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Depuis le début de la semaine, Téhéran connaît un exode massif vers le nord du pays et certaines régions intérieures. Cette fuite fait suite à une recrudescence des frappes militaires ciblant notamment des sites dans la capitale, provoquant un embouteillage exceptionnel sur les axes principaux menant vers le nord, tels que la route Karaj-Qazvin et la montagne de Kandovan. Les autorités qualifient cette situation d’« exceptionnelle ».
Une migration vers le nord de l’Iran
Dans la province de Alborz, à l’ouest de Téhéran, la direction des transports terrestres a signalé lundi des embouteillages sévères sur la route reliant Téhéran au nord ainsi qu’aux entrées de la route Kandovan, qui connecte Alborz à la province de Mazandaran. Les médias locaux ont relayé des images montrant de longues files de voitures, au milieu de rumeurs concernant le déplacement de familles entières vers le nord de l’Iran.
Cette dynamique coïncide avec des frappes israéliennes visant des sites militaires en périphérie de Téhéran. Des communiqués avertissent les civils de se tenir à distance des installations sensibles, ce qui a alimenté une certaine inquiétude chez une partie de la population. Par précaution, certains ont choisi de quitter la capitale.
Réactions contrastées des habitants de Téhéran
- Mariam, employée dans l’éducation, a expliqué qu’elle a quitté Téhéran avec ses enfants pour rejoindre la province de Mazandaran, chez la famille de son époux. Elle confie : « Nous ne sommes pas tant effrayés que nous ressentons de l’incertitude, c’est pourquoi nous avons choisi de rester temporairement à la campagne avec la famille. »
- Shahriar, ingénieur habitant le quartier Sa’adat Abad, envisage un déplacement provisoire vers Damavand, à l’est de Téhéran. Il précise que les départs sont « des décisions individuelles, sans directives claires de l’État. Chacun agit selon son jugement personnel. »
Cependant, un grand nombre d’habitants demeurent dans la capitale, soit pour des raisons professionnelles, soit par conviction que la situation reste sous contrôle.
Farid, commerçant dans le marché de Tajrish, témoigne : « Nous recevons des messages contradictoires, mais je ne vois pas de raison de partir pour l’instant. Les gens sont anxieux, certes, mais les rues fonctionnent normalement et les commerces sont ouverts. »
Absence d’instructions officielles et climat d’incertitude
Les autorités n’ont pas émis d’instructions officielles ordonnant l’évacuation de certaines zones, ni confirmé ni infirmé les rapports relatifs aux récentes frappes israéliennes. Cette ambiguïté alimente un climat d’attente et d’angoisse chez les habitants.
Les destinations privilégiées des personnes ayant quitté Téhéran se concentrent principalement dans les provinces de Mazandaran et de Guilan, où nombreuses familles possèdent des résidences secondaires. Des villes comme Noushahr, Ramsar et Rudbar voient leur population augmenter temporairement, alors que les difficultés à trouver des logements se multiplient.
Par ailleurs, des sources locales ont rapporté une arrivée limitée de quelques familles vers le poste-frontière de Bazargan, à la frontière avec la Turquie, sans qu’une vague de réfugiés ne soit observée jusqu’à présent.
Impact de la crise du carburant et mesures de précaution
La crise du carburant complique davantage la situation. De longues files d’attente ont été observées devant les stations-service de Téhéran et des villes du nord, avec une forte demande en produits pétroliers, en anticipation de blocages routiers ou de ruptures d’approvisionnement.
Keyvan, fonctionnaire quittant Téhéran, témoigne : « J’ai attendu plusieurs heures dans les files de trois stations pour obtenir 50 litres de carburant. Le carburant est disponible techniquement, mais la pression est sans précédent, surtout après les récentes menaces lancées par le président américain Donald Trump contre l’Iran. »
Dans ce contexte, les autorités iraniennes appellent à la retenue et invitent à ne consulter que les sources officielles. Elles qualifient les menaces israéliennes de « guerre psychologique ».
La mairie de Téhéran a pris des mesures préventives, notamment en aménageant certains stations du métro et des centres publics en abris d’urgence. Cependant, les habitants signalent des coupures répétées d’Internet et des difficultés d’accès à certaines applications de communication, ce qui augmente la confusion.
Le ministère de l’Intérieur iranien a également exhorté la population à ignorer les rumeurs incitant à l’évacuation de la ville, les qualifiant de manœuvres psychologiques.
Une atmosphère de tension persistante
Arshia, un jeune habitant du quartier Niavaran, décrit : « La situation rappelle les jours de la pandémie. Certains partent calmement, d’autres préfèrent rester et s’accrocher au quotidien, mais l’incertitude domine. »
Dans un climat où les informations fluctuent et la sécurité demeure instable, Téhéran se présente comme une scène d’interactions rapides entre l’inquiétude populaire et les appels à la sérénité des autorités. Entre ceux qui choisissent de fuir par précaution et ceux qui optent pour la prudence en restant, la capitale iranienne reste au cœur d’une situation tendue où l’attente et la vigilance sont de mise.