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L’Australie imposera, à partir du 10 décembre, une interdiction d’accès aux réseaux sociaux pour les enfants de moins de 16 ans, une mesure qui vise à renforcer la sécurité en ligne des mineurs. La liste des plateformes visées inclut désormais Reddit et la plateforme de livestreaming Kick, en plus de sept services déjà ciblés par la législation. Cette décision s’inscrit dans un mouvement national pour limiter l’exposition des jeunes aux mécanismes des réseaux sociaux.
Plateformes visées et calendrier
Le ministre des Communications, Anika Wells, a précisé que l’interdiction prendra effet le 10 décembre. Les plateformes concernées sont :
- Kick
- Snapchat
- Threads
- TikTok
- X (anciennement Twitter)
- YouTube
Anika Wells a déclaré : « Les plateformes en ligne utilisent la technologie pour cibler les enfants avec un contrôle glaçant. Nous leur demandons simplement d’utiliser cette même technologie pour protéger les enfants en ligne. »
Elle a ajouté qu’elle s’était entretenue avec plusieurs plateformes le mois précédent afin qu’elles comprennent qu’il n’y a « aucune excuse » pour ne pas appliquer la loi.
Préparation et réactions
Les plateformes disposent d’un délai de 12 mois pour se préparer à l’interdiction, depuis l’adoption en novembre dernier de la loi sur la sécurité en ligne. Texte de référence : https://www.aljazeera.com/news/2024/11/28/australia-passes-legislation-banning-under-16s-from-social-media
La mesure a suscité des critiques : plus de 140 universitaires australiens et internationaux ont signé une lettre ouverte au Premier ministre Anthony Albanese l’an passé, qualifiant la limite d’âge d’« instrument brutal ». Le débat est suivi de près à l’étranger par des pays inquiets des effets des plateformes sur les jeunes. Voir le contexte politique : https://www.aljazeera.com/news/2024/11/7/australian-pm-anthony-albanese-wants-ban-on-social-media-for-under-16s
Julie Inman Grant, commissaire à la sécurité en ligne (eSafety Commissioner), a défendu la démarche en soulignant que retarder l’accès des enfants aux comptes sociaux leur donne du temps précieux pour grandir à l’abri des forces invisibles des conceptions nocives des plateformes.
Évaluation de l’impact et suivi
La commissaire Julie Inman Grant a indiqué qu’elle travaillera avec des chercheurs pour évaluer les effets de l’interdiction. Les points d’étude incluront :
- Les modifications des habitudes de sommeil des enfants
- Les changements dans les interactions sociales
- L’augmentation éventuelle de l’activité physique
Elle a également précisé que l’équipe recherchera des conséquences non intentionnelles et rassemblera des preuves pour que d’autres pays puissent tirer des enseignements de l’expérience australienne.
Application et sanctions
Des questions subsistent quant à l’application pratique de la mesure. Le gouvernement reconnaît qu’il est difficile d’imposer la vérification d’âge si les utilisateurs ne sont pas « contraints » de fournir une pièce d’identité gouvernementale, selon une fiche d’information officielle.
Les discussions avec les plateformes sont en cours pour définir les modalités de conformité. Le non-respect de la réglementation pourrait entraîner des amendes civiles importantes, pouvant atteindre 49,5 millions de dollars australiens (environ 32,1 millions de dollars US).
Enquête en France sur TikTok
L’annonce australienne intervenait alors que les autorités françaises ont ouvert une enquête concernant TikTok et le risque que son algorithme pousse des jeunes vers le suicide. La procureure de Paris, Laure Beccuau, a expliqué que la procédure faisait suite à la demande d’une commission parlementaire d’ouvrir une enquête pénale sur la possible mise en danger de la vie des utilisateurs mineurs.
Le rapport de la commission pointait « une modération insuffisante de TikTok, sa facilité d’accès par les mineurs et son algorithme sophistiqué, qui pourrait pousser des personnes vulnérables vers le suicide en les enfermant rapidement dans une boucle de contenus dédiés ». TikTok n’a pas immédiatement répondu aux sollicitations.
L’unité de cybercriminalité de la police de Paris examinera notamment :
- l’infraction de mise à disposition d’une plateforme pour « la propagande en faveur de produits, objets ou méthodes recommandés comme moyens de se suicider » (peine maximale : trois ans de prison)
- l’infraction liée à l’« aide à des transactions illégales par un gang organisé » (peine possible : dix ans de prison et une amende d’un million d’euros)
TikTok, propriété du groupe chinois ByteDance, compte plus de 1,5 milliard d’utilisateurs dans le monde et fait l’objet de vives critiques en Europe et aux États-Unis concernant la diffusion de contenus incitant au suicide, à l’automutilation, ou promouvant une image corporelle malsaine, ainsi que son potentiel d’ingérence politique étrangère.
En septembre, un porte-parole de TikTok a déclaré à l’AFP que la société « rejette catégoriquement » la présentation faite par des députés français, estimant qu’on en faisait un « bouc émissaire » de problèmes sociétaux plus larges.
Articles recommandés
Pour approfondir, voir :
- Zohran Mamdani élu maire de New York : https://www.aljazeera.com/news/2025/11/5/zohran-mamdani-elected-as-new-york-mayor-in-historic-win
- Crash d’un avion cargo UPS à Louisville : https://www.aljazeera.com/news/2025/11/5/at-least-three-killed-in-ups-cargo-plane-crash-at-louisville-airport-in-us
- Perturbations en Belgique causées par des drones non identifiés : https://www.aljazeera.com/news/2025/11/5/belgian-airports-disrupted-by-unidentified-drone-flights
- Nouvelle frappe américaine en mer Pacifique : https://www.aljazeera.com/news/2025/11/5/us-kills-two-more-people-in-latest-strike-on-vessel-in-the-pacific