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Nida Jouyfil a survécu neuf heures coincée sous des blocs de béton après le bombardement de l’immeuble où vivait sa famille dans le camp de al-Nuseirat, à Gaza. Ce 31 octobre 2023, une attaque israélienne a tué sept de ses frères et sœurs et sa grand-mère. Seule la voix de sa mère, parvenue depuis les décombres, lui a donné la force de crier qu’elle était vivante.
Sa trajectoire depuis les ruines jusqu’aux blocs opératoires de plusieurs pays est aujourd’hui racontée comme un récit de douleur, de résistance et d’espoir — un véritable « miracle survie Gaza » aux yeux de ceux qui ont suivi son cas.
Faits marquants
- Date de l’attaque : 31 octobre 2023.
- Lieu : immeuble familial dans le camp d’al-Nuseirat, bande de Gaza.
- Victimes dans la famille : sept enfants et la grand-mère.
- Survivants immédiats : Nida et ses deux parents.
- Durée sous les décombres : environ neuf heures.
Rêves suspendus
Avant la guerre déclenchée le 7 octobre 2023, Nida avait 17 ans et préparait sa dernière année de lycée. Elle rêvait de devenir médecin pour soigner les enfants de Gaza.
Malgré le blocus et les privations, elle parlait des rues et des ruelles de Gaza avec tendresse. Avec ses sœurs aînées, elles imaginaient créer une entreprise familiale réunissant leurs compétences.
Ces projets se sont brusquement arrêtés le soir de l’attaque : la famille, qui comptait onze membres, a été presque entièrement anéantie.
Une photo qui a changé son destin
Au moment où Nida croyait vivre ses dernières heures, le photographe Motaz Azaiza a capturé son image. Cette photo a circulé à travers le monde et a été retenue par le magazine Time parmi les dix meilleures images de 2023.
Après son extraction, son transfert hors de Gaza reste confus dans ses souvenirs : d’abord l’Égypte, puis la Tunisie, où des opérations initiales lui ont sauvé la vie. Les médecins y ont envisagé l’amputation de sa jambe.
Son père, parti de la Cisjordanie pour la rejoindre, a obtenu un visa auprès de l’ambassade de Tunisie à Ramallah mais a été arrêté au point de passage vers la Jordanie et soumis à des mauvais traitements avant d’être libéré grâce à l’aide de proches en Europe.
Un parcours médical international
L’appel lancé par le photographe et la visibilité de la photo ont permis d’activer des soutiens médicaux. Le chirurgien neurochirurgien palestino-américain Sami Tuffaha a répondu à l’appel, et le Palestinian Children’s Relief Fund (PCRF) a participé à l’organisation du transfert de Nida vers les États-Unis fin 2024.
À l’hôpital Johns Hopkins de Baltimore, les médecins ont présenté à Nida deux options : l’amputation ou une intervention très complexe et incertaine. Elle a choisi la seconde, espérant garder sa jambe.
L’opération de greffe nerveuse a duré 16 heures. Des complications graves ont nécessité des dizaines d’interventions supplémentaires. Le combat pour la rééducation et la récupération se poursuit encore aujourd’hui.
Un message adressé au monde
Installée à Washington, Nida raconte son histoire avec un sourire tenace. Elle répète que les habitants de Gaza sont des êtres humains qui ont le droit d’apprendre, de rêver et de vivre en paix.
Son témoignage intervient alors qu’un débat politique aux États-Unis a abouti, en août 2025, à la suspension des visas humanitaires permettant à des enfants et à des blessés de Gaza de venir se faire soigner sur le sol américain.
Les organisations humanitaires, dont le Palestinian Children’s Relief Fund, mettent en garde : l’arrêt de ces visas laisse des centaines d’enfants sans accès aux soins disponibles à l’étranger, alors que les besoins médicaux augmentent.
Par ailleurs, plus de 140 élus démocrates au Congrès ont demandé à l’administration américaine de revenir sur cette décision, la qualifiant d’inhumaine.
Espoir persistant
Malgré les pertes et les opérations, Nida incarne une volonté de vivre et de reconstruire. Sa survie sous les décombres puis son long parcours médical symbolisent, pour beaucoup, la résilience des civils touchés par le conflit.
Elle conclut son récit par cet appel simple et puissant : « Nous sommes des gens de Gaza, comme vous. Nous avons le droit d’apprendre, de rêver et de vivre en paix. Assez. »