Home ActualitéBusinessEconomie et financeHausse du prix de l’or au Maroc : les femmes choisissent des alternatives

Hausse du prix de l’or au Maroc : les femmes choisissent des alternatives

by Sara
Maroc

Au Maroc, la demande en or se réorganise sous l’effet d’une hausse soutenue des prix du métal jaune, tant localement qu’à l’international. Les Marocaines se retrouvent face à un dilemme : concilier l’attachement culturel aux bijoux en or et une capacité d’achat en recul. Cette nouvelle donne modifie les comportements d’achat, en particulier pour les préparatifs de mariage et les occasions sociales.

Le gramme d’or brut 18 carats s’est élevé la première semaine d’août à 780 dirhams (78 dollars). Après frais de fabrication et droits de douane, le prix de vente atteint environ 880 dirhams (88 dollars) le gramme, exerçant une pression directe sur le pouvoir d’achat.

Augmentation inédite des prix

Sur les vingt derniers mois, le prix de l’or a augmenté d’environ 30 %, une progression qualifiée de « non précé-dente » par des professionnels du secteur au Maroc.

Cette hausse ne s’explique pas uniquement par les fluctuations internationales. Des facteurs locaux pèsent aussi, notamment des problèmes dans les chaînes d’approvisionnement et l’absence de points de vente officiels de matière première. Ces lacunes poussent les artisans à recycler l’ancien or, ce qui renchérit encore le coût.

Hussein Akram, vice-président de l’Association marocaine des bijoux et des orfèvres, rappelle que « si l’or brut se négocie à 720 dirhams sur les marchés mondiaux, il se vend autour de 780 dirhams au Maroc ; ajoutés à la fabrication et aux droits, les prix augmentent davantage ».

Chaînes en acier inoxydable proposées comme alternative à l'or

Les alternatives métalliques, comme des chaînes en acier inoxydable, gagnent en popularité auprès des consommatrices à budget limité.

Bijoux et réserve de valeur

La hausse des prix a deux effets opposés sur le marché :

  • Beaucoup de clientes renoncent à l’achat, faute de moyens compatibles avec les nouveaux tarifs.
  • D’autres considèrent l’or comme une réserve de valeur et un investissement, achetant maintenant par crainte d’une nouvelle hausse.

La formule populaire « l’or, c’est bijou et trésor » résume bien cette double perception. De plus en plus de femmes surveillent quotidiennement les cours locaux et internationaux et choisissent d’acheter du métal pur, simple et sans pierres, dont la revente conserve mieux la valeur.

Solutions imposées par les circonstances

Pour les ménages aux revenus modestes et moyens, le port de bijoux en or lors des cérémonies reste une tradition, mais les modalités d’acquisition évoluent.

Le système de paiement échelonné, courant par le passé, est devenu difficile à maintenir. Les artisans et bijoutiers proposent désormais une alternative : la cliente dépose un montant chez le vendeur comme forme d’épargne. Une fois la somme atteinte, elle achète la pièce au prix en vigueur à ce moment-là.

Parallèlement, la demande de « l’hamizat » — l’or d’occasion — s’est accentuée. Ces pièces vendues à un prix inférieur aux créations neuves conservent toutefois la valeur intrinsèque du métal et séduisent notamment pour les cadeaux de fiançailles et les équipements de mariage.

À Témara, dans la boutique familiale d’Imane Sallawi, l’activité illustre ces tendances :

  • La clientèle est plus restreinte, surtout chez la classe moyenne et les Marocains de la diaspora qui auparavant achetaient en été.
  • Les futurs époux privilégient désormais un anneau ou un bijou léger (chaîne, bracelet) plutôt qu’un ensemble complet, afin d’affecter l’épargne au mariage et à l’équipement du foyer.
  • Le prix d’un anneau de mariage courant se situe généralement entre 2000 et 3700 dirhams (200–370 dollars).

Bagues en or du magasin d'Imane Sallawi à Témara

Certaines clientes achètent progressivement des pièces (par exemple un bracelet sur trois achetés séparément) pour étaler la dépense et finir le parure plus tard.

Alternatives au métal jaune

Face à la flambée des prix, les substituts se multiplient, notamment des bijoux plaqués or fabriqués en acier inoxydable. Ces pièces imitent l’éclat de l’or tout en restant abordables.

Au centre commercial « Johara » à Rabat, Adam Tranquille présente des collections de « substituts d’or » très prisées des ménages à revenus limités :

  • Matériaux résistants à l’eau, au parfum et à la transpiration, ce qui préserve la couleur et l’éclat.
  • Prix généralement compris entre 100 et 200 dirhams (10–20 dollars), selon la finesse du design.
  • Des modèles inspirés des tendances vues dans les bijouteries traditionnelles, certains portant la dénomination « AG » pour indiquer une qualité de finition supérieure.

Ces alternatives connaissent une forte diffusion sur les réseaux sociaux, où vendeurs et créateurs proposent des designs modernes à moindre coût. Les habitudes sociales et les rites liés au mariage s’ajustent progressivement à ce nouvel équilibre économique, en attendant un éventuel retour à des prix plus favorables.

source:https://www.aljazeera.net/ebusiness/2025/8/18/gold-prices-morocco-women-alternatives

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