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Des étudiants juifs activistes pro-palestiniens témoignent à Washington
À Washington, DC, un groupe d’étudiants juifs engagés dans des manifestations pro-palestiniennes à l’université Columbia affirme que leur activisme est profondément enraciné dans leur foi, et non en dépit de celle-ci.
Mardi dernier, ces militants étudiants ont rencontré des membres du Congrès américain pour partager leurs récits, souvent absents des discours dominants sur l’antisémitisme dans les campus universitaires.
Columbia University : un épicentre des protestations étudiantes
Alors que les manifestations contre la guerre israélienne à Gaza ont balayé les États-Unis l’année passée, l’université Columbia à New York est devenue un point de tension majeur.
- Premier campement étudiant du pays pour exiger la fin des investissements dans des entreprises complices de violations des droits humains.
- Premières arrestations massives d’étudiants manifestants en solidarité avec la Palestine.
Cette visibilité a fait de Columbia une cible privilégiée des efforts de l’administration Trump pour réprimer ce qu’elle qualifiait de « manifestations illégales » et d’antisémitisme sur les campus.
Au début de l’année, Mahmoud Khalil, étudiant à Columbia, est devenu le premier activiste étudiant arrêté par l’administration Trump et menacé d’expulsion.
Une délégation pour défendre les étudiants détenus
La délégation d’étudiants juifs a rencontré au moins 17 législateurs démocrates des deux chambres du Congrès pour plaider que Mahmoud Khalil et d’autres ne devraient jamais avoir été détenus en leur nom.
Organisée par Jewish Voice for Peace (JVP) Action, cette journée de lobbying a permis à plusieurs étudiants de raconter leurs expériences :
Tali Beckwith-Cohen : Du conformisme à l’engagement
Originaire de l’État de New York, cette étudiante en histoire a grandi dans une communauté où le sionisme était la norme. Elle se souvient des « mythes » sur la Palestine comme « une terre sans peuple pour un peuple sans terre ».
Sa rencontre avec l’histoire palestinienne et des Palestiniens a remis en cause ses croyances. Après le début de la guerre à Gaza en octobre 2023, elle s’est engagée dans la défense des droits palestiniens.
- Les groupes de défense des droits humains et experts de l’ONU évoquent des tactiques israéliennes « compatibles avec un génocide ».
- Plus de 52 615 Palestiniens ont perdu la vie dans ce conflit jusqu’à présent.
Pour Tali, les manifestations sont des espaces de solidarité entre étudiants de toutes origines, unis dans la conviction que leur sécurité est interdépendante.
Elle dénonce la narration médiatique mensongère sur ce qui se passe à Columbia, qualifiant la répression d’autoritaire et fasciste, visant à étouffer toute contestation pacifique.
Carly Shaffer : L’activisme comme expression de la foi juive
Lorsque Carly Shaffer a exprimé son inquiétude sur l’escalade israélienne à Gaza via un groupe WhatsApp universitaire, certains étudiants ont remis en question sa judéité.
Mahmoud Khalil fut le seul à la soutenir directement face à ces attaques. Carly le décrit comme une incarnation de la préoccupation pour la sécurité de tous les étudiants.
- Elle a ressenti un profond malaise lors de son arrestation, aggravé par la célébration de sa détention sur les réseaux sociaux par la Maison Blanche de Trump avec le message « Shalom, Mahmoud » utilisé de façon moqueuse.
- Élevée en Californie par une mère célibataire, elle considère que lutter contre l’injustice, y compris en Palestine, est une pratique ancrée dans sa foi juive.
Pour Carly, le mouvement de protestation à Columbia est un mouvement d’amour et de solidarité, où les étudiants juifs jouent un rôle essentiel.
Elle critique la « militarisation de l’antisémitisme » utilisée pour étouffer les discussions sur les atrocités israéliennes à Gaza et met en garde contre le fait que les étudiants juifs sont instrumentalisés dans l’agenda politique de Trump.
Sarah Borus : Une voix juive contre la répression
Étudiante au Barnard College et arrêtée lors de la répression du campement à Columbia, Sarah Borus a grandi dans une famille anti-sioniste entourée d’une communauté fortement sioniste.
Elle insiste sur l’importance que les étudiants juifs expriment leurs expériences directement aux décideurs à Washington.
- Elle dénonce l’utilisation par Trump de la peur de l’antisémitisme pour cibler les militants étudiants non-citoyens, restreindre la liberté académique et d’expression, mettant ainsi de nombreuses personnes en danger.
- Malgré ses craintes face au climat politique actuel, elle affirme être fière de ses choix et prête à en assumer les risques.
Shay Orentlicher : La lutte pour une voix juive pro-palestinienne
Sans regret de sa participation aux campements étudiants, Shay Orentlicher observe une tentative des nationalistes chrétiens d’effacer la perspective des étudiants juifs pro-palestiniens et de redéfinir le judaïsme à des fins politiques.
Pour eux, manifester contre les violences en Palestine est à la fois un engagement religieux et laïque.
Selon Orentlicher, les manifestations ont contribué à modifier le discours public à l’échelle nationale et ont permis de bâtir une communauté solidaire.
Raphie : De la désillusion au combat pour la justice
Issu d’un milieu très sioniste, Raphie raconte avoir découvert, en étudiant la carte réelle des territoires occupés, qu’on lui avait menti durant son éducation.
Étudiant en mathématiques, il considère que la guerre à Gaza, les manifestations et la répression ont éveillé en lui un sens profond de responsabilité.
- Pour lui, les manifestations étaient accueillantes et non antisémites.
- Il dénonce la discrimination de l’université qui a refusé aux étudiants liés à Jewish Voice for Peace d’organiser des célébrations religieuses dans des espaces publics.
- Il fait la distinction entre inconfort face à des idées nouvelles et véritable insécurité, rappelant que la souffrance majeure se déroule à Gaza, où les universités sont détruites et la population privée de nourriture depuis 60 jours.