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Ce matin, Constance Vilanova revient sur une théorie du complot qui gagne en crédibilité : celle d’un Internet envahi par des robots, où les humains seraient désormais en minorité.
Un Internet transformé par l’intelligence artificielle
Autrefois, en parcourant Instagram ou TikTok, j’étais inondée de tutoriels de maquillage — le mascara étant devenu un produit dépassé, à croire — ou de recettes végétariennes, avec le ubé qui a supplanté le matcha dans les tendances culinaires. Aujourd’hui, ce sont plutôt des chats en 3D, des enfants fabriquant à la main des objets improbables, ou des récits d’horreur sans fondement qui s’imposent. En clair, un contenu majoritairement généré par intelligence artificielle. Pourquoi un tel changement ? Parce que des outils comme ChatGPT sont maintenant accessibles à tous, capables de créer des images d’un réalisme saisissant.
Une présence grandissante des robots sur le Web
Cette évolution ne se limite pas aux réseaux sociaux. Le magazine scientifique Epsilon alerte que 5 % des articles de Wikipédia en anglais sont désormais écrits par des robots. Par ailleurs, un rapport de l’agence Europol révèle que 90 % des contenus en ligne pourraient être générés par intelligence artificielle d’ici 2026.
Cette progression semble corroborer une théorie du complot appelée « la mort d’Internet ». En 2021, un internaute publiait sur un forum un billet en anglais intitulé « the dead internet theory ». Il y affirmait que des robots avaient pris le contrôle du Web, produisant la majorité des messages, vidéos et informations, se répondant entre eux, tandis que les humains auraient cessé de communiquer sur la toile. Si cette idée paraissait farfelue, l’explosion récente de l’intelligence artificielle générative la rend aujourd’hui plus crédible.
Les IA s’auto-alimentent : une boucle sans fin ?
Des chercheurs d’Oxford, Cambridge et Toronto vont même plus loin, soulignant que les IA pourraient s’auto-alimenter entre elles. En effet, puisque le contenu en ligne est largement produit par ChatGPT, qui se nourrit lui-même de ce contenu, un phénomène de boucle se mettrait en place. Après plusieurs cycles, le contenu généré perdrait de sa pertinence et de sa cohérence.
Un exemple marquant issu de cette étude universitaire : poser une question sur les églises anglaises du XIVe siècle à une IA peut entraîner une réponse absurde évoquant… l’origine de la couleur des lapins. Ce glissement sémantique illustre bien les limites de cette auto-alimentation.
Les raisons économiques derrière cette domination robotique
Cette accélération est aussi économique : produire du contenu avec des robots coûte moins cher que rémunérer de véritables créateurs. Instagram, Facebook, TikTok et autres plateformes y trouvent leur compte, mais pas les utilisateurs.
Le rêve d’un Internet humain, imaginé dans les années 90 par des pionniers comme Tim Berners-Lee, semble s’éloigner. Aujourd’hui, le réseau mondial ne sert plus à connecter les individus, mais devient un vaste désert numérique où les machines dialoguent entre elles.