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À Cologne, le plus grand musée consacré à l’histoire de l’immigration en Allemagne est en cours de construction. Ce projet ambitieux vise à dédramatiser la migration et à la présenter comme une réalité normale de la société. Cependant, il soulève déjà des questions et des controverses.
Un espace vaste et lumineux
Le musée se trouvera dans une immense halle éclairée par la lumière naturelle, d’environ 10 000 mètres carrés, qui était autrefois utilisée comme atelier de montage. Au milieu de cette salle, une petite scène a été installée pour l’inauguration, où la ministre de l’Intégration de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Josefine Paul, a pris la parole. Elle a souligné l’importance de ce musée qui sera le plus grand de son genre en Allemagne, avec déjà 150 000 objets collectés par le « Dokumentationszentrum und Museum über die Migration in Deutschland » (DOMiD).
Une histoire à partir de 1945
Le musée ne commencera ses activités qu’en 2029, mais le nom et les grandes lignes de son contenu ont déjà été annoncés. Ce choix de ne traiter que de l’histoire de la migration vers l’Allemagne à partir de 1945, en commençant par celle des Allemands déplacés, pourrait susciter des controverses. L’objet le plus ancien de la collection de DOMiD est une valise appartenant à des déplacés allemands qui ont dû quitter leur village en République tchèque en 1946.
La normalité de l’immigration
Les créateurs de l’exposition souhaitent ancrer l’idée que la migration a toujours fait partie de l’histoire allemande. Cela soulève la question : qu’est-ce que la « normalité » en matière d’immigration ? Si l’immigration depuis 1945 est présentée comme une norme, pourquoi ne pas inclure d’autres vagues migratoires antérieures, comme celle des Huguenots au 16ème siècle ou celle des Polonais autour de 1900 ?
Des chiffres comparables
Les chiffres de l’immigration en Allemagne entre 1945 et 2024 révèlent des défis quantitatifs semblables. Près de 13 millions de déplacés ont immigré après 1945, environ 14 millions entre 1955 et 1973, et plus de 17 millions depuis 2012. Cependant, les conditions de vie et les perceptions sociales des immigrants diffèrent selon les époques.
Vers une société super-diverse
Cette migration, principalement non chrétienne et en provenance de pays non européens, constitue un fait nouveau dans l’histoire contemporaine de l’Allemagne. Pour la première fois, les nouveaux arrivants et les Allemands de souche n’ont pas de culture commune à laquelle se référer. Cette rupture est-elle à considérer comme normale ? Des chercheurs en intégration, comme Aladin al-Mafaalani, soulignent que l’Allemagne a évolué rapidement vers une « société super-diverse ».
Aborder les réalités difficiles
Les responsables de DOMiD affirment qu’ils ne souhaitent pas créer une vision édulcorée de l’immigration. Ils prévoient d’inclure des sujets difficiles, tels que le racisme et la discrimination. Parmi les objets exposés, on trouvera par exemple un clou ayant servi lors d’une attaque du « Nationalsozialistische Untergrund » (NSU) à Cologne en 2004.
Un regard nuancé sur les immigrants
Le défi sera de présenter les immigrants de manière objective tout en mettant en avant leurs espoirs et leurs préoccupations. Les ministres responsables, Josefine Paul et Ina Brandes, souhaitent voir le musée raconter une histoire d’évolution conjointe de la société, tout en mettant en avant les aspects positifs de l’immigration.
Un musée pour l’harmonie
Le choix du nom du musée, « Selma », qui en celtique signifie « belle vue » et en arabe évoque « harmonie » et « paix », laisse supposer une approche positive. Cependant, cela limite la place accordée à une critique des réalités vécues par les immigrés.
Des questions controversées à traiter
Il reste à voir si le musée abordera des thèmes tels que le terrorisme islamiste ou la criminalité liée à l’immigration. Une représentation incomplète pourrait nuire à la compréhension des réalités de l’immigration en Allemagne. Le ministre allemand Cem Özdemir insiste sur l’importance d’une description fidèle pour favoriser l’identification avec le pays d’accueil.