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La famille de Stéphane Kameugne, étudiant disparu en 2008 à Châlons-en-Champagne dans la Marne, engage une procédure contre l’État pour faute lourde et déni de justice, seize ans après les faits. Ce dernier avait été retrouvé mort dans un canal, suscitant de nombreuses interrogations sur le déroulement de l’enquête et le traitement judiciaire de son dossier.
Disparition et découverte du corps de Stéphane Kameugne
Le 6 décembre 2008, Stéphane Kameugne, étudiant à l’École des Arts et Métiers de Châlons-en-Champagne, disparaît à la sortie d’une fête organisée par son établissement. Dix-huit jours plus tard, le 24 décembre, son corps est retrouvé dans un canal à proximité de l’école. Une enquête pour meurtre est alors ouverte, mais la famille dénonce rapidement une investigation insuffisante et un traitement judiciaire inadapté.
Des accusations d’enquête bâclée et d’étouffement
Selon l’avocate de la famille, Maître Marine Allali, le cas de Stéphane Kameugne n’a jamais été traité avec la rigueur nécessaire. Elle dénonce une volonté d’étouffer l’affaire depuis seize ans, en raison notamment du prestige de l’école impliquée.
« Pendant 16 ans, on a la volonté d’étouffer cette affaire, » regrette-t-elle. « On est dans le cas d’une école prestigieuse à laquelle personne ne veut toucher, donc on ne dérange pas les gens et on est toujours dans cette erreur depuis 16 ans. »
Un dossier marqué par de nombreuses anomalies
L’assignation déposée par la famille contre l’État détaille plusieurs manquements graves :
- La voiture de Stéphane Kameugne a été égarée pendant treize ans avant d’être finalement retrouvée et mise sous scellés par la justice.
- Les prélèvements réalisés sur le corps de l’étudiant ont été détruits sans que la famille en soit informée ni en comprenne la raison.
- Neuf juges d’instruction se sont succédé sur le dossier, certains n’y consacrant que quelques mois, tout en assumant d’autres fonctions simultanément.
Par ailleurs, depuis huit ans, aucun service d’enquête spécifique n’a été officiellement désigné pour traiter cette affaire.
Une double peine pour la famille
La famille de Stéphane Kameugne souffre d’un « deuil impossible », selon leur avocate. Ce sentiment est renforcé par l’absence de réponses et l’impression d’être abandonnés par la justice française.
« Ils ont une très grande colère froide en eux envers la justice française et ils ne comprennent pas pourquoi personne ne veut s’intéresser au décès de leur fils, » confie Maître Allali.
Vers une action judiciaire contre l’État
Par cette assignation déposée le 23 avril, la famille entend faire pression sur la justice pour obtenir enfin des éclaircissements sur la disparition et la mort de Stéphane Kameugne. Elle réclame également la saisine du pôle Cold Case du parquet de Nanterre, afin de relancer les investigations dans ce dossier longtemps classé.