Home ActualitéIsraël : crise psychologique des soldats de retour de Gaza en hausse

Israël : crise psychologique des soldats de retour de Gaza en hausse

by Sara
Israël, Palestine

Le nombre de mères israéliennes accusant l’armée de ne pas avoir suffisamment protégé leurs fils et réclamant l’arrêt des combats à Gaza augmente, selon un reportage de Libération. La montée de la violence depuis octobre 2023 a fait émerger, depuis les marges de l’opinion publique, un nouveau discours centré sur la souffrance des soldats, le coût psychologique pour eux et leurs familles, et les conséquences sociales de cette guerre prolongée.

Un discours nouveau et préoccupant

La correspondante de Libération à Jérusalem, Vani Leonor Crozié, rapporte que ce discours, bien que parti des marges, gagne en ampleur. Il met en lumière non seulement les traumatismes subis par les combattants, mais aussi la détresse émotionnelle de leurs proches, en particulier des mères.

Plusieurs éléments expliquent cette montée des voix critiques :

  • la durée et l’intensité des opérations militaires dans le territoire palestinien, notamment à Gaza (https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2014/11/19/%D8%BA%D8%B2%D8%A9) ;
  • la multiplication des témoignages sur des traumatismes psychologiques et des suicides parmi les soldats ;
  • la perception d’une réponse insuffisante des institutions pour protéger et soigner les militaires affectés.

Le mouvement « Cri des mères »

Parmi les collectifs apparus depuis novembre 2023, un groupe baptisé « le cri des mères » s’est fait connaître. Il est dirigé par des femmes issues de milieux progressistes, dont Michal Brody Bariket, mère de trois enfants, l’un d’eux ayant terminé son service à Gaza.

Michal critique vivement l’envoi de jeunes au front, estimant qu’ils « ne protègent pas Israël, mais deviennent eux-mêmes en danger permanent ». Elle dénonce aussi la participation des soldats à des opérations de destruction massive des bâtiments dans le secteur de Gaza (https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2014/11/19/%D8%BA%D8%B2%D8%A9), sans pleine conscience des conséquences.

Son engagement et ses prises de position lui ont valu des affrontements avec des citoyens et des heurts avec la police, illustrant la sensibilité du débat : pour certains, toute opposition à la guerre frôle la trahison, mais d’autres familles continuent de plaider pour la protection de leurs enfants.

Cas concrets et résistance maternelle

Le reportage évoque des exemples où des mères ont réussi à retirer leurs fils du service. C’est le cas de Shani Hedar, une auteure d’une cinquantaine d’années, qui a tout tenté pour faire libérer son fils des obligations militaires après qu’il a développé une dépression et des tendances suicidaires liées à ce qu’il avait vu au front.

Selon Shani, l’armée n’a pas accueilli favorablement la demande d’exemption : au lieu d’un accompagnement médical, son fils s’est vu menacer de prison. Elle affirme qu’elle préférait le voir emprisonné plutôt que renvoyé à Gaza, soulignant que l’étiquette de « trahison » pèse encore sur ceux qui refusent de combattre, même pour raisons de santé mentale.

Une tragédie silencieuse

Le récit de la mère Jenni Mizrahi illustre la gravité du phénomène. Son fils unique est revenu de longues périodes de service à Gaza profondément marqué psychologiquement. Irritable avec ses enfants, incapable de parler de son expérience et blessé à plusieurs reprises, il réclamait pourtant de retourner au combat. Après une séance avec les responsables de son unité, il s’est donné la mort quelques heures plus tard.

Jenni confie la douleur du paradoxe : la famille avait encouragé son fils à repartir, pensant que l’engagement pourrait l’aider à se reconstruire. Elle mesure aujourd’hui l’ampleur de l’erreur et le manque de prise de conscience au sein de la société israélienne face à la crise psychologique des soldats.

Statistiques alarmantes et avertissement

La journaliste cite des chiffres publiés par le quotidien Haaretz montrant une hausse sans précédent des suicides parmi les soldats :

  • 7 suicides fin 2023 ;
  • 21 suicides en 2024 ;
  • 15 suicides rien que pour le premier semestre 2025.

Ces données laissent présager une crise psychologique massive à l’heure du retour des unités de Gaza vers la vie civile. La correspondante met en garde : une « traumatisation collective » est en train de se constituer sous la surface, exprimée notamment par les mères, alors que les institutions et la société n’ont pas encore commencé à l’aborder sérieusement.

Selon elle, le discours contre l’enrôlement et la militarisation gagne en influence, poussé par une réalité tragique sur le terrain : des milliers de soldats subissent les séquelles de la guerre, leurs mères les voient s’effondrer, et l’armée ne ferait pas suffisamment pour les protéger, ni contre l’ennemi ni contre eux-mêmes.

Lire aussi

  • Histoire d’Israéliens transformant la famine des enfants de Gaza en canulars sur TikTok — https://www.aljazeera.net/politics/2025/10/5/%d9%87%d9%83%d8%b0%d8%a7-%d9%8a%d9%81%d9%83%d8%b1-%d8%a7%d9%84%d8%b4%d8%a8%d8%a7%d8%a8-%d8%a7%d9%84%d8%a5%d8%b3%d8%b1%d8%a7%d8%a6%d9%8a%d9%84%d9%8a-%d8%a7%d9%84%d8%b0%d9%8a%d9%86
  • Le Monde : l’Agence France-Presse face à des défis existentiels — https://www.aljazeera.net/politics/2025/10/5/%d9%84%d9%88%d9%85%d9%88%d9%86%d8%af-%d9%88%d9%83%d8%a7%d9%84%d8%a9-%d8%a7%d9%84%d8%a3%d9%86%d8%a8%d8%a7%d8%a1-%d8%a7%d9%84%d9%81%d8%b1%d9%86%d8%b3%d9%8a%d8%a9-%d8%aa%d9%88%d8%a7%d8%ac%d9%87

Image : soldats israéliens en position le long de la frontière avec la bande de Gaza, sud d’Israël. (AP Photo/Ariel Schalit)

Soldats israéliens le long de la frontière avec la bande de Gaza

source:https://www.aljazeera.net/politics/2025/10/5/%d9%84%d9%8a%d8%a8%d8%b1%d8%a7%d8%b3%d9%8a%d9%88%d9%86-%d8%a7%d9%84%d8%ac%d9%86%d9%88%d8%af-%d8%a7%d9%84%d8%a5%d8%b3%d8%b1%d8%a7%d8%a6%d9%8a%d9%84%d9%8a%d9%88%d9%86

You may also like

Leave a Comment