Table of Contents
Dans un contexte régional marqué par de nombreux défis économiques et énergétiques, la Syrie fait face à une pénurie énergétique aggravée par des années de guerre et les sanctions internationales. Cette situation critique nécessite des solutions durables pour relancer l’économie, garantir un approvisionnement stable en électricité et favoriser la stabilité sociale.
Dans cette dynamique, une initiative stratégique qatarie propose de transférer du gaz naturel vers la Syrie en passant par la Jordanie, une démarche qui s’inscrit à la fois dans une logique économique, politique et stratégique. Ce projet vise à répondre à une partie des besoins énergétiques vitaux de la Syrie, tout en renforçant la coopération régionale.
Une position géostratégique clé pour la Jordanie
Le Qatar, riche de l’une des plus grandes réserves mondiales de gaz naturel, souhaite étendre son influence en tant que fournisseur principal de gaz. La Jordanie, quant à elle, occupe un rôle de passerelle géographique cruciale entre le Golfe et le Levant, bénéficiant d’infrastructures solides, notamment le gazoduc arabe qui relie l’Égypte au Liban en traversant la Jordanie et la Syrie.
Face au déficit énergétique sévère dont souffre la Syrie, l’acheminement du gaz qatari via la Jordanie représente une opportunité exceptionnelle pour stabiliser et renforcer le secteur énergétique syrien. Cette collaboration régionale promet de remodeler la carte économique et énergétique du Moyen-Orient.
Une coopération renforcée entre Doha et Damas
La récente visite du ministre syrien des Affaires étrangères, Asaad Chaibani, à Doha a marqué un tournant diplomatique et économique. Cette rencontre a donné lieu à des accords importants, notamment sur la fourniture de gaz qatari à la Syrie en transit par la Jordanie, ainsi que sur une collaboration accrue dans les secteurs du pétrole et du gaz, avec la planification de réunions techniques avec des entreprises internationales spécialisées.
Le ministre syrien a qualifié le Qatar de « partenaire fiable », soulignant ainsi la confiance croissante entre les deux pays et leur engagement à élargir leur coordination bilatérale, en particulier dans le domaine énergétique.
La Jordanie, un acteur incontournable doté d’infrastructures avancées
La Jordanie joue un rôle majeur dans ce projet, profitant notamment de sa station flottante de regazéification située à Aqaba, appelée « Golar Eskimo », avec une capacité de stockage de 160 000 mètres cubes de gaz naturel liquéfié. Cette installation est essentielle pour recevoir le gaz qatari, le regazéifier puis le transférer vers la Syrie via le gazoduc arabe.
Salih Al-Kharabsheh, ministre jordanien de l’Énergie, a précisé que cet accord ne s’inscrivait pas dans une logique commerciale classique, mais constituait une aide vitale destinée au peuple syrien en soutenant l’alimentation en énergie électrique d’une centrale située dans le sud de la Syrie.
Bénéfices concrets pour les trois pays impliqués
Le docteur Amer Al-Shoubaki, expert jordanien en énergie, explique que la Syrie souffre d’un déficit majeur en gaz, pétrole et électricité. Il indique que la contribution qatarie via le Fonds de développement du Qatar vise à améliorer significativement les conditions de vie des Syriens grâce à un meilleur approvisionnement énergétique.
- Le projet permettra d’alimenter jusqu’à 400 mégawatts d’électricité par jour en phase initiale, avec une montée progressive de la production à la centrale de Deir Ali, dans le sud syrien.
- Le territoire syrien bénéficiera quotidiennement de deux millions de mètres cubes de gaz, augmentant la disponibilité d’électricité entre 2 à 4 heures supplémentaires par jour.
- Cette amélioration se traduira par un impact positif sur les services essentiels, le soutien des secteurs économiques clés et pourrait encourager le retour des réfugiés syriens.
Pour la Jordanie, les avantages économiques sont multiples :
- Optimisation de l’utilisation de sa station flottante à Aqaba, dont le coût annuel est d’environ 55 millions de dinars jordaniens (77 millions USD).
- Perception de revenus grâce aux frais de transit du gaz via son territoire.
- Valorisation de son réseau de gazoducs reliant le sud au nord, jusqu’à la frontière syrienne.
Du côté qatari, ce projet accroît son importance régionale en assurant un rôle stratégique de fournisseur d’énergie vers un marché syrien en pleine reprise.
Impact énergétique et social en Syrie
La Syrie, fortement touchée par la destruction de ses infrastructures électriques et la pénurie d’énergie, subit des coupures de courant fréquentes, souvent limitées à deux ou trois heures par jour. Le gaz qatari acheminé permettra d’accroître la production électrique dans plusieurs régions-clés :
- La capitale, Damas, ainsi que la banlieue de Rif Damas
- Les provinces de Soueïda, Deraa, Qouneitra, Homs, Hama, Tartous, Lattaquié et Alep
- La région de Deir ez-Zor
Cette amélioration favorisera la stabilité sociale et le développement des services publics essentiels, contribuant ainsi à dynamiser la reconstruction du pays.