5%D8%B3%D8%B1%D8%A7%D8%A6%D9%8A%D9%84.

Conditions matérielles et sanitaires

Le rapport décrit des symptômes généralisés de malnutrition et de détérioration physique chez les détenus. Beaucoup présentent une perte de poids marquée, des épisodes d’évanouissement et une faiblesse corporelle sévère.

Les enquêteurs ont relevé plusieurs problèmes récurrents :

  • privation intermittente d’accès à l’eau potable ;
  • pénurie importante de produits d’hygiène ;
  • propagation étendue de la gale, qualifiée d’« épidémie » durant la guerre ;
  • fourniture alimentaire et soins médicaux jugés insuffisants.

Ces éléments apparaissent au cœur des critiques sur les conditions détention prisonniers palestiniens formulées par le rapport.

Surpopulation et espace vital

Les avocats ont constaté une surpopulation étouffante, avec une majorité de détenus disposant de moins de 3 mètres carrés d’espace de vie. Les observations montrent une promiscuité extrême et des conditions de couchage inadaptées.

Par exemple, en mai 2024, la prison de Ketziot fonctionnait à environ deux fois sa capacité nominale : les cellules accueillaient entre 9 et 12 détenus, et la moitié d’entre eux dormaient à même le sol.

Violences et accès aux soins

Le rapport accuse des agents pénitentiaires d’exercer une violence sévère et souvent injustifiée contre des détenus palestiniens. Ces violences surviendraient lors des fouilles, des transferts internes et des déplacements vers les tribunaux.

Les avocats ont également signalé des cas de privation de soins médicaux nécessaires, y compris pour des maladies chroniques. Le refus ou le retard de traitement apparaît comme une cause fréquente d’aggravation de l’état de santé des détenus.

Accès du Croissant-Rouge et restrictions de visite

Depuis le 7 octobre 2023, l’administration pénitentiaire a interdit aux prisonniers palestiniens les visites du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), une mesure qualifiée par le rapport de violation du droit international. L’argument avancé a été la réciprocité, en raison de l’impossibilité alléguée de visites aux Israéliens détenus par le Hamas.

Cette suspension a limité le contrôle extérieur des conditions de détention et réduit les possibilités d’assistance humanitaire aux personnes emprisonnées.

Réactions officielles et améliorations partielles

L’administration pénitentiaire a expliqué que la surpopulation résultait de l’arrestation de milliers de Palestiniens depuis le début du conflit et a affirmé le respect, par son personnel, des obligations légales. Elle n’a toutefois pas commenté en détail les allégations de faim, de violences et d’autres violations.

Le bureau ayant conduit les visites a informé directement la direction des prisons des lacunes constatées, ce qui a entraîné des améliorations partielles :

  • meilleur accès à l’eau et aux produits d’hygiène ;
  • amélioration légère de la qualité de la nourriture ;
  • accès médical légèrement renforcé dans certains cas.

Malgré ces changements, le rapport précise que « les conditions des détenus classés “sécurité” restent très difficiles ». Aucune réponse n’a été obtenue du ministère de la Sécurité nationale dirigé par Itamar Ben-Gvir au moment du signalement.

Bilan des décès et enquêtes en cours

Un rapport antérieur d’une organisation médicale a documenté la mort de 98 Palestiniens en détention israélienne depuis octobre 2023, un chiffre sans précédent pour cette organisation. Parmi ces décès, 46 se seraient produits dans des établissements de l’administration pénitentiaire et 52 dans des installations militaires.

Les autorités compétentes ont indiqué que ces décès font l’objet d’examens. Par ailleurs, un document cité par le Wall Street Journal, émanant de la direction du Shin Bet en juin 2024, mettait en garde contre un risque de violation du droit international lié aux conditions de détention, et appelait à des changements immédiats.

Témoignages et analyses externes

Qadura Fares, ancien ministre chargé des affaires des prisonniers, a déclaré à Al Jazeera Net que le rapport ne reflète qu’une « fraction » des réalités horribles vécues dans les prisons. Il a décrit une « guerre de représailles » contre les détenus depuis le début du conflit, entraînant des dizaines de décès, des milliers de blessés et une large propagation des maladies.

Selon Fares, les autopsies réalisées sur certains corps indiqueraient des causes de mort liées à la torture, à la faim, à la maladie ou à la négligence médicale, ce qui, pour lui, implique la responsabilité de plusieurs institutions et pose la question de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.

Situation actuelle et suites possibles

Le rapport du Bureau du défenseur public met en lumière une crise durable des conditions de détention qui soulève des préoccupations juridiques et humanitaires. Les constats d’insalubrité, de surpopulation, de malnutrition et de violences répétées appellent des réponses institutionnelles plus robustes.

Alors que certaines améliorations mineures ont été signalées, les observations indiquent que la situation détention prisonniers palestiniens reste critique et que des mesures supplémentaires sont nécessaires pour respecter les obligations en matière de droits humains et de droit international humanitaire.

source:https://www.aljazeera.net/news/2025/12/4/%d8%aa%d9%82%d8%b1%d9%8a%d8%b1-%d9%8a%d9%83%d8%b4%d9%81-%d8%aa%d8%af%d9%87%d9%88%d8%b1%d8%a7-%d8%ba%d9%8a%d8%b1-%d9%85%d8%b3%d8%a8%d9%88%d9%82-%d9%81%d9%8a-%d8%a3%d9%88%d8%b6%d8%a7%d8%b9

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