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L’Association internationale des spécialistes du génocide (IAGS) a adopté une résolution déclarant que la guerre d’Israël à Gaza répond à la définition juridique de génocide prévue par la Convention des Nations unies de 1948.
Cette décision intervient alors que les bilans humains et matériels dans la bande de Gaza continuent de s’alourdir, renforçant le débat international sur la qualification juridique et politique des opérations militaires en cours.
Qui a annoncé la résolution et quel en est l’impact ?
L’IAGS réunit environ 500 universitaires spécialisés dans l’étude des génocides et a été fondée en 1994. La résolution a été approuvée par 86 % de ses membres.
Melanie O’Brien, présidente de l’IAGS et professeure de droit international à l’Université d’Australie-Occidentale, a déclaré que cette prise de position constitue « une affirmation définitive » d’experts indiquant que la situation à Gaza correspond à un génocide selon les critères internationaux.
La décision renforce la voix des organisations, des ONG de défense des droits humains et de certains États qui estiment déjà que la guerre Israël Gaza constitue un génocide.
Comment le génocide est-il défini par le droit international ?
La Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide (1948) définit le génocide comme la commission, avec l’intention de détruire en tout ou en partie un groupe national, ethnique, racial ou religieux, de certains actes spécifiques.
- Tuer des membres du groupe ;
- Causer de graves atteintes physiques ou mentales aux membres du groupe ;
- Imposer délibérément au groupe des conditions de vie destinées à provoquer sa destruction physique en tout ou en partie ;
- Prendre des mesures visant à empêcher les naissances au sein du groupe ;
- Transfert forcé d’enfants du groupe vers un autre groupe.
L’IAGS s’est appuyée sur cette définition pour évaluer les actions et politiques observées dans la bande de Gaza.
Selon l’IAGS et d’autres rapports, près de 90 % des infrastructures d’habitation de Gaza ont été détruites depuis octobre 2023.
Sur quelles preuves l’IAGS a-t-elle fondé sa décision ?
L’IAGS s’est fondée principalement sur les critères de la Convention de 1948 et a considéré que les actes et politiques observés remplissent les conditions juridiques du génocide.
La résolution cite notamment :
- Des attaques indiscriminées et ciblées contre des civils et des infrastructures civiles (hôpitaux, logements, bâtiments commerciaux) ;
- Torture et détentions arbitraires ;
- Violences sexuelles et violences liées à la santé reproductive ;
- Attaques délibérées contre les personnels médicaux, les travailleurs humanitaires et les journalistes ;
- Privations volontaires de nourriture, d’eau et de médicaments ;
- Déplacement de 2,3 millions de Palestiniens dans la bande de Gaza et destruction massive du logement ;
- Meurtres de familles entières et mutilations ou blessures touchant des dizaines de milliers d’enfants.
La résolution mentionne aussi des déclarations publiques d’officiels et des projets d’expulsion des Palestiniens comme éléments corroborant une intention susceptible de caractériser le crime de génocide.
Le texte complet de la résolution est disponible sous forme de PDF : https://genocidescholars.org/wp-content/uploads/2025/08/IAGS-Resolution-on-Gaza-FINAL.pdf
Quelle portée juridique et politique pour cette résolution ?
La résolution de l’IAGS n’a pas de force judiciaire directe, mais elle renforce la pression politique et médiatique en qualifiant la guerre Israël Gaza génocide aux yeux d’experts reconnus.
En tant qu’association académique spécialisée, l’IAGS attire l’attention des médias et alimente les débats internationaux sur des mesures possibles, y compris des procédures judiciaires.
Toutefois, de nombreux États et institutions, dont l’ONU et plusieurs pays occidentaux, estiment qu’une qualification définitive relève d’une autorité judiciaire compétente.
La Cour internationale de Justice (CIJ) examine une plainte déposée par l’Afrique du Sud alléguant que des actes commis relèvent du génocide, mais une décision de fond n’est pas attendue avant 2027.
Réaction du gouvernement israélien
Le gouvernement israélien a qualifié la décision de l’IAGS de « honteuse » et a accusé l’association d’accuser la victime du génocide, en référence à l’attentat du 7 octobre 2023.
Dans sa réponse officielle, Israël a aussi fait valoir que les actions militaires répondent à la menace posée par le Hamas et ont rappelé le massacre du 7 octobre où 1 139 personnes ont été tuées et quelque 200 enlevées.
La position des Nations unies
L’ONU a dénoncé à plusieurs reprises les actions menées à Gaza, sans pour autant adopter officiellement le terme de génocide au niveau institutionnel.
Des experts et comités onusiens ont toutefois estimé que certaines méthodes de guerre employées sont « compatibles avec » une qualification de génocide. Des centaines d’employés de l’ONU ont par ailleurs demandé l’usage explicite du terme pour décrire la situation.
Un porte-parole de l’ONU a rappelé que l’étiquetage juridique d’un événement comme génocide relève d’une autorité judiciaire compétente.
Quelle est la situation actuelle à Gaza ?
La situation humanitaire à Gaza reste catastrophique : depuis octobre 2023, plus de 63 500 personnes ont été tuées et plus de 160 000 blessées selon les bilans publics cités par plusieurs organisations.
Environ deux millions de Palestiniens ont été déplacés, une grande partie de la bande de Gaza est en ruines et les risques de famine et d’effondrement des services de santé se sont accrus.
Les organisations de presse et de défense des libertés médiatiques signalent aussi des attaques visant des journalistes, entravant la circulation d’informations indépendantes depuis la zone de conflit.