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Le nouveau chancelier allemand, Friedrich Merz, n’a été élu qu’au deuxième tour par le Parlement, un épisode qui installe une défiance envers un gouvernement longtemps attendu. Ce scrutin a suscité une vive réaction des médias allemands, témoignant de la gravité de cet échec inédit.
Friedrich Merz n’a obtenu que 310 voix sur 621 exprimées, alors qu’il lui en fallait 316 pour être élu chancelier.
afp.com/RALF HIRSCHBERGER
Un camouflet historique pour Friedrich Merz
Le quotidien allemand Die Zeit n’a pas mâché ses mots, qualifiant l’échec de Friedrich Merz lors du premier tour de scrutin de « honte totale ». Le candidat de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) a raté de peu l’élection, obtenant 310 voix sur 621 alors qu’il lui en fallait 316. Il a finalement été désigné chancelier au terme d’un second tour, mais ce faux départ jette une ombre sur son mandat.
Ce revers survient alors que l’Allemagne est restée sans véritable gouvernement pendant six mois, dans un contexte géopolitique tendu avec Donald Trump, qui joue avec la sécurité européenne et effectue des aller-retours sur les droits de douane. Les députés allemands ont donc tardé à nommer un chancelier, malgré les attentes élevées des Européens face à une incertitude politique et économique grandissante.
Une responsabilité contestée au sein de la coalition
La poignée de dissidents au sein de la coalition CDU-SPD, dont l’identité reste secrète, est jugée « irresponsable » par le Frankfurter Allgemeine. Ce vote contre Merz, dans un scrutin capital pour l’avenir politique du pays, soulève des interrogations sur la compréhension des enjeux par certains députés. L’Allemagne a un besoin urgent d’un gouvernement stable et fonctionnel, et ce retard ne fait que fragiliser davantage la situation.
Un chancelier affaibli dès son arrivée
Les médias allemands décrivent ce vote comme un « désastre au Bundestag », une « débâcle » et un « drame » pour la nation. Jamais un chancelier d’après-guerre n’avait échoué à être élu au premier tour par le Parlement. La Süddeutsche Zeitung souligne que le mandat de Merz est déjà « historique », mais pour un motif négatif : sa propre coalition ne lui a pas immédiatement accordé sa confiance.
Avec 310 voix sur 621, Merz a manqué six suffrages pour être élu, et il lui a manqué 18 votes parmi les forces de sa coalition CDU-SPD. Ce revers ne concerne pas uniquement Merz, mais aussi les instances dirigeantes des deux partis, qui s’accusent mutuellement d’avoir causé cet échec, alimentant la défiance interne.
Le magazine Der Spiegel insiste sur le fait que Friedrich Merz est désormais perçu comme un chancelier affaibli, sans alliance stable, et dont la popularité était déjà fragile. L’image internationale de l’Allemagne risque d’en pâtir, d’autant plus que Donald Trump, en raillant Merz, évoque l’étiquette de « loser » pour ceux qui échouent auprès de leurs propres partisans.
Un défi majeur face à la montée de l’extrême droite
Le contexte politique allemand reste particulièrement préoccupant avec la montée en puissance de l’Alternative für Deutschland (AfD), parti d’extrême droite qui a obtenu 20 % des voix lors des dernières législatives. Selon les derniers sondages, l’AfD talonne désormais la CDU, menaçant la stabilité politique du pays.
La réussite de la coalition SPD-CDU apparaît comme la dernière chance d’empêcher une victoire de l’AfD lors des prochaines élections législatives. Toutefois, ce faux départ marque un coup dur, mettant en péril ce fragile équilibre politique.