Renaissance des commerces de centre-ville : un lien social à redécouvrir

Vacance et fréquentation : situation des commerces de centre-ville en 2024

La publication de Codata, début 2025, conclut que la vacance commerciale, tous sites confondus (centres-villes, zones commerciales et centres commerciaux), est repassée au‑dessus de la barre des 10 % en 2024, soit 10,64 % au niveau national et 10,92 % en Nouvelle‑Aquitaine. À cela s’ajoute une baisse généralisée de fréquentation des magasins de 1,61 %, certes moins importante qu’en 2023 (-2,3 %), et plus prononcée dans les centres‑villes (-1,8 %) qu’en périphérie (-1,2 %).

Ces chiffres confirment des évolutions déjà constatées, particulièrement dans le secteur du textile : l’e‑commerce, les plateformes étrangères de « fast fashion » et les sites de seconde main ont profondément transformé les années florissantes du prêt‑à‑porter en boutique, très présent dans les centres‑villes des villes moyennes.

Convivialité et réinvestissement comme réponse

Pour de nombreux acteurs, la réappropriation des espaces urbains passe par la recréation d’une offre marchande qui privilégie la relation et la proximité. Professeur de sociologie à l’université Gustave‑Eiffel à Marne‑la‑Vallée, Vincent Chabault rappelle dans différents écrits qu’« en centre‑ville, le commerce territorial est boosté par la convivialité ». Selon lui, cette qualité humaine deviendra « le premier motif de déplacement vers un lieu physique ».

« La dimension sociale du commerce, c’est‑à‑dire sa capacité à entretenir des relations, est aussi ancienne que le commerce »

Cette dimension sociale, poursuit‑il, n’exclut pas la digitalisation de la relation client et le recours au « click and collect » pour les commerces de proximité. Afin de retrouver ce lien social, de nombreuses villes travaillent au réinvestissement de friches industrielles et à leur transformation en lieux hybrides mêlant artisanat, commerce, création artistique et coworking.

Le commerce de proximité est également présenté comme un vecteur d’éducation à une consommation plus circulaire : des magasins de recyclage avec ateliers de réparation se multiplient et participent à la transition vers « moins et mieux consommer ». L’idée est de faire évoluer les pratiques, tout en conservant des espaces de rencontre et d’échange.

Programmes et mesures pour revitaliser les centres

Plusieurs pistes d’intervention sont déjà mises en œuvre, associant financements publics et aménagements pour soutenir les activités commerciales et tertiaires en centre‑ville. Les programmes « Action cœur de ville » portés par l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) figurent parmi les dispositifs cités pour accompagner ces transformations.

Parmi les actions évoquées figurent notamment :

• le maintien et la présence des emplois tertiaires, administratifs et associatifs dans les centres‑villes ;
• la mise à disposition de locaux adaptés pour faciliter l’accueil d’entreprises ou d’activités regroupées ;
• la recréation de lieux de convivialité associés à des services et à un carreau de producteurs locaux, comme les halles.

Ces mesures visent à renforcer l’attractivité des centres urbains en favorisant des mixités d’usages (commerce, services, culture) et en soutenant les commerces indépendants fragilisés par l’inflation, la crise sanitaire et la hausse des charges.

Face aux dérives sociales et environnementales liées à la surconsommation, certaines initiatives locales apparaissent comme des pansements — éphémères ou durables ? — en proposant des alternatives concrètes : réparation, réemploi et sensibilisation sur les modes de consommation.

Codata est un observatoire du commerce et du « retail » spécialisé dans l’immobilier commercial.