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Cet été a été parmi les plus chauds jamais enregistrés en Europe, avec des températures dépassant 46 °C dans plusieurs régions et des incendies de grande ampleur. Selon une nouvelle étude du Grantham Institute – Climate Change and the Environment, le changement climatique est probablement responsable d’environ 68 % des 24 400 décès liés à la chaleur estimés cet été, soit environ 16 500 décès supplémentaires. Les personnes âgées ont été particulièrement touchées, notamment en raison de la surchauffe des espaces intérieurs et de conditions de santé préexistantes.
Principales conclusions de l’étude
Les chercheurs ont analysé 854 villes européennes et ont conclu qu’une hausse moyenne de la température d’environ 3,6 °C a entraîné la majorité des décès liés à la chaleur cet été. L’analyse a été réalisée par des équipes de l’Imperial College London et de la London School of Hygiene and Tropical Medicine.
Les auteurs précisent toutefois que les villes étudiées représentent seulement un tiers de la population européenne, et que les chiffres officiels des décès liés à la chaleur restent largement sous-estimés. Le rapport souligne que la chaleur extrême est « un tueur silencieux » et que le bilan réel pourrait être plus élevé.
Incendies et amplification par le changement climatique
La hausse des températures induite par le changement climatique a aussi favorisé des incendies d’une intensité exceptionnelle dans plusieurs pays européens. En Espagne, 380 000 hectares ont brûlé cet été, soit quatre fois la moyenne annuelle habituelle et une superficie supérieure à cinq fois celle de Singapour.
Au Portugal, environ 280 000 hectares ont été détruits, une superficie supérieure à celle du Luxembourg et 2,5 fois la moyenne annuelle. Des feux intenses ont été signalés également en France, en Italie, en Grèce, en Albanie et en Turquie.
Pays les plus touchés par les décès supplémentaires attribués au changement climatique
L’étude fournit des estimations des décès supplémentaires liés à la chaleur attribuables au changement climatique dans plusieurs pays :
- Italie – 4 597
- Espagne – 2 841
- Allemagne – 1 477
- France – 1 444
- Royaume-Uni – 1 147
- Roumanie – 1 064
- Grèce – 808
- Bulgarie – 552
- Croatie – 268
Dans les capitales, les excès de mortalité imputés au changement climatique comprennent :
- Rome – 835 décès
- Athènes – 630 décès
- Paris – 409 décès
- Madrid – 387 décès
- Bucarest – 360 décès
- Londres – 315 décès
- Berlin – 140 décès
Parmi les 30 capitales étudiées, Rome, Athènes et Bucarest présentent les taux d’excès de mortalité les plus élevés par rapport à leur population.
Pourquoi les villes sont particulièrement vulnérables
Les centres urbains concentrent de grandes surfaces en béton et en enrobé, qui emmagasinent la chaleur et accentuent l’effet d’îlot de chaleur urbain. Les systèmes de transport et la consommation d’énergie en ville contribuent aussi à élever davantage les températures locales.
Une vague de chaleur intense en août, alimentée par un « dôme de chaleur » et un « panache de chaleur » provenant d’Afrique du Nord et de la péninsule Ibérique, a frappé tout le pourtour méditerranéen, et particulièrement la péninsule ibérique.
Groupes les plus exposés
Le rapport indique que les personnes âgées de 65 ans et plus représentent 85 % des décès en excès liés à la chaleur cet été. Le vieillissement de la population européenne rend les vagues de chaleur de plus en plus meurtrières.
Les conditions de santé préexistantes, la surchauffe des logements sans climatisation et la pollution de l’air, qui aggrave les effets de la chaleur, expliquent en grande partie cette vulnérabilité accrue.
Les auteurs remarquent également que la plupart des décès liés à la chaleur ne sont pas officiellement reconnus comme tels et que les bilans gouvernementaux peuvent prendre des mois à paraître, s’ils sont publiés.
Recommandations pour réduire le risque
Pour limiter le nombre de victimes lors de vagues de chaleur, l’étude préconise plusieurs mesures urgentes à l’échelle urbaine et nationale :
- Augmenter les espaces verts (« green spaces ») et les espaces bleus (« blue spaces ») pour atténuer l’effet d’îlot de chaleur et offrir des zones plus fraîches accessibles à tous.
- Mise en place de systèmes d’alerte précoce et de communications claires pour informer le public et orienter les comportements pendant les épisodes de chaleur extrême.
- Adapter les conditions de travail et les activités extérieures durant les périodes de forte chaleur afin de protéger les travailleurs et les populations vulnérables.
- Élaborer et appliquer des plans d’action « santé-chaleur » pour répartir les responsabilités en cas d’urgence et définir des mesures à court et long terme.
Selon l’Organisation mondiale de la santé, les espaces verts incluent jardins, parcs, plans d’eau et toitures végétalisées, tandis que les espaces bleus regroupent les zones dominées par l’eau, comme les lacs, rivières ou littoraux. Ces aménagements peuvent constituer des refuges essentiels lors des canicules pour les personnes sans accès à la climatisation.