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En juillet 2023, la Turquie a enregistré une baisse notable du nombre de touristes étrangers, un signal d’alerte pour le secteur. Le pays a accueilli 6,97 millions de visiteurs étrangers, soit une diminution de 5% par rapport à la même période l’an dernier. Ce recul, le premier observé pour un mois de juillet depuis l’été 2020, soulève des inquiétudes quant à l’impact sur le compte courant et les réserves en devises.
Données clés et évolution
Les chiffres publiés par le ministère turc de la Culture et du Tourisme montrent une contraction de l’afflux touristique au moment où la saison estivale est cruciale pour les recettes en devises.
- -5% du nombre de visiteurs étrangers en juillet 2023 (6,97 millions).
- Première baisse enregistrée pour un mois de juillet depuis 2020, au plus fort de la pandémie.
- -2,1% pour le cumul des sept premiers mois de l’année par rapport à la même période de l’an passé.
Ces données renforcent les craintes sur la capacité du tourisme à réduire le déficit du compte courant à court terme.
Vue sur le terrain : Göreme, Cappadoce
Vue aérienne de Göreme en Cappadoce, où les célèbres « hôtels troglodytes » et formations rocheuses attirent habituellement de nombreux visiteurs. La baisse des arrivées étrangères suscite une inquiétude croissante parmi les acteurs locaux.
Pressions et répercussions économiques
Le tourisme d’été représente une part importante des recettes en devises qui contribuent à réduire le déficit du compte courant. Des analystes, dont ceux de Goldman Sachs, suivent de près les revenus touristiques en raison de leur effet direct sur la balance des paiements.
Dans une note publiée le mois précédent, ces experts ont estimé que leur prévision d’un déficit courant de 1,9% du PIB en 2025 intègre déjà l’hypothèse d’un ralentissement de la croissance du nombre de touristes, conséquence des hausses de prix constatées ces dernières années.
La force de la livre turque
Plusieurs médias, dont Bloomberg, ont souligné que l’appréciation relative de la livre turque l’an dernier a réduit l’attractivité prix du pays pour les visiteurs étrangers. Cette trajectoire s’inscrit dans une stratégie de « valorisation réelle » défendue par les autorités monétaires.
La banque centrale a mené une politique monétaire plus stricte afin de contenir une inflation annuelle élevée (autour de 33,5%), ce qui a freiné la dépréciation de la livre. Mais cette relative vigueur monétaire a pénalisé les exportations et alimenté le sentiment, chez certains résidents, que la monnaie est « surévaluée » par rapport au coût de la vie.
Prix élevés dans les destinations touristiques
Des professionnels du tourisme dénoncent l’augmentation des tarifs pratiqués dans certaines stations. Murad Aqbal, président d’une société opérant à Marmaris, pointe du doigt les prix des restaurants et boutiques qui, selon lui, dissuadent les visiteurs.
Il déclare que « si un touriste paie 35 dollars pour quelques boulettes et 20 dollars pour une pizza, cela se répercute sur l’ensemble du secteur et sur l’image du pays ». Il appelle les autorités à renforcer les contrôles sur les prix dans les zones touristiques.
Ces tensions tarifaires expliquent en partie le recul des arrivées et sont identifiées comme un frein potentiel à la relance durable du tourisme.
Perspectives et objectifs officiels
Malgré la baisse des arrivées, les autorités restent ambitieuses. Le ministre du Tourisme, Mehmet Ersoy, a réaffirmé le mois dernier que la Turquie vise toujours des recettes touristiques de 64 milliards de dollars en 2025.
Il a insisté sur le fait que cet objectif « demeure » malgré les défis, soulignant la volonté du gouvernement de soutenir le secteur face aux pressions sur les prix et à l’évolution monétaire.