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Le Conseil de sécurité de l’ONU a autorisé vendredi le rétablissement des sanctions contre l’Iran, une décision dénoncée par Moscou qui estime que ces mesures aggravent les tensions autour du nucléaire iranien ; Paris, Londres et Berlin avaient déclenché fin août le mécanisme dit de « snapback » pour tenter d’obliger Téhéran à laisser revenir les inspecteurs de l’AIEA.
Réaction de la Russie au rétablissement des sanctions Iran
Sans surprise, la Russie a vivement critiqué samedi le vote du Conseil de sécurité de l’ONU autorisant le rétablissement des sanctions contre l’Iran. Le ministère russe des Affaires étrangères, allié de Téhéran, a qualifié dans un communiqué « le caractère provocateur et illégal » des actes de Paris, Londres et Berlin, qui avaient déclenché le « snapback » fin août et demandé des engagements de la République islamique sur son programme nucléaire.
« Ces actions n’ont rien à voir avec la diplomatie et ne font qu’aggraver les tensions autour du programme nucléaire iranien »
Le communiqué ajoute que « la Russie, la Chine, l’Algérie et le Pakistan ont fermement exprimé leur soutien au maintien de la levée des précédentes résolutions de sanctions contre la République islamique d’Iran » vendredi à New York. Moscou prépare par ailleurs, avec la Chine, un projet de résolution offrant six mois supplémentaires à l’Iran.
Selon la diplomatie russe, ce texte proposerait de créer « les conditions pour la mise en œuvre effective des accords conclus entre l’Iran et l’AIEA au Caire le 9 septembre ». La formulation reflète la volonté russe de ménager un délai pour la reprise effective des inspections internationales.
Échéance des accords de Vienne et clause de réversibilité au Conseil
Le rétablissement des sanctions intervient alors qu’approche l’échéance des accords de Vienne de 2015 sur le nucléaire iranien, signés il y a dix ans. D’ici à la fin de la semaine prochaine, ces accords sont considérés comme caducs, à moins qu’un accord ne soit trouvé. Soucieux de ne pas fermer la porte au dialogue, le Conseil de sécurité a assorti sa décision d’une clause de réversibilité si un compromis venait à être conclu avant l’expiration de la période.
En 2015, la France, le Royaume‑Uni, l’Allemagne, les États‑Unis, la Russie et la Chine avaient conclu avec Téhéran le JCPOA, accord encadrant les activités nucléaires iraniennes en échange d’une levée des sanctions, accord entériné par la résolution 2 231 du Conseil de sécurité de l’ONU. Les États‑Unis s’en étaient retirés en 2018 sous la présidence de Donald Trump et avaient rétabli leurs propres sanctions.
Inspections de l’AIEA, loi iranienne et recentrage des engagements
Depuis le retrait américain et les assouplissements observés dans l’application du JCPOA, Téhéran s’est affranchi de certains engagements, notamment sur l’enrichissement d’uranium, ce qui alimente les soupçons occidentaux selon lesquels l’Iran pourrait vouloir se doter de l’arme atomique. Fidèle à sa ligne, la République islamique, soutenue par la Russie, dément vouloir une arme nucléaire et défend son droit à développer un programme nucléaire civil.
Lors des pourparlers en Égypte, l’Iran a accepté la reprise des inspections menées par l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA), interrompues selon le texte après des frappes américaines visant les principaux sites d’enrichissement. Toutefois, un obstacle demeure : une loi adoptée en juillet par le Parlement iranien interdit en principe toute coopération avec l’AIEA, condition que Téhéran devra lever pour permettre un retour effectif des inspecteurs.
Acteurs impliqués et conséquences immédiates
Le rétablissement des sanctions est le fait d’États européens qui ont activé le mécanisme prévu dans la résolution 2 231, mais la décision du Conseil a provoqué une fracture diplomatique visible entre plusieurs membres permanents. La Russie et la Chine ont manifesté leur désaccord et cherchent une solution alternative via un projet de résolution accordant un délai supplémentaire à Téhéran.
Les jours à venir seront consacrés aux négociations pour tenter d’éviter une montée des tensions et, le cas échéant, d’appliquer ou de suspendre les mesures décidées. Le Conseil de sécurité a maintenu une option de réversibilité, laissant une fenêtre pour un accord politique qui pourrait modifier la trajectoire décidée vendredi.