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Kamel Daoud, lauréat du prix Goncourt 2024, se retrouve au cœur d’une controverse judiciaire majeure. Visé par deux mandats d’arrêt internationaux émis par l’Algérie ainsi qu’une plainte déposée en France, l’écrivain dénonce une « forme de persécution judiciaire ». Il est accusé d’avoir dérobé l’histoire personnelle d’une femme pour son roman Houris, publié chez Gallimard.
Des accusations de vol d’histoire et une plainte en France
Saâda Arbane, une rescapée d’un massacre pendant la décennie noire en Algérie, accuse Kamel Daoud et son épouse d’avoir exploité le récit de sa vie dans Houris. Dans sa plainte, elle réclame 200 000 euros de dommages et intérêts ainsi qu’une publicité de la condamnation éventuelle. Elle affirme qu’une simple coïncidence entre son histoire et le roman est « totalement impensable », soulignant que le suivi psychiatrique qu’elle a reçu entre 2015 et 2023 a été assuré par Aicha Dahdouh, épouse de l’écrivain depuis 2016.
Dans une interview, Saâda Arbane a tenu à préciser qu’elle ne cherchait pas à censurer un auteur, mais à faire reconnaître un « préjudice réel et très grave ».
Mandats d’arrêt internationaux et procédure judiciaire
En plus de la plainte en France, la justice algérienne a émis deux mandats d’arrêt internationaux visant Kamel Daoud et son épouse. Ces mandats cherchent à les faire juger pour violation de la vie privée d’une plaignante algérienne. Face à ces mesures, l’écrivain a annoncé, par l’intermédiaire de son avocate, son intention de contester les mandats auprès d’Interpol.
Par ailleurs, une procédure civile est en cours devant le tribunal judiciaire de Paris. Une première audience a eu lieu le 14 mai et la suivante est programmée pour le 10 septembre.
L’écrivain réfute les accusations : « une histoire publique »
Kamel Daoud rejette catégoriquement les accusations portées contre lui. Lors d’une interview en décembre sur France Inter, il a souligné que « tout le monde connaît cette histoire en Algérie, et surtout à Oran. C’est une histoire publique ». Selon lui, le fait que la plaignante se reconnaisse dans un roman qui ne la cite pas ni ne relate les détails de sa vie est regrettable.
Le roman Houris et son contexte
Houris est un roman sombre qui se déroule en partie à Oran. Il relate le destin d’Aube, une jeune femme devenue muette après qu’un islamiste lui ait tranché la gorge le 31 décembre 1999. Le titre fait référence aux houris, ces jeunes filles promises au paradis dans la foi musulmane.
Ce livre ne peut pas être édité en Algérie, car il entre en conflit avec une loi interdisant toute publication traitant de la décennie noire, qui s’est étendue de 1992 à 2002 et qui a causé au moins 200 000 morts selon des chiffres officiels.