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Brésil : des milliers manifestent contre les féminicides

by Sara
Brésil

Des dizaines de milliers de personnes ont défilé dimanche dans plusieurs villes du Brésil, dont Rio de Janeiro et São Paulo, pour dénoncer les féminicides au Brésil, les viols et la misogynie. Femmes de tous âges — accompagnées de certains hommes — ont occupé les rues pour exiger des mesures concrètes et une meilleure protection des femmes.

Les manifestations interviennent après une série d’affaires très médiatisées qui ont profondément choqué l’opinion publique et relancé le débat sur l’efficacité des lois et des politiques de prévention. Les manifestantes réclament des changements législatifs et des protocoles pour éviter la répétition de ces crimes.

Manifestations dans plusieurs villes

À Rio de Janeiro, des dizaines de croix noires ont été plantées dans plusieurs lieux publics, symbolisant les victimes. D’autres manifestantes portaient des autocollants portant des messages tels que « le machisme tue ».

À São Paulo, les slogans scandaient « Arrêtez de nous tuer » tandis que de nombreuses pancartes affichaient « Assez de féminicides ». Sur l’avenue Paulista, des citoyens ont exprimé leur colère et leur demande de justice face à l’escalade de la violence.

Cas récents qui ont déclenché la colère

Plusieurs affaires récentes ont servi de déclencheur aux mobilisations. Parmi elles :

  • Le 28 novembre à São Paulo, Taynara Souza Santos a été renversée par son ex-petit ami puis traînée sur environ un kilomètre ; ses blessures ont été si graves que ses jambes ont dû être amputées.
  • Le 21 novembre à Florianópolis, Catarina Kasten, enseignante d’anglais, a été agressée, violée et étranglée sur un sentier près d’une plage alors qu’elle se rendait à une leçon de natation.
  • Le 28 novembre, la sœur d’Alline de Souza Pedrotti a été tuée par un collègue masculin, un drame motivé, selon la famille, par le refus du meurtrier d’accepter d’avoir des supérieures féminines.

Des vidéos de certains incidents ont circulé massivement sur les réseaux sociaux, alimentant l’indignation et la mobilisation sociale.

Témoignages et attentes

Alline de Souza Pedrotti, présente à Copacabana, a expliqué qu’elle était « anéantie » mais déterminée : « Je me bats à travers la douleur, et je ne m’arrêterai pas. Je veux des changements dans la législation et de nouveaux protocoles pour prévenir ce type de crime. »

Isabela Pontes, sur l’avenue Paulista, a estimé que ces affaires étaient « la goutte d’eau » après de nombreuses violences subies ou observées. Elle a affirmé être venue pour faire entendre la voix des victimes.

Joao Pedro Cordao, père de trois filles, a appelé les hommes à soutenir activement les femmes en dénonçant la misogynie au quotidien, pas seulement lors des manifestations.

Contexte légal et chiffres

Il y a dix ans, le Brésil a adopté une loi reconnaissant le crime de féminicide, défini comme la mort d’une femme dans la sphère domestique ou en raison du mépris envers les femmes. Cette qualification visait à renforcer la répression et la prévention de ces crimes.

Pourtant, selon le Fórum Brasileiro de Segurança Pública (Forum brésilien sur la sécurité publique), 1 492 femmes ont été victimes de féminicide l’année dernière — le chiffre le plus élevé depuis l’entrée en vigueur de la loi en 2015.

Juliana Martins, experte en violences de genre et responsable des relations institutionnelles au Forum, a souligné non seulement une augmentation des chiffres, mais aussi une intensification et une cruauté accrues des actes. Elle a noté que les transformations sociales en faveur de l’égalité entraînent parfois des réactions violentes destinées à réaffirmer la subordination des femmes.

Réactions et responsabilités

À Rio, Lizete de Paula, 79 ans, a estimé que la période où l’ancien président Jair Bolsonaro était au pouvoir avait pu renforcer les hommes haineux envers les femmes, en affaiblissant les politiques publiques dédiées aux droits des femmes. Selon elle, l’entrée croissante des femmes dans de nouveaux espaces provoque une résistance violente de la part de certains hommes.

Des voix au sein de la société civile appellent à des actions concrètes : renforcement des dispositifs de protection, amélioration des procédures judiciaires, campagnes d’éducation contre la misogynie et formation des forces de l’ordre aux violences de genre.

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source:https://www.aljazeera.com/news/2025/12/8/stop-killing-us-huge-crowds-rally-in-brazil-decrying-rise-in-femicide

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