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Le cheikh d’Al-Azhar, Ahmed al-Tayeb, a dénoncé lundi l’ampleur «intolérable» de l’injustice subie par la Palestine, estimant qu’il n’existe plus de position neutre face aux violences actuelles et qu’il manque une volonté internationale réelle pour mettre en œuvre une solution à deux États.
Réactions d’Al-Azhar
La déclaration a été faite lors d’une rencontre entre le chef d’Al-Azhar et l’ambassadeur d’Italie au Caire, Agostino Palizzi, au siège de l’institution religieuse. Selon le communiqué d’Al-Azhar, Ahmed al-Tayeb a souligné que la question palestinienne dépasse le simple débat politique et relève d’une tragédie humanitaire qui impose une prise de position.
Il a notamment insisté sur le caractère inacceptable des massacres et du sang versé, en particulier la mort d’enfants, affirmant qu’on ne peut plus rester indifférent. Pour lui, l’alternative est claire : être opposé à ces crimes ou en être complice par silence.
Al-Azhar a par ailleurs qualifié l’offensive israélienne de «massacre» plutôt que de conflit classique, dénonçant l’utilisation d’armements puissants contre une population désarmée.
La solution à deux États en question
Le cheikh a rappelé que l’idée d’une solution à deux États est évoquée depuis plus d’un quart de siècle, sans qu’une volonté internationale dominante ne permette sa réalisation. Il a interrogé les obstacles persistants, notant que de nombreuses promesses et déclarations internationales semblent n’avoir été que des manœuvres plutôt que de véritables engagements.
En juillet dernier, un sommet consacré à la solution à deux États s’est tenu à New York sous l’égide de l’Arabie Saoudite et de la France, avec une forte représentation internationale et la présence de la délégation palestinienne, tandis que les États-Unis étaient absents. L’objectif affiché était de soutenir la reconnaissance internationale d’un État palestinien.
Bilan humain et conséquences
Selon les bilans avancés par les autorités palestiniennes et des estimations internationales, le conflit a fait des dizaines de milliers de victimes et des dégâts considérables aux infrastructures civiles. Les chiffres rapportés indiquent environ 71 000 morts palestiniens et plus de 171 000 blessés depuis le déclenchement des hostilités le 8 octobre 2023, conflit qualifié par certains acteurs de «guerre d’extermination» et évoquant un soutien politique à certains procédés militaires.
Par ailleurs, près de 90 % des infrastructures civiles auraient été endommagées ou détruites, et l’ONU a évalué le coût de la reconstruction à près de 70 milliards de dollars. Ces pertes renforcent, selon Al-Azhar, l’urgence d’une mobilisation internationale effective pour protéger les civils et œuvrer à une résolution juste du conflit.
Appel moral et politique
Face à cette situation, Al-Azhar a lancé un appel implicite aux décideurs et aux sociétés civiles pour qu’ils prennent position et agissent en faveur d’une solution durable. Le cheikh Ahmed al-Tayeb a insisté sur la responsabilité morale de la communauté internationale et sur la nécessité d’arrêter les violences qui frappent la population palestinienne.
À ses yeux, la crédibilité des engagements internationaux se mesure désormais à leur capacité à traduire les paroles en actes concrets pour mettre fin à ce qu’il qualifie d’injustice insupportable.