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Les politiques économiques face aux marchés financiers
Les gouvernements doivent s’efforcer de créer un environnement favorable à la croissance et au désendettement, plutôt que de se focaliser sur des mesures superficielles qui pourraient apaiser les marchés à court terme.
Une critique des marchés financiers
Depuis plusieurs décennies, les hommes politiques critiquent fréquemment les marchés financiers. Pourtant, ils ont eux-mêmes transféré leurs responsabilités en matière de politique économique à ces mêmes marchés depuis les années 1980. Les solutions à court terme qu’ils proposent ne permettent pas d’affronter les crises structurelles, lesquelles nécessitent des réformes profondes et durables.
La nécessité d’une approche rigoureuse
Il est urgent que les politiques comprennent qu’il est nécessaire d’établir les conditions propices à une véritable croissance économique et à un désendettement réel. Les mesures superficielles ne sont d’aucune utilité si l’objectif est de plaire aux marchés à court terme. Il existe un fossé entre ceux qui souhaitent agir sans tenir compte des fondements économiques et ceux qui poursuivent inlassablement la satisfaction des marchés. Mais à qui ces derniers cherchent-ils réellement à plaire ? Les marchés ne constituent pas un bloc homogène ou une entité toute-puissante, mais sont composés de divers acteurs aux contraintes et objectifs variés, à savoir des traders, des investisseurs institutionnels, des gérants d’actifs, etc.
Comprendre le fonctionnement des marchés
Il est impératif pour les politiques d’admettre que les marchés peuvent être paradoxaux et qu’ils ne savent pas toujours ce qu’ils désirent. La diversité des acteurs présents sur ces marchés en témoigne. Par conséquent, il ne faut pas céder à leurs exigences apparentes.
L’alliance de la politique sociale et de la rigueur budgétaire
Les responsables politiques doivent fusionner une politique sociale ambitieuse avec une rigueur budgétaire, ce qui implique de contrôler les dépenses publiques sans simplement augmenter les impôts. Si les marchés croient que les dirigeants sont aptes à instaurer un climat favorable à la croissance tout en maintenant un équilibre financier, toute spéculation contre la monnaie ou la dette publique est vouée à l’échec.
Il est crucial d’informer les responsables politiques et les banquiers centraux : « Les marchés ne sachant pas réellement ce qu’ils veulent, il vous incombe de mettre en œuvre des politiques économiques créatrices de valeur pour tous les acteurs de l’économie : une politique économique volontariste, cohérente et crédible, visant à accroître la croissance potentielle ; un partage intelligent de la valeur ajoutée ; une rigueur budgétaire pour les dépenses de fonctionnement, et un activisme budgétaire pour les dépenses d’investissement ; ainsi que des politiques monétaires et de change non dogmatiques. »
Les illusions autour de l’euro
De nombreux responsables politiques, particulièrement en France, ont longtemps considéré que l’euro les prémunirait contre toute erreur de politique économique. Bien que la création de la monnaie unique européenne en 1999 ne soit pas en soi critiquable, il est légitime de se questionner sur son impact. En effet, l’absence de risque de change a relâché la discipline budgétaire, notamment dans des pays déjà en déficit. Cela a conduit à une augmentation de leur endettement extérieur, révélant que la crise rencontrée n’était pas une simple crise de liquidité, mais une réelle crise de solvabilité.
Les leçons des crises précédentes
L’histoire se répète : la crise des dettes souveraines de la zone euro des années 2010 a suivi celle des changes du Système monétaire européen des années 1990. Aujourd’hui, alors que nous sommes au milieu des années 2020, la position budgétaire de la France apparaît plus alarmante que celle des pays d’Europe du Sud au début des années 2010, dues aux difficultés de réforme, à la lourdeur de la dette détenue par des investisseurs nationaux, et aux déficits jumeaux, semblables à ceux des États-Unis, mais sans la protection d’une monnaie de réserve internationale comme le dollar.
Focus sur les déficits jumeaux
Un déficit est dit « jumeau » lorsqu’il coexiste avec un autre. Des nations comme les États-Unis subissent un déficit de balance des paiements qu’elles doivent financer en attirant des capitaux étrangers, avec le risque d’une crise de solvabilité externe. D’autres, telles que la France, affrontent un déficit budgétaire qu’elles doivent compenser via l’imposition ou l’emprunt, exposant ainsi à une crise de solvabilité interne liée à la dette publique. Quand ces deux déficits surviennent simultanément, le danger systémique devient considérablement amplifié.