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Avec l’intensification des attaques israéliennes dans le Sud-Liban, les villages frontaliers se sont transformés en paysages de destruction totale. Les dégâts affectent aussi bien les bâtiments que la population, en passant par les infrastructures, les habitations et les équipements publics, certains étant désormais au bord d’un effondrement complet.
La localité frontalière de Ramiya illustre cruellement cette réalité. Selon Hussein Saleh, activiste jeune et membre du conseil municipal, elle est devenue un véritable « village dévasté ».
Un village dévasté et une mobilisation locale
Hussein Saleh décrit l’ampleur du désastre à Ramiya :
- Toutes les maisons sont détruites intégralement, aucun domicile habitable ne subsiste.
- L’armée d’occupation a envahi le village sans pitié, comme pour l’arracher à ses racines et l’effacer de la carte.
Le retour après le cessez-le-feu a été un choc collectif, marqué par des décombres et un silence lourd, symboles d’un paysage ravagé.
Malgré cette situation dramatique, les habitants ne restent pas inactifs. Ils ont commencé à restaurer partiellement l’école officielle, le seul bâtiment qui a partiellement résisté, pour en faire un refuge temporaire pouvant accueillir environ 50 familles. Parallèlement, ils œuvrent à fournir des logements grâce au soutien d’associations locales.
Des initiatives citoyennes face à l’absence de l’État
Sans attendre d’aide gouvernementale, les habitants de Ramiya ont lancé dès les premiers jours du conflit des initiatives citoyennes qui ont permis de collecter plus de 100 000 dollars, résultat d’efforts individuels.
- Ces fonds ont financé des aides urgentes telles que médicaments, lait pour bébés, couches, et opérations médicales nécessaires.
Cependant, les agressions israéliennes ne cessant pas, notamment les bombardements et violations répétées du cessez-le-feu, ont compliqué le travail sur place. L’équipe a dû réorienter ses actions pour soutenir les déplacés dans le Sud, Beyrouth et d’autres régions du Liban.
La majorité des habitants de Ramiya a quitté le village. Des équipes de jeunes recueillent des informations sur leurs lieux d’exil et besoins afin de leur fournir une aide sanitaire, alimentaire, financière, ainsi que d’assurer la continuité scolaire des enfants dans leurs lieux d’accueil provisoires.
« Ramiya n’a pas seulement été bombardée, ses habitants ont été déplacés, et leur dignité est désormais notre responsabilité », conclut Saleh.
Un phénomène récurrent dans les villages frontaliers
Le même scénario se répète dans d’autres villages frontaliers, où les initiatives de la jeunesse et les efforts individuels comblent le vide laissé par l’absence de l’État. Ces actions constituent une lueur d’espoir face aux déplacements massifs et aux destructions.
Lors d’une visite dans les villages de Yaroun, Kfarchouba, Aïta el-Shaab, Aldaïssa et Kfarkela, les routes se révèlent désertes, jonchées de débris et de traces de bombardements.
Le retour semble presque impossible, compte tenu de la politique de terre brûlée menée par l’armée israélienne et des violations sécuritaires encore en cours.
Les visites des habitants sont rares et brèves, réalisées avec prudence et souvent interrompues rapidement par crainte de nouvelles attaques.
Souvenirs douloureux et résilience
À Yaroun, Mme Oum Issa contemple les ruines du village, les yeux embués de larmes :
- Elle se souvient d’un village paisible où l’air même inspirait un sentiment de sécurité.
- « Tout a changé. C’est une épreuve comme d’autres, elle passera, mais nous ignorons quand ni comment. »
Elle souligne également la baisse de l’aide, regrettant l’absence de soutien gouvernemental et la rareté des associations présentes.
À Kfarkela, le village est déserté, envahi par les décombres. Seul Abou Bilal circule dans les rues vides, déplorant l’état dévasté et les conditions de vie insoutenables. Il explique :
- Malgré les aides reçues par les initiatives jeunesse, elles restent insuffisantes.
- Ils ont monté des tentes et repris contact avec le village après le cessez-le-feu, mais doivent toujours compter sur Beyrouth pour tout.
Il souhaite un retour proche et durable, tout en louant l’engagement des jeunes malgré leurs moyens limités.
Un retour difficile mais inévitable
À Aldaïssa, la situation demeure critique. Les rues autrefois animées sont désormais silencieuses, et les maisons fissurées témoignent des épreuves vécues.
Sur le bord de la route, Hajj Hassan, devant sa maison détruite, raconte :
- Ils ont construit cette maison pierre par pierre, qui est aujourd’hui un abri pour le vent.
- Absence d’électricité, d’eau et de sécurité rendent la vie impossible sur place.
Il décrit la patience des habitants, mais souligne qu’elle a des limites. Les visites sont brèves, car personne ne peut supporter cette réalité sans un appui étatique et des aides adéquates.
Cependant, il affirme son attachement à la terre et à la communauté, assurant que même si le retour est difficile, il est inévitable car Aldaïssa représente l’identité et l’espoir de ses habitants.