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En ce mois de mai, les maisons de ventes aux enchères Spink, David Feldman et Cérès Philatélie proposent des pièces de collection philatéliques d’exception, dont certaines affichent des estimations à cinq ou six chiffres. Ces enchères mettent en lumière des lettres rares et des timbres prestigieux de France et du monde entier, tout en restant accessibles, avec par exemple une lettre signée par Napoléon Bonaparte proposée à un prix relativement modeste.
Un marché philatélique dynamique malgré un recul du nombre d’adhérents
Les ventes aux enchères demeurent un indicateur fiable de la santé de la philatélie. Le nombre et la qualité des enchères actuelles témoignent d’un marché toujours vivant, bien que la Fédération des associations philatéliques européennes (FEPA) note un déclin important des adhésions en Europe. Entre 2013 et 2024, le nombre d’associations a chuté de 37,97 %, tandis que le nombre de membres a diminué de près de moitié, passant de 190 674 à 95 354.
En France, les associations fédérées au sein de la Fédération française des associations philatéliques (FFAP) sont passées de 630 à 550, avec une baisse des membres de 30 000 à 16 500. Malgré cette baisse, la FEPA encourage les fédérations à renforcer leur présence numérique pour inverser cette tendance déclinante.
Les enchères françaises : de la lettre classique aux pièces rares
Après les ventes de printemps des maisons La Postale Philatélie, Behr et Le Timbre Classique, Cérès Philatélie organise une vente sur offres, clôturée le 20 mai, regroupant plus de 5 000 lots.
Quelques pièces phares
Parmi les pièces remarquables :
- Une lettre de Sarlat datée du 3 janvier 1849 affranchie d’un 20 centimes noir sur jaune type « Cérès », estimée à 7 500 €.
- Une lettre à destination de Moissac portant un 20 centimes noir sur jaune oblitéré par la double barre en croix de La Magistère (11 janvier 1849), une oblitération extrêmement rare, proposée à 25 000 €.
- Un bloc de six 5 francs « Empire » gris-violet non dentelé, coin de feuille, mis à prix à 35 000 €.
Des collections du XIXe siècle comme la « Romar », avec ses types « Sage », sont également présentées : un bloc de quatre du 75 centimes rose à 10 000 €, une bande de cinq 1 centime noir sur bleu de Prusse de 1881 à 25 000 €, ou encore un 25 centimes outremer de 1876 à 7 500 €.
Une soixantaine de courriers transportés par ballons montés durant le siège de Paris (1870-1871) proposent des estimations entre 150 € et 6 000 €, dont un pli provenant du sac accidenté du « Ville d’Orléans » en Norvège, estimé à 800 €.
Focus sur les timbres du XXe siècle et les ex-colonies françaises
Les timbres du XXe siècle ne sont pas en reste. Une bande Citex célébrant le centenaire du timbre-poste (1849-1949) est proposée à partir de 3 000 €, tandis qu’un bloc « Marianne » de Dulac légendé « Libération de Paris 25.8.44 » atteint 4 200 €.
Les épreuves d’artistes autographiées, signées Decaris, Gandon, Piel, Béquet ou Lacaque, oscillent entre 40 et 500 €, tandis qu’une maquette au crayon pour un projet de « Marianne » non émis, signée Cyril de La Patellière, démarre à 100 €.
Les ex-colonies françaises et territoires d’outre-mer présentent aussi des pièces remarquables, notamment :
- Une feuille du 20 francs « Albatros à sourcils noirs » datée du 17 novembre 1967, estimée à 2 750 € (Terres australes et antarctiques françaises).
Valeurs remarquables d’Andorre, Falkland et Suisse
Parmi les pièces internationales, on distingue :
- Un journal affranchi d’une bande de cinq du 5 centimes vert « Empire Franc » dentelé (1862) au départ de Yokohama, oblitéré le 12 mai 1874, estimé à 5 000 €.
- Une lettre avec un timbre « Cérès » 40 centimes orange (1870) et une paire du 80 centimes rose (1872) au départ de Cavalle (Turquie) pour Cospoli, estimée à 6 000 €.
Enchères à Londres chez Spink
Spink organise deux sessions les 13 et 14 mai à Londres, avec notamment :
- Une lettre de Berbice en Guyane britannique (3 novembre 1851) pour Demerara, estimée entre 117 600 € et 176 500 €.
- Une paire de 4 cents noir sur papier magenta de 1856, émission provisoire oblitérée à Demerara, estimée entre 11 760 € et 17 650 €.
- Un défaut de dentelure d’une paire de 4 cents violet ardoise de 1934, estimé entre 4 700 € et 7 050 €.
En complément, la vente du 14 mai traitera d’envois du monde entier, avec des pièces rares comme :
- Un 20 centimes outremer non émis d’Andorre estimé entre 8 230 € et 11 760 €.
- Un bloc de neuf timbres d’Australie (1915-1918) surchargés « SPECIMEN », estimé entre 9 400 € et 11 760 €.
- Une lettre des Falkland (1878) pour Londres avec cachet rouge, estimée entre 11 760 € et 17 650 €.
- Une erreur d’impression d’un timbre des Falkland représentant le mauvais navire, estimée entre 29 400 € et 35 300 €.
Les grandes enchères David Feldman en Suisse
Du 26 mai au 1er juin, la maison David Feldman organise une série de neuf ventes aux enchères à Chavannes-de-Bogis, en Suisse, couvrant un large éventail de collections internationales, dont la France, l’Autriche, la Suisse, le Brésil, le Royaume-Uni, l’Inde, l’Égypte et les ex-colonies françaises.
Un aperçu des pièces françaises
Le 27 mai, parmi les lots français, une lettre de 1800 signée de la main autographe de Napoléon Bonaparte en tant que premier consul, adressée par Marie-Louise Dupuy de Certain sollicitant une pension après la mort de son mari le général Marbot, est estimée entre 1 200 et 1 500 €.
Une lettre affranchie d’un 20 centimes noir « Cérès », annulé par une grille rouge de Thiaucourt (Meurthe-et-Moselle) datant du 20 janvier 1849, est estimée à 6 000-8 000 €.
Une lettre recommandée du 21 octobre 1850, affranchie d’un 25 centimes bleu foncé « Cérès » et d’un 1 franc carmin foncé, est proposée entre 30 000 et 45 000 €.
Une lettre de Pointe-à-Pitre pour Paris, avec bande de cinq exemplaires du 1 franc carmin « Cérès », est évaluée entre 15 000 et 20 000 €.
Les estimations atteignent jusqu’à 80 000 € pour certains 1 franc vermillon, tandis qu’une paire neuve du 10 centimes bistre Napoléon « Présidence », coin de feuille, est attendue entre 46 000 et 70 000 €.
Une rare utilisation du 1 centime noir sur bleu de Prusse au type « Sage », oblitéré en rouge sur un imprimé de 1880, représente la première date connue de circulation de ce timbre mythique, estimée entre 22 000 et 35 000 €.
Des ballons montés exceptionnels de la guerre franco-prussienne, estimés de 70 000 à 100 000 €, figurent également parmi les pièces maîtresses, notamment celui transporté par « Le Ville d’Orléans » à destination de Panama.
Curiosités et pièces récentes de la philatélie française
Les timbres du XXe siècle proposent des raretés telles que les 50 essais de couleur du 60 centimes « Jeu d’échecs » (1966), estimés entre 4 200 et 6 500 €, ainsi qu’un lot peu courant de neuf bobines entières de 500 timbres neufs « Marianne » de Beaujard, Ciappa et Kawena (2011-2013), évalué à 2 000-2 800 €.
Un bloc de quatre de la « Marianne » de Dulac non émis (1944), avec une faciale à 1,50 franc au lieu de 2,40 francs, est estimé entre 24 000 et 35 000 €.
Les timbres plus récents ont des valeurs plus modestes, sauf pour certaines variétés et curiosités. Par exemple, une bande de cinq du 5 francs « Alberto Magnelli. Virginia » présente une variété où la couleur noire s’efface progressivement, avec une estimation de 3 000 à 5 000 €.
Les ex-colonies françaises à l’honneur
Le 28 mai, la vente David Feldman consacrée aux ex-colonies françaises présentera des pièces de choix, notamment :
- Un timbre 2 centimes lilas-brun sur gris « Alphée Dubois » de 1885, surchargé « 5 SPM » à l’endroit, timbre neuf sans gomme, estimé entre 45 000 et 60 000 € (Saint-Pierre-et-Miquelon).
- Un ensemble de sept épreuves de la série « Orphelins » (1919) de Monaco, chacune avec mention « bon à tirer » datée du 5 juillet 1919 et signée, évalué entre 28 000 et 40 000 €.
Les enchères internationales à venir
David Feldman tiendra également plusieurs ventes réparties du 26 mai au 1er juin, incluant des catalogues sur :
- L’Autriche
- L’Europe (de l’Autriche au Portugal)
- La Suisse
- Le Brésil
- L’Empire britannique
- La Grande-Bretagne
- L’Inde et anciens États indiens
- La Grèce et les îles Ioniennes, ainsi que les Jeux olympiques de 1896
- L’Égypte
- Le monde entier, incluant des pièces d’aérophilatélie et d’astrophilatélie
L’estimation cumulative de dix-sept pièces importantes dépasse 813 000 €, illustrant la qualité et la rareté des objets proposés. Parmi les lots remarquables :
- Un 12 kreuzer autrichien non émis de 1850, estimé entre 106 900 € et 160 400 €.
- Une lettre quadricolore du Panama pour la France, avec affranchissements mixtes, estimée entre 15 000 et 20 000 francs suisses (environ 15 350 à 20 460 €).
- Une bande de trois timbres belges à l’effigie de Léopold II (1869) estimée à 22 000-30 000 €.
- Un exemplaire rare de Toscane (anciens États italiens), 3 lires ocre-jaune (1860), estimé entre 120 000 et 200 000 €.
Quelques autres pièces majeures
Parmi les autres pièces phares, on note :
- Une lettre de l’Île Maurice pour Batavia (1859) avec timbres « Lapirot », estimée entre 28 250 et 35 300 €.
- Un pli recommandé du Cap de Bonne-Espérance (1864) pour Leyde (Pays-Bas), estimé entre 75 880 et 99 220 €.
- Un bloc de huit « Black Penny » de Grande-Bretagne (1840), estimé à 87 500-99 220 €.
- Une paire de lettres avec « two pence blue » coupé verticalement en deux (1841), estimée entre 111 000 et 128 000 € pour l’ensemble.
- Une paire tête-bêche neuve de 40 roupies bleues d’Inde portugaise, estimation entre 9 400 et 14 100 €.
Philatélie aérospatiale et pièces historiques
Les dernières journées de la vente David Feldman mettront en vedette des pièces d’aérophilatélie et d’astrophilatélie, comme des plis transportés par la mission Apollo XV jusqu’à la Lune en 1971, signés par les astronautes, estimés entre 5 770 et 7 700 €.
Une enveloppe historique transportée en Inde par l’aviateur français Marc Pourpe en 1914, peu avant sa mort, est aussi présentée, ainsi que des autographes de grands noms de l’espace français et international.
Un marché mondial pour la philatélie
Les enchères de mai et début juin révèlent un marché philatélique riche et varié, où se côtoient des pièces rares de toutes époques et provenances, avec des estimations s’étendant de quelques centaines à plusieurs centaines de milliers d’euros. Qu’il s’agisse de lettres classiques, de timbres d’exception ou de documents d’histoire, la philatélie continue d’attirer les passionnés et collectionneurs du monde entier.