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Le rial yéménite s’est apprécié de près de 44 % la semaine dernière dans les zones sous contrôle du gouvernement reconnu internationalement, passant d’environ 2 900 rials pour un dollar à près de 1 600 rials. Cette amélioration rapide n’a toutefois pas entraîné une baisse généralisée des prix des biens, et l’inflation au Yémen continue de priver de nombreux citoyens d’un retour concret à un pouvoir d’achat réparé.
Contexte et évolution du taux de change
Le rebond du rial intervient après des opérations répétées menées par la banque centrale yéménite, notamment des campagnes de fermeture de plus de 50 sociétés et bureaux de change dans plusieurs provinces, dont la capitale provisoire, Aden.
Le taux de change est ainsi passé à environ 1 600 rials pour 1 USD contre près de 2 900 rials une semaine auparavant. Malgré cette évolution spectaculaire, le marché des changes reste marqué par une forte volatilité et des dysfonctionnements dans la disponibilité des devises étrangères.
Pour en savoir plus sur le rôle de la banque centrale, voir la fiche de contexte : https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2016/2/9/%D8%A7%D9%84%D9%85%D8%B5%D8%B1%D9%81-%D8%A7%D9%84%D9%85%D8%B1%D9%83%D8%B2%D9%8A
Réactions et ressentis des citoyens
La nette amélioration du cours a d’abord suscité un bref espoir parmi les ménages à faibles revenus, mais ce sentiment s’est vite estompé. De nombreux consommateurs constatent que les prix restent élevés ou ne diminuent que partiellement.
Fawaz al-Salwi, résident de la ville de Taiz, explique : « Ce regain de valeur aurait dû alléger le budget des familles. Or, certaines denrées ont baissé de 20 % à 33 %, tandis que d’autres n’ont pas du tout diminué. »
Les habitants réclament des réductions d’environ 50 % sur certains produits pour que l’amélioration du taux de change se reflète pleinement sur leur pouvoir d’achat.
- Conséquence directe : moins d’achats et une hausse du sentiment d’insécurité économique.
- Situation alimentaire : des familles signalent la faim et l’absence d’aide depuis des années.
- Revendication commune : stabiliser les prix et créer des emplois pour restaurer le pouvoir d’achat.
Effets sur les transferts et le comportement des ménages
Le changement du taux de change a eu des effets inverses pour de nombreux ménages, notamment ceux qui dépendent de transferts de l’étranger en riyals saoudiens ou en dollars.
Abdo al-Adini, employé dans une entreprise privée à Taiz, précise : « Avant l’amélioration du rial, je dépensais l’équivalent de 10 USD par jour ; maintenant je dépasse 15 USD en raison de l’instabilité des prix. »
Cette incertitude pousse les bénéficiaires de revenus en devises à réduire leurs dépenses quotidiennes, alimentant un risque de contraction de la demande et un ralentissement économique local.
Pressions sur les commerçants et arrêt des importations
La remontée rapide de la monnaie, sans mécanismes clairs pour réguler achats et ventes au nouveau taux, a plongé de nombreux commerçants dans l’incertitude. Ils manquent souvent de devises étrangères pour honorer leurs engagements.
Ziad Ahmed, commerçant possédant trois boutiques à Taiz, déclare que la situation a aggravé les arriérés financiers et provoqué un quasi-arrêt des importations.
- Contraintes principales : absence de devises pour régler fournisseurs en dollars ou riyals saoudiens.
- Dilemme pour les commerçants : vendre à perte et risquer des sanctions, ou cesser l’activité.
- Risque imminent : pénurie sévère de produits si la situation perdure.
Selon les commerçants, le problème ne réside pas dans la volonté de profiter de la situation, mais dans l’absence de planification et de solutions pour compenser les obligations en devises.
Mesures gouvernementales et contrôle des marchés
Les autorités ont lancé des opérations de contrôle des prix dans les provinces sous leur contrôle, arrêté des commerçants et des changeurs fautifs, et appelé à poursuivre la réduction des prix dans des communiqués répétés.
Plusieurs magasins ont toutefois fermé leurs portes, incapables de s’adapter au changement soudain du taux de change.
Les actions visent à tempérer la spéculation et à forcer une transmission plus rapide de l’appréciation du rial vers les prix, mais les observateurs soulignent que des mesures structurelles sont indispensables pour obtenir un effet durable.
Perspectives économiques et besoins de réformes
Économistes et acteurs du marché observent la situation avec prudence, doutant de la capacité des autorités à imposer une stabilité durable sur le marché des changes.
Wafiq Saleh, chercheur en économie, rappelle que les années précédentes ont renforcé le pouvoir des spéculateurs, qui amplifient les fluctuations du taux de change.
Ses recommandations principales :
- Renforcer la régulation et la supervision du marché des changes pour réduire l’influence des spéculateurs.
- Poursuivre les efforts de la banque centrale pour encadrer les flux financiers et restaurer la confiance.
- Engager des réformes économiques pour traiter le manque de ressources, l’insuffisance des devises et le déficit budgétaire.
Pour stabiliser le rial sur le moyen terme, Wafiq Saleh appelle à des plans économiques clairs, au redémarrage d’institutions paralysées et à des mesures ciblées contre le déficit budgétaire : https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2016/8/11/%D9%85%D8%A7-%D9%87%D9%88-%D8%B9%D8%AC%D8%B2-%D8%A7%D9%84%D9%85%D9%8A%D8%B2%D8%A7%D9%86%D9%8A%D8%A9