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L’éditorialiste israélien Gideon Levy affirme que le plan proposé par le président américain pour mettre fin à la guerre à Gaza n’est pas un « accord de paix », mais un arrangement imposé par les États‑Unis à Israël. Pour lui, cette initiative représente toutefois une lueur d’espoir pour arrêter les combats et sauver des vies, et elle montre la capacité de Washington à contraindre Tel‑Aviv à accepter des décisions qu’elle n’aurait pas prises seule.
Un accord imposé par Washington
Levy décrit la dynamique retrouvée entre Washington et Tel‑Aviv : selon lui, les États‑Unis reprennent leur rôle de grande puissance tandis qu’Israël redevient « l’État client ». Cette lecture oppose la situation récente à des périodes plus anciennes où, selon l’auteur, l’équilibre semblait parfois inversé.
L’éditorialiste estime que, sans l’intervention américaine, la situation serait restée figée. L’accord en cours permettrait de débloquer un statu quo qui, autrement, n’aurait guère évolué.
Ce que prévoit l’accord
Levy détaille les mesures promises par l’accord, qui incluent des libérations et des sorties d’otages et de détenus. Il souligne l’aspect concret de ces engagements pour soulager les populations affectées.
- Environ 20 captifs israéliens seraient libérés.
- Près de 250 prisonniers palestiniens condamnés à perpétuité seraient remis en liberté.
- Quelque 1 800 habitants de Gaza actuellement détenus en Israël seraient relâchés, pour la plupart sans avoir été jugés.
Pour Levy, la fin des hostilités profiterait non seulement à Gaza, mais aussi à Israël, qui a subi des dommages moraux et stratégiques profonds difficiles à réparer.
Un bilan moral et stratégique lourd
L’auteur évoque la dévastation subie par Gaza — une destruction qu’il compare, par son ampleur symbolique, à celle d’Hiroshima — et affirme que la bande de Gaza est restée résiliente. Cette résistance a, selon lui, replacé la cause palestinienne au centre de l’attention internationale.
Levy prévient que le monde n’oubliera pas « l’extermination » perpétrée à Gaza de sitôt : il faudra des générations avant que la mémoire de ces événements ne s’estompe.
Des alternatives à la guerre
L’éditorialiste estime qu’Israël avait d’autres voies possibles pour éviter ou mettre fin au conflit. Il cite notamment des négociations directes avec le mouvement de résistance islamique (Hamas) et des gestes de bonne volonté qui auraient pu changer la donne.
Une retraite totale du territoire et la remise en liberté de l’ensemble des détenus auraient, d’après lui, pu constituer un signal fort d’un nouveau départ. Mais Israël a, comme souvent, attendu d’être sommée d’agir plutôt que d’initier ce changement.
Transparence et responsabilité
Levy appelle à l’ouverture de Gaza aux médias afin que les citoyens israéliens puissent voir l’ampleur des destructions et comprendre ce qui a été commis. Il oppose la futilité de « pleurer sur le lait renversé » à l’importance de reconnaître et de réagir face au « sang versé ».
Il met en garde contre la confiance exclusive dans la force militaire : selon lui, l’usage répété de la force mène inévitablement au chaos. Les politiques menées en Cisjordanie, avertit‑il, risquent de reproduire l’expérience tragique vécue à Gaza.
Points clés
- Le plan est perçu comme une solution imposée par les États‑Unis plutôt qu’un accord négocié par Israël.
- Il prévoit des échanges et la libération de détenus et d’otages, apportant un soulagement immédiat mais laissant des questions politiques en suspens.
- La destruction à Gaza a des répercussions morales et stratégiques durables pour Israël et la région.
- L’ouverture des médias et le dialogue direct avec le Hamas sont présentés comme des alternatives manquées.
Image
Un enfant palestinien transporte un bidon d’eau devant l’ampleur des destructions au camp de Nuseirat, après les déplacements forcés vers le sud suite à l’annonce israélienne de fermeture d’une route côtière.
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