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La «trêve des confiseurs» est une expression bien ancrée dans le calendrier politique français, désignant une période de calme au sein des institutions. Comprendre ses origines et son évolution permet de mieux saisir son impact dans notre société actuelle.
Origine de la trêve des confiseurs
Cette expression trouve ses racines dans le contexte politique de la fin du XIXe siècle. Les députés et les sénateurs s’absentent de l’Assemblée nationale et du Sénat entre le 25 décembre et le 1er janvier, période durant laquelle aucun Conseil des ministres n’a lieu. Ce moment de paix politique, qui s’étend entre Noël et le Nouvel An, est marqué par un apaisement des tensions et des débats.
À cette époque, les discussions autour de la Constitution de la IIIe République sont intenses. Les parlementaires, épuisés par des débats longs et virulents, décident de suspendre leur activité durant le mois de décembre, évoquant le besoin de ne pas troubler l’activité économique, surtout en cette période festive. Albert de Broglie, un député monarchiste, note dans ses Mémoires qu’il fallait éviter de perturber la reprise des affaires commerciales à l’approche du Nouvel An.
Une formule issue de la presse satirique
Durant cette trêve, qui coïncide avec les fêtes de fin d’année, les Français se livrent à des moments de consommation festive, savourant pralines, dragées et autres douceurs. Les confiseurs, artisans spécialisés, prospèrent durant cette période. L’association entre les confiseurs et cette pause politique est rapidement établie, souvent sur un ton moqueur par la presse satirique de l’époque.
En 1874, alors que la France peine à se remettre de la guerre franco-prussienne, la trêve est ainsi qualifiée. La presse se moque des motivations politiques derrière cette suspension d’activité, faisant allusion à l’appétit des commerçants de friandises pour les célébrations de fin d’année.
Évolution de l’expression
Les monarchistes et bonapartistes de l’époque cherchaient à retarder les débats politiques pour éviter la proclamation d’une République parlementaire, qui sera finalement établie par un amendement voté de justesse. Dès lors, la trêve des confiseurs devient une tradition annuelle pour les députés et sénateurs.
Au fil des ans, l’usage de cette expression s’est étendu au-delà de la sphère politique. Depuis le début du XXe siècle, elle englobe tous les secteurs d’activité professionnelle, économique et sociale. Pendant cette période de fêtes, les journaux réduisent leur rythme de publication, les nouvelles prennent une tonalité plus légère, axée sur les traditions et les festivités de fin d’année.