Home ActualitéBusinessEconomie et financeNorthvolt racheté par une start-up américaine : enjeux et avenir

Northvolt racheté par une start-up américaine : enjeux et avenir

by Sara
France, Suède, Pologne, Allemagne, États-Unis

Northvolt, jusqu’ici considéré comme un pilier de la souveraineté européenne dans les batteries pour véhicules électriques, a cédé l’essentiel de ses activités en Pologne, en Suède et en Allemagne à la start‑up américaine Lyten, a annoncé cette dernière le 7 août ; cet accord marque un tournant pour l’industrie européenne des batteries.

Northvolt racheté par Lyten : périmètre de la transaction et chiffres

Lyten reprend plusieurs actifs majeurs de Northvolt, sans que le prix d’achat n’ait été rendu public. Selon le communiqué de Lyten, la valeur de l’ensemble des actifs rachetés est estimée à 5 milliards de dollars, soit environ 4,6 milliards d’euros. L’opération comprend Northvolt Ett, l’usine principale située à Skellefteå, le centre de recherche et développement de Västerås et le site en construction Northvolt Drei en Allemagne.

C’est la seconde phase de la reprise engagée par la start‑up californienne : en juillet, Lyten avait déjà acquis la méga‑usine de Northvolt à Gdańsk, en Pologne, dédiée à la production de systèmes de stockage d’énergie par batterie (BESS) destinés à stocker l’électricité solaire et éolienne. Le site polonais racheté couvre 25 000 m², selon Lyten.

Northvolt, fondé en 2016, était devenu l’un des principaux fabricants européens de batteries lithium‑soufre pour véhicules électriques et employait plus de 5 000 salariés rien qu’en Suède. Un ralentissement de la demande, accompagné d’une dette importante, avait conduit la société à déposer le bilan en mars dernier. En juin 2024, BMW avait annulé une commande passée en 2020 d’un montant de 2 milliards d’euros.

La presse suédoise a souligné le contraste entre les moyens financiers de Lyten et ceux accumulés par Northvolt : « C’est David qui achète Goliath » résume le Svenska Dagbladet, qui rapporte que la firme américaine disposerait de 540 millions d’euros de financement pour relancer la production, alors que Northvolt avait collecté, au fil de son existence, près de 15 milliards d’euros. Le quotidien Dagens Nyheter décrit de son côté « une fourmi qui s’attaque à un éléphant blessé » et note que « Lyten nous laisse dans l’incertitude » en affirmant que « des investisseurs privés » pourraient rejoindre l’opération ultérieurement.

Au moment de sa faillite, Northvolt comptait, selon un décompte cité par la presse, six gigafactories en fonctionnement ou en cours de construction pour une dette de 5,84 milliards de dollars, soit environ 5,4 milliards d’euros. La chute du groupe n’a pas entraîné, à ce stade, une mobilisation européenne visant à empêcher sa vente.

Batteries, approvisionnements et motivations industrielles

Pour Lyten, l’acquisition procure une implantation industrielle stratégique en Europe et une capacité de production pour accélérer le déploiement de ses batteries lithium‑soufre sur le marché des BESS. Dans son communiqué, la start‑up indiquait que le segment BESS connaissait « la croissance la plus rapide du marché des batteries », motivée par la demande des centres de données et la nécessité de renforcer la résilience des réseaux électriques en Europe et en Amérique du Nord.

Le choix technologique des batteries lithium‑soufre séduit aussi parce qu’il évite l’utilisation de nickel, manganèse, cobalt ou graphite, matières qui ne font pas l’objet d’une extraction ou d’un traitement à grande échelle en Europe ou aux États‑Unis. À ce sujet, Lars Herlitz, président et cofondateur de Lyten, a déclaré : « Le message des clients européens est qu’ils veulent que les systèmes de stockage d’énergie soient fabriqués en Europe en utilisant des chaînes d’approvisionnement locales exemptes de risques géopolitiques. »

Au‑delà des avantages industriels affirmés par Lyten, l’opération soulève des questions sur la capacité de la jeune entreprise américaine — qui revendique quelque 325 salariés — à relever le défi d’une reprise à grande échelle : la presse s’interroge sur les moyens financiers disponibles et sur la nécessité d’attirer de nouveaux investisseurs pour assurer la relance des sites et le maintien des emplois.

Par ailleurs, la cession écarte, du moins pour l’instant, la perspective d’une prise de contrôle par le géant chinois CATL, qui avait manifesté son intérêt pour Northvolt dès 2024 ; cet élément figure parmi les réactions soulignant l’importance stratégique de l’opérateur européen pour l’autonomie industrielle.

Les prochains mois seront consacrés à la mise en œuvre opérationnelle de la reprise : clarification du montage financier, confirmation de l’entrée éventuelle d’investisseurs privés et calendrier de remise en production des différents sites. Les acteurs européens de la filière garderont également un œil sur l’évolution des capacités de production et des chaînes d’approvisionnement locales, alors que la transition énergétique continue de reposer sur le développement rapide des capacités de stockage.

source:https://www.lexpress.fr/economie/northvolt-le-champion-des-batteries-electriques-europeennes-rachete-par-une-start-up-americaine-U4IPV34VMVG7BEQNZJGOUMYXFA/

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