Dans le cadre du festival Voix d’Etoiles de Port-Leucate, Catherine Lafond évoque les évolutions du doublage et les enjeux posés par l’intelligence artificielle. L’actrice rappelle les méthodes d’autrefois, les délais plus longs et l’importance du travail collectif: directeur de plateau, ingénieur du son et un recorder derrière le micro pour vérifier chaque prise, dans un cadre où l’on prenait le temps de faire l’épisode.
Au festival Voix d’Etoiles de Port-Leucate, Catherine Lafond s’interroge sur l’IA
Elle décrit les anciennes méthodes de doublage: c’était toujours dans un studio, derrière un micro, mais ce n’était pas du tout le système d’aujourd’hui, qui est un système hyper rapide. C’était ce qu’on appelait des boucles, des morceaux de pellicule avec le texte écrit dessus, et les boucles duraient parfois environ une minute. On changeait de boucle à chaque fois. Il y avait un recorder qui se trouvait derrière, dans une petite salle, où il voyait si c’était fini ou non, et qui changeait la boucle pour en mettre une autre. Il y avait toujours un directeur de plateau, présent pour nous diriger, pour nous mettre sur les bons rails. Et puis, il y avait un ingénieur du son qui écoutait tout ce qu’on disait, afin de vérifier qu’on ne bafouillait pas, qu’on ne disait pas de mots incorrects. Tout cela était très surveillé. On avait du temps, alors qu’aujourd’hui, il y en a très peu. On avait des journées entières pour faire un épisode. On avait le temps de faire les choses.
« Ça me fait extrêmement peur. Et quand je vois parfois l’engouement de certaines stars, qui disent un nombre de bêtises absolument incroyables, en prétendant que c’est ça, l’avenir… Qu’est-ce qu’on fait des comédiens ? Qu’est-ce qu’on fait de toute la vérité que cela apporte, de tout ce que cela demande et de tout ce que les comédiens ont à donner ? C’est grâce à eux aussi, quand il y a un doublage, si les choses fonctionnent ou non. Leur voix, c’est quelque chose d’hyper important. La preuve : tout le monde se souvient d’une voix. Et l’IA, c’est une monstruosité, une de plus, qui arrive à l’heure actuelle. Ça me fait excessivement peur. Excessivement peur. Quand j’entends autour de moi parler de jeunes acteurs, le dialogue n’est plus du tout le même. Ça a beaucoup, beaucoup changé. Et ça me fait très peur. Ça m’angoisse énormément. J’espère simplement que cela ne verra jamais le jour pour les comédiens, pour les techniciens, pour tout ce que cela implique, les auteurs… J’ai un fils qui est comédien, j’ai un fils qui est réalisateur, et pour eux, ça me fait très peur.»
Ce festival est une belle vitrine pour montrer votre savoir-faire, justement… Oui, c’est essentiel de voir ce que l’on faisait il y a quarante-huit ans, de voir comment on travaille maintenant. Il y a des gens qui adorent les nouveaux dessins animés, et d’autres qui restent nostalgiques de ce que cela donnait à une certaine époque. Mais il faut bien que ça avance aussi.

Des procédés historiques du doublage et les enjeux futurs face à l’IA
La mémoire du doublage, avec les boucles et la pellicule, est évoquée comme référence pour évaluer les évolutions rapides actuelles. Les professionnels soulignent que les métiers reposent sur une écoute précise, le sens du rythme et la collaboration entre comédiens et techniciens, et que l’IA ne peut remplacer le travail humain dans l’interprétation et la sécurité des textes.
Le festival est aussi présenté comme une vitrine pour montrer le savoir-faire d’hier et d’aujourd’hui, et pour débattre des évolutions du secteur, entre nostalgie et exigence d’innovation. Certains publics apprécient les nouveaux dessins animés, d’autres demeurent attachés à une époque où les processus étaient plus longs et plus collectifs.
