Table of Contents
Le Covid long est au cœur des recherches récentes sur les liens entre infection et santé féminine. Une étude franco-britannique publiée dans Nature Communications montre que ce phénomène peut modifier le cycle menstruel, avec des règles plus abondantes et plus longues chez certaines femmes. Les chercheurs ont analysé une grande enquête britannique et des échantillons sanguins et endométriaux pour comprendre les mécanismes impliqués. Cette étude ouvre des perspectives de traitements adaptés et de suivi des symptômes prémenstruels et post-règles.
Covid long et cycles menstruels : résultats d’une étude franco-britannique
Basée sur une enquête auprès de 12 187 femmes britanniques et sur le suivi de 52 femmes atteintes du Covid long pendant trois mois, l’étude montre que les règles deviennent plus abondantes et plus longues, et que des saignements entre les cycles sont observés. Les chercheurs ont aussi analysé des échantillons sanguins et endométriaux pour éclairer le lien entre inflammation et cycle menstruel.
Mécanismes biologiques et conséquences cliniques
Les niveaux d’hormones ovariennes semblent inchangés chez les femmes atteintes, mais des niveaux plus élevés d’inflammation et d’un androgène naturel, le 5α-dihydrotestostérone, ont été observés chez certaines participantes, ce qui pourrait jouer sur la muqueuse utérine et les saignements. « Les androgènes favorisent la création, la migration et la survie des cellules stromales – un type de cellules tissulaires – au sein de la muqueuse utérine, qui sont éliminées pendant les règles », rapporte l’université d’Edimbourg, qui a participé à l’étude. « Une augmentation de ces hormones pourrait expliquer des saignements menstruels plus abondants chez les femmes atteintes de Covid long », précise l’institution.
Des signes d’une réaction inflammatoire sont observés dans le sang et pourraient expliquer l’aggravation des symptômes durant la phase prémenstruelle et proliférative. « Une réaction inflammatoire est suspectée d’être à l’origine de ce lien », indique le CNRS, qui souligne « la découverte d’amas de cellules immunitaires dans l’endomètre des patientes suivies ». Par ailleurs, les chercheurs notent qu’aucune anomalie des hormones ovariennes n’a été détectée, ce qui permet de ne pas supposer un dérèglement ovarien direct.
Perspectives thérapeutiques et limites
Selon les auteurs, ces résultats ouvrent des perspectives thérapeutiques et renforcent l’idée d’intégrer le cycle menstruel dans les biomarqueurs du Covid long. Alexandra Alvergne, chercheuse au CNRS, indique: « Il est important de prendre en compte la relation potentiellement bidirectionnelle entre la maladie et les menstruations, où les symptômes varient au cours du cycle menstruel et où la maladie influence les paramètres du cycle. Nous démontrons ici que cela pourrait être le cas pour la Covid longue, où elle est associée à des saignements utérins anormaux et où les symptômes se manifestent à l’approche des règles ». Pour le Dr. Jackie Maybin, de l’université d’Edimbourg, « cette étude constitue la première étape vers des traitements spécifiques des troubles menstruels chez les femmes atteintes de Covid longue et pourrait également conduire à de nouveaux traitements pour les symptômes de la Covid longue, adaptés aux femmes ». Les auteurs soulignent aussi la nécessité d’identifier rapidement les troubles menstruels et de proposer des traitements adaptés pour les femmes concernées.