Accueil ActualitéInternationalCrise politique en Irak : enjeux et implications des nouvelles alliances parlementaires

Crise politique en Irak : enjeux et implications des nouvelles alliances parlementaires

par Marie
Irak

Le nouveau Parlement irakien a tenu sa séance inaugurale ce lundi, marquant le début d’une période d’incertitude majeure à Bagdad. Alors que le Premier ministre sortant Mohammed Shia al-Sudani tente de conserver son poste malgré des pouvoirs réduits par la justice, la montée en puissance des factions armées pro-iraniennes au sein de l’hémicycle fait craindre une nouvelle crise politique en Irak aux répercussions internationales.

Un Premier ministre sous tutelle judiciaire

La question de la nomination du prochain chef du gouvernement est au cœur des préoccupations, en particulier pour l’actuel Premier ministre, Mohammed Shia al-Sudani. Ce dernier a vu sa marge de manœuvre considérablement réduite en novembre par la Cour suprême fédérale, reléguant son administration au rang de gouvernement intérimaire.

M. al-Sudani espérait capitaliser sur la période post-électorale pour consolider une base politique indépendante. Sa liste électorale, la Coalition pour la Reconstruction et le Développement (RDC), a remporté un succès notable avec environ 46 sièges sur 329. Cependant, les décisions de la Cour l’ont contraint à revenir vers le Cadre de coordination chiite (SCF), l’alliance qui l’avait initialement nommé il y a quatre ans.

Désormais privé de l’avantage stratégique de sa victoire électorale, il se retrouve tributaire des décisions du leadership du SCF, composé en grande partie de courtiers du pouvoir opérant en dehors du Parlement.

L’ascension inédite des factions armées

Le défi majeur pour le Cadre de coordination, qu’il choisisse de reconduire al-Sudani ou de nommer un nouveau candidat, réside dans la gestion du nouvel équilibre des forces. Les partis chiites traditionnels perdent du terrain au profit de formations disposant de bras armés. Le SCF contrôle environ 180 députés, mais parmi eux, 80 à 90 appartiennent à des factions proches de l’Iran, dont beaucoup sont sous sanctions américaines. En 2021, ce groupe ne détenait que 17 sièges.

Au sein même du bloc d’al-Sudani, l’influence des milices est palpable : 10 sièges sont allés au chef des Forces de mobilisation populaire (Hachd al-Chaabi), Faleh al-Fayyad, et huit au ministre du Travail Ahmed al-Asadi, dirigeant des brigades Jund al-Imam. Cette présence accrue de groupes anti-occidentaux inquiète non seulement les chancelleries étrangères, mais aussi une partie de la population chiite hostile à l’ingérence iranienne.

Tensions diplomatiques et menace de sanctions américaines

Cette configuration place l’Irak sur une trajectoire de collision potentielle avec l’Union européenne, les États du Golfe et surtout les États-Unis. Selon le ministre irakien des Affaires étrangères, Fuad Hussein, Washington a déjà fait savoir qu’il n’accepterait pas que ces factions, opérant souvent comme des entités étatiques parallèles, occupent des postes gouvernementaux.

Jusqu’à présent, les États-Unis appliquaient une politique de « non-engagement » avec les officiels liés aux milices. L’étendue de leur représentation dans le prochain cabinet déterminera la réaction de la Maison Blanche. La crainte majeure à Bagdad est que Washington ne se limite plus à des sanctions individuelles, mais escalade vers des mesures paralysantes pour l’État, comme le ciblage de l’Organisation de commercialisation du pétrole (SOMO) ou la restriction de l’accès aux fonds de la Réserve fédérale.

Un processus de formation complexe

Le protocole de la muhasasa (système de quotas communautaires) dicte les prochaines étapes : l’élection d’un président du Parlement sunnite, suivie de celle d’un président de la République kurde, qui désignera ensuite le candidat du plus grand bloc chiite comme Premier ministre.

Si la justice irakienne a ratifié les résultats rapidement et exhorté au respect du délai constitutionnel de 90 jours, l’histoire récente incite à la prudence. En 2021, la formation du gouvernement avait pris plus de 300 jours. L’influence de l’Iran, traditionnellement médiateur des consensus chiites, est aujourd’hui remise en question par ses propres difficultés économiques et géopolitiques, ajoutant une couche d’imprévisibilité à cette séquence politique cruciale.

Source: https://trinidadtribune.com/who-really-won-iraqs-elections/

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