Home ActualitéIncendies : Défis croissants pour les pompiers face à l’urgence

Incendies : Défis croissants pour les pompiers face à l’urgence

by Sara
France

Les défis auxquels sont confrontés les pompiers se multiplient avec l’augmentation de la population, des matériaux de construction modernes et des situations d’urgence. Jean Bartolo, coprésident de l’Association des gestionnaires en sécurité incendie et civile du Québec, nous éclaire sur ces enjeux.

Logis qui s’embrasent plus vite

« Nos intérieurs contiennent maintenant des meubles et des matériaux synthétiques qui s’embrasent à des températures bien moins élevées que les matières naturelles. Des stores en PVC remplacent les rideaux. Les cuisines comportent du composite, de la mélanine et du thermoplastique plutôt que du bois. Vu leur point d’ignition plus bas, l’embrasement généralisé d’une pièce peut survenir en seulement 5 minutes au lieu de 30 minutes. Puisqu’on a moins de temps pour faire nos manœuvres, la rapidité de déploiement des équipes est très importante. On doit déterminer combien de pompiers doivent arriver sur les lieux et dans quel délai minimal », souligne Bartolo.

Pour comparer la vitesse d’embrasement des matériaux, le Fire Safety Research Institute américain a réalisé des tests en utilisant un ameublement naturel et synthétique dans des pièces identiques.

Constructions moins résistantes au feu

« Les constructions résidentielles ne sont plus faites en carrés de madrier ou en gros bois d’œuvre. C’est de la poutrelle ajourée et des matériaux très résistants au poids de l’eau ou de la neige, mais moins résistants au feu, parce qu’ils sont plus légers et ont tendance à s’affaisser plus vite. L’incendie rencontre par ailleurs moins d’obstacles dans les espaces à aires ouvertes. Tout ça représente un danger pour nous. Alors, on doit rester à jour, bien connaître les nouvelles technologies et les faiblesses de certains types de bâtiments par rapport à d’autres », indique-t-il.

Vieillissement de la population

« Il y a 10 ans, un seul pompier pouvait aider trois ou quatre personnes à quitter un appartement, parce que 90 % des gens étaient parfaitement mobiles. Dans les années à venir, le vieillissement de la population créera des difficultés. Il faudra prévoir plus de ressources, puisqu’évacuer quelqu’un en fauteuil roulant requiert au moins deux pompiers », explique Jean Bartolo.

Photo de pompiers en intervention

Véhicules plus difficiles à éteindre

« L’augmentation du nombre de véhicules électriques sur les routes et dans les stationnements intérieurs représente un défi. Quand ils s’embrasent, le feu est très rapide et violent. Ils peuvent sembler éteints, mais se rallumer 24 heures après. En France, les pompiers immergent les véhicules dans des conteneurs. On peut aussi utiliser de grandes couvertures de fibre de verre pour priver les flammes d’oxygène. L’École nationale des pompiers et différents partenaires se penchent actuellement sur les techniques d’extinction, les équipements particuliers, la formation à donner partout au Québec », précise Bartolo.

Photo d'un véhicule électrique en feu

Pénurie de pompiers

« Il y a quelques années, on recevait toujours 10 ou 15 CV, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les trois quarts des pompiers sont à temps partiel ou volontaires. Plus une municipalité est petite et éloignée, plus en recruter devient difficile. Les jeunes partent pour les études ou le travail. Et la société a changé : la qualité de vie est devenue prioritaire, alors qu’un pompier doit rester disponible le soir et les fins de semaine. Mais des solutions existent, comme le regroupement de services pour augmenter leur efficacité », explique-t-il.

19 % de chute du nombre de pompiers volontaires et à temps partiel a été constatée depuis 20 ans. 65 % des municipalités de 50 000 habitants et moins ont des enjeux de relève.

Embauche de pompiers à Longueuil

À Longueuil, le Service de sécurité incendie de l’agglomération embauchera 60 pompiers entre 2023 et 2027, afin d’adresser les défis posés par une population vieillissante et une densification des quartiers. « Notre territoire compte de plus en plus de résidences pour aînés. Leurs occupants doivent prendre les escaliers plutôt que les ascenseurs en cas d’incendie, ce qui est difficile pour ceux qui sont moins mobiles », avertit Normand Lavallée, chef de la division Opérations.

De 2014 à 2022, une hausse de 53 % du nombre d’adresses à risque élevé d’incendie a été observée dans l’agglomération de Longueuil.

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