Home ActualitéAnnalena Baerbock : De la politique allemande à l’ONU sous haute tension

Annalena Baerbock : De la politique allemande à l’ONU sous haute tension

by Sara
Allemagne, États-Unis, Syrie, Ukraine, Chine, Israël, Palestine

Annalena Baerbock occupe désormais la présidence de la 80e session de l’Assemblée générale des Nations unies, un poste obtenu malgré de vives critiques en Allemagne et sur la scène internationale.

Son élection a surpris beaucoup d’observateurs, qui ont vu dans sa candidature une décision controversée de Berlin, au détriment d’une diplomate allemande de carrière.

Jeunesse et formation

Annalena Baerbock est née en 1980 à Hanovre. Elle est la fille d’un travailleur social et d’une ingénieure employés dans une entreprise américaine de systèmes de contrôle des véhicules.

La famille a vécu à Nuremberg avant de s’installer à Hanovre, où Baerbock a grandi dans une ferme ancienne que la famille a rénovée.

Dès l’enfance, elle a participé aux manifestations anti-guerre et anti-nucléaire soutenues par le parti écologiste.

Parcours professionnel

Baerbock a commencé sa carrière comme journaliste, travaillant pour le quotidien Hannoversche Allgemeine Zeitung entre 2000 et 2003.

Elle a complété des stages au Norddeutscher Rundfunk, à l’agence de presse allemande (DPA) et au Conseil de l’Europe.

  • Licence en sciences politiques et droit public, université de Hambourg (2004).
  • Master en droit international, London School of Economics.
  • Master en droit international public et poursuite d’un doctorat à l’université libre de Berlin.

Entrée en politique et responsabilités au sein des Verts

Elle a été élue au parlement régional du Brandebourg entre 2009 et 2013, puis députée au Bundestag à partir de 2013.

De 2018 à 2022, Annalena Baerbock a présidé le parti des Verts allemands et a été la candidate du parti à la chancellerie, sans succès.

Accusations et controverses internes

Son parcours public a été marqué par des polémiques : en 2021, son livre publié sous le titre « Maintenant… comment renouveler notre pays » a suscité des accusations de plagiat.

Parallèlement, des incohérences relevées dans sa biographie ont provoqué une large couverture médiatique et des remous dans l’opinion publique allemande.

Images — moments publics

Annalena Baerbock pendant le débat général de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations unies, New York, 23 septembre 2025.

Annalena Baerbock en conversation à Berlin, mars 2025.

Visite surprise d'Annalena Baerbock à Damas, janvier 2025.

Ministre des Affaires étrangères : positions et actions

Après les élections fédérales de 2021, le parti des Verts est entré dans la coalition « feu tricolore » dirigée par Olaf Scholz, et Baerbock a été nommée ministre des Affaires étrangères.

Sa politique a généralement suivi la ligne gouvernementale allemande, mais elle s’est distinguée par des prises de position très affirmées sur plusieurs crises internationales.

  • Soutien aux efforts de la Pologne pour fermer le flux migratoire depuis la Biélorussie.
  • Refus d’un paiement supplémentaire d’indemnités de la Seconde Guerre mondiale à la Pologne.
  • Alerte sur la situation en Afghanistan, qu’elle a qualifiée de risque de « pire catastrophe humanitaire de notre époque ».
  • Engagement pour l’évacuation de plus de 15 000 Afghans « exposés au danger ».
  • Rejet des revendications turques sur certaines îles de la mer Égée et mise en garde contre une offensive turque qui profiterait aux jihadistes.

Sur la guerre en Ukraine, elle a d’abord refusé l’envoi d’armes allemandes à Kiev, puis, lors d’une troisième visite en 2023, a déclaré : « Nous menons une guerre contre la Russie, pas les uns contre les autres », provoquant des critiques de la droite.

Elle a aussi appelé la Chine à prendre position clairement sur le conflit russo‑ukrainien, affirmant que « la neutralité revient à se ranger du côté de l’agresseur », et a qualifié Xi Jinping, comme Vladimir Poutine, de « dictateur » lors d’échanges diplomatiques tendus.

Début 2025, elle a effectué une visite officielle à Damas avec son homologue français Jean-Noël Barrot pour rencontrer Ahmed al-Sharaa, au lendemain de l’effondrement du régime précédent.

Déclarations sur Gaza et fortes réactions

Pendant la guerre israélo-palestinienne, Baerbock a exprimé son soutien au « droit d’Israël à la légitime défense » lors d’une visite à Tel‑Aviv en novembre 2023.

Elle a refusé un arrêt total des combats, plaidant toutefois pour des « pauses humanitaires » permettant l’acheminement d’aide vers les civils de Gaza.

En octobre 2024, ses propos devant le Bundestag ont déclenché une onde de choc : elle a affirmé que « les lieux civils perdent leur protection » lorsque des combattants de Hamas se cachent derrière la population, ajoutant que le droit d’Israël à la défense « inclut le bombardement de sites civils à Gaza ».

Ces déclarations ont été perçues par ses détracteurs comme une justification des attaques contre des infrastructures civiles et ont suscité des accusations selon lesquelles elles exposeraient la population civile à des risques de massacres.

Élection à la présidence de l’Assemblée générale et réactions

En juin, malgré les controverses, Annalena Baerbock a été élue présidente de la 80e session de l’Assemblée générale des Nations unies.

Lors d’un vote secret, exigé par la Russie, elle a obtenu 167 voix sur 193. Elle a démissionné de son siège au Bundestag immédiatement après son élection.

Sa candidature inattendue a écarté Helga Schmid, diplomate allemande très respectée, initialement pressentie pour le poste, ce qui a provoqué des critiques en Allemagne.

Christoph Heusgen, ancien président de la Conférence de Munich sur la sécurité, a qualifié ce remplacement d’« inacceptable » en raison de l’expérience et du profil différent des deux candidates.

Prise de fonctions à l’ONU : équilibre et enjeux

Face aux médias, Baerbock a alterné entre dénégation et affirmation concernant ses propos passés. D’abord, elle a nié certaines formulations, puis, depuis la tribune des Nations unies, elle a déclaré ne pas voir d’erreur dans ses positions antérieures.

Lors de sa première session officielle, elle a néanmoins appelé à ne pas ignorer la détresse des civils : citant le cas de Hind Rajab et évoquant des enfants de Gaza terrorisés depuis plus de 700 jours, elle a réclamé un cessez‑le‑feu immédiat, inconditionnel et permanent.

Sa déclaration a tenté de concilier compassion pour toutes les victimes, en mentionnant à la fois la fillette palestinienne et un enfant israélien, tout en rappelant sa position antérieure de soutien à la sécurité d’Israël.

Le rôle de président de l’Assemblée générale exigera de nombreuses rencontres et négociations en coulisses sur des dossiers sensibles. Baerbock exercera cette fonction pendant un an, période qui coïncide avec l’élection d’un nouveau secrétaire général des Nations unies en 2026.

Points clés

  • Annalena Baerbock, figure-clé des Verts allemands, occupe désormais la présidence de la 80e session de l’Assemblée générale de l’ONU.
  • Son parcours mêle journalisme, formation juridique internationale et engagement politique au plus haut niveau.
  • Sa carrière a été marquée par des polémiques : accusations de plagiat et incohérences biographiques.
  • En tant que ministre, elle a pris des positions nettes sur l’Afghanistan, la Turquie, la Chine et la guerre en Ukraine.
  • Ses déclarations sur Gaza ont suscité de fortes critiques, mais n’ont pas empêché son élection à New York.

source:https://www.aljazeera.net/politics/2025/9/24/%d8%b1%d8%ad%d9%84%d8%a9-%d9%85%d8%ab%d9%8a%d8%b1%d8%a9-%d9%84%d9%84%d8%ac%d8%af%d9%84-%d9%85%d9%86-%d8%a7%d9%84%d8%a8%d9%88%d9%86%d8%af%d8%b3%d8%aa%d8%a7%d8%ba

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