Table of Contents
La Commission européenne a proposé le 6 mai dernier de mettre fin aux importations de gaz russe d’ici la fin de l’année 2027. L’objectif est clair : rompre la dépendance énergétique à la Russie, notamment dans un contexte marqué par la guerre en Ukraine et les tensions géopolitiques. Ce plan ambitieux s’inscrit dans une stratégie en deux étapes visant à interdire dès 2025 les nouveaux contrats ainsi que les contrats courts avec les entreprises russes, puis à cesser totalement les importations deux ans plus tard.
Une réduction déjà engagée mais un défi majeur
Depuis 2021, la part des importations de gaz russe dans l’Union européenne est passée de 45 % à 19 % en 2024. Cette baisse significative reflète les efforts de l’Union pour diminuer sa dépendance, notamment en réduisant les approvisionnements via gazoducs. Cependant, l’UE s’est tournée vers le gaz naturel liquéfié (GNL), transporté par navires et regazéifié avant d’être injecté dans le réseau européen. En 2024, la Russie demeure un acteur central du marché du GNL avec environ 20 % des importations européennes, soit 20 milliards de mètres cubes sur un total d’environ 100 milliards.
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a souligné l’importance de « rompre complètement les liens énergétiques » avec Moscou, rappelant la nécessité de protéger les citoyens, les entreprises et de soutenir l’Ukraine.
Vers une diversification des approvisionnements
La feuille de route européenne s’inscrit dans une volonté d’accélérer la diversification des sources d’énergie. L’UE a évoqué la possibilité d’augmenter ses importations de GNL en provenance des États-Unis, malgré les tensions commerciales persistantes sous l’administration de Donald Trump, qui complexifient la coopération transatlantique. Le commissaire européen au commerce, Maros Sefcovic, a récemment plaidé pour une résolution rapide de ces différends, soulignant l’importance d’achats de GNL ou de produits agricoles américains comme le soja.
Le président américain a également exhorté l’Europe à accroître ses commandes d’énergie américaine, à hauteur de 309 milliards d’euros, une pression qui suscite des critiques. Greenpeace met en garde contre le risque de remplacer une dépendance par une autre, appelant plutôt à des économies d’énergie et au développement des énergies renouvelables.
La France, un acteur clé dans la transition énergétique
La France occupe une position stratégique avec ses cinq terminaux de regazéification, notamment celui de Dunkerque. Selon le groupe de réflexion IEEFA, les importations françaises de GNL russe ont augmenté de 81 % entre 2023 et 2024, représentant un versement de 2,68 milliards d’euros à la Russie. Cette situation pose un défi important alors que TotalEnergies avait déjà alerté sur le risque d’une hausse des prix en cas d’arrêt total des importations russes.
La position des États membres de l’UE reste hétérogène. Certains, comme la Hongrie, affichent une proximité marquée avec Moscou, tandis que d’autres dépendent de plus en plus du GNL russe.
Des mesures complémentaires pour réduire la dépendance aux énergies fossiles russes
Au-delà du gaz, l’UE a instauré fin 2022 un embargo sur les importations de pétrole russe, réduisant drastiquement sa dépendance, passée d’un baril sur cinq à un baril sur cinquante, selon Ursula von der Leyen. Bruxelles prévoit également de renforcer la lutte contre la « flotte fantôme » russe, composée de navires pétroliers opérant sous pavillons étrangers, permettant de contourner les sanctions occidentales.
Par ailleurs, des mesures visant à limiter les importations d’uranium enrichi russe sont envisagées pour juin. Le message adressé à Moscou est sans équivoque : l’UE refuse désormais que l’énergie soit utilisée comme une arme contre elle.