Table of Contents
Gianni Infantino a remis vendredi le tout premier «FIFA Peace Prize» au président des États-Unis, Donald Trump, déclenchant une vive polémique sur la prétendue neutralité politique de la FIFA et la pertinence d’un tel prix. L’annonce survient moins de 24 heures après une nouvelle frappe aérienne meurtrière attribuée à l’administration Trump dans les Caraïbes, renforçant les critiques.
Remise du prix et allocutions
En présentant la récompense, Infantino a loué les initiatives diplomatiques de Trump, notamment les accords dits d’Abraham, qu’il a décrits comme des avancées pour la paix entre Israël et certains États arabes.
Infantino a déclaré : «C’est ce que nous attendons d’un dirigeant : quelqu’un qui se soucie des peuples. Nous voulons vivre dans un monde sûr… Nous voulons nous unir, et c’est ce que nous faisons aujourd’hui.»
Trump a qualifié cette distinction de l’une des «grandes marques d’honneur» qu’il a reçues et a réitéré ses affirmations selon lesquelles sa présidence aurait sauvé des millions de vies et mis fin à des conflits. Il a aussi profité de son intervention pour critiquer brièvement le bilan de son prédécesseur démocrate.
Pour rappel, Trump avait déjà visé le prix Nobel de la paix plus tôt cette année (voir le suivi du Nobel : https://www.aljazeera.com/news/liveblog/2025/10/10/nobel-peace-prize-2025-2).
Réactions et condamnations
La remise du prix a suscité une condamnation immédiate de la part d’ONG et d’anciens responsables internationaux. Craig Mokhiber, ancien fonctionnaire de l’ONU, a qualifié la remise à Trump de «véritable développement honteux». Il a accusé Infantino et ses alliés de créer ce prix pour se concilier le dirigeant républicain.
Les critiques ont souligné le mauvais timing : la décoration est intervenue moins de 24 heures après une frappe américaine dans les Caraïbes qui a fait des victimes (https://www.aljazeera.com/news/2025/12/5/us-military-kills-four-in-latest-strike-on-boat-in-the-caribbean).
Human Rights Watch a également dénoncé la décision, estimant que le bilan en matière de droits humains de l’administration américaine ne correspond pas à une «action exceptionnelle pour la paix et l’unité».
Remise en cause de la neutralité sportive
Infantino avait auparavant mis en garde contre l’instrumentalisation du football à des fins politiques, affirmant en 2023 que le sport devait rester politiquement neutre et protéger ses valeurs. Cette remise de prix marque pour beaucoup un revirement marqué par rapport à ces déclarations.
Les critiques rappellent aussi que Trump a tenu récemment des propos insultants envers des populations, comme des remarques visant des personnes originaires de Somalie (https://www.aljazeera.com/news/2025/12/3/ilhan-omar-denounces-donald-trump-for-calling-somali-immigrants-garbage), ce qui rend le choix de la FIFA d’autant plus controversé.
Sur les réseaux sociaux, des observateurs ont ironisé sur la remise du prix, comparant la situation à offrir à Luis Suárez un prix pour «ne pas mordre», en référence à ses antécédents sur le terrain (https://www.aljazeera.com/sports/2014/8/19/i-wont-bite-anymore-says-suarez).
Contexte diplomatique et lien avec la Coupe du Monde
La relation entre Infantino et Trump s’est renforcée alors que les États-Unis s’apprêtent à co-organiser la prochaine Coupe du Monde avec le Mexique et le Canada. Infantino a été un invité fréquent à la Maison Blanche et a participé en octobre à une cérémonie liée à la trêve pour Gaza en Égypte.
Plusieurs observateurs estiment que ces liens personnels et institutionnels expliquent en partie la décision de créer et d’attribuer ce nouveau prix.
Le bilan international et national de Donald Trump
Les défenseurs des droits et de la paix ont pointé plusieurs éléments du bilan de Trump, jugeant qu’ils ne cadrent pas avec l’idée d’un «prix pour la paix» :
- Accords diplomatiques : Trump a facilité certains accords entre États, tel le rapprochement entre le Rwanda et la République démocratique du Congo (https://www.aljazeera.com/news/2025/12/4/trump-hails-great-day-for-the-world-as-drc-rwanda-finalise-peace-deal).
- Opérations militaires : l’administration a ordonné des frappes, dont une en juin visant des installations nucléaires iraniennes, et a intensifié les capacités militaires dans plusieurs régions.
- Actions dans l’hémisphère occidental : l’exécutif aurait mené de nombreuses frappes contre des navires accusés de trafic de drogue, provoquant des dizaines de morts et suscitant des critiques juridiques (https://www.aljazeera.com/news/2025/12/5/five-key-takeaways-from-trumps-national-security).
- Pression sur l’Amérique latine : accumulation d’actifs militaires près du Venezuela, alimentant des spéculations sur une possible intervention.
- Politique intérieure : renforcement des mesures anti-immigration avec des détentions et des tentatives d’expulsion ciblant des non‑citoyens, parfois pour des prises de position politiques (https://www.aljazeera.com/news/2025/12/3/trump-plans-crackdown-on-somali-communities-in-minnesota-what-we-know ; https://www.aljazeera.com/news/2025/6/20/us-judge-orders-release-of-palestine-advocate-mahmoud-khalil).
Ces éléments ont conduit des ONG et des partis politiques à estimer que le «prix FIFA à Trump» est incompatible avec la défense des droits humains et des valeurs de paix.
Appels au retrait du prix
Face aux protestations, certains demandent le retrait immédiat de la distinction. Mokhiber a qualifié le prix de «vulgaire» et a appelé la FIFA à revenir sur sa décision.
Il a résumé l’accusation en soulignant que si les règles de la FIFA interdisent de jouer sur un terrain boueux, elles ne devraient assurément pas l’autoriser sur «un terrain ensanglanté» — image utilisée pour dénoncer la direction prise par Infantino et l’organisation.