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Kashmir : Peur et Incertitude après l’Attaque de Pahalgam
À Srinagar, dans la région du Kashmir administrée par l’Inde, les tensions entre l’Inde et le Pakistan sont à leur comble. Cette situation fait suite à une attaque meurtrière contre des touristes à Pahalgam, survenue le 22 avril, qui a ravivé les craintes d’une possible opération militaire de New Delhi contre son voisin occidental.
Ce jour-là, des rebelles présumés ont surgi des forêts pour ouvrir le feu sur un groupe de touristes masculins dans une prairie isolée de Pahalgam, accessible uniquement à pied ou à cheval. Le bilan est tragique : 25 touristes et un cavalier local ont perdu la vie, constituant ainsi la pire attaque dans la région depuis un quart de siècle.
En réponse, une escalade d’actions réciproques entre l’Inde et le Pakistan a mené ces deux puissances nucléaires au bord du conflit militaire.
Alors que l’Inde accuse le Pakistan d’être responsable de l’attaque, Islamabad dénonce l’absence de preuves communiquées par New Delhi. Entre-temps, c’est la population du Kashmir qui paie le prix fort de ces rivalités.
Conséquences sur la vie locale et le tourisme
La riposte indienne a été immédiate et sévère :
- Arrestations massives de personnes suspectées de soutenir les groupes sécessionnistes.
- Raids et démolitions des maisons de rebelles dans la partie du Kashmir sous administration indienne.
- Fermeture temporaire du tourisme dans plusieurs zones de la vallée.
- Expulsion de Pakistanais vivant en Inde et dans le Kashmir indien, y compris les familles d’anciens rebelles intégrées dans des programmes de réhabilitation.
Par ailleurs, de nombreux Kashmiriens vivant dans différentes villes indiennes rapportent des cas de harcèlement, d’agressions physiques et de pressions les incitant à quitter le pays.
Impact sur les habitants : témoignages
Ashiq Nabi, opérateur de tourisme d’aventure, 35 ans
« J’étais à Pahalgam lors de l’attaque. Ce fut un choc pour nous tous. En tant qu’architecte et planificateur touristique spécialisé dans le tourisme d’aventure au Kashmir, j’ai vu mon travail s’effondrer immédiatement. »
La suspension des activités de trekking et la fermeture de 48 sites touristiques ont stoppé net des mois de préparation et de coordination avec des partenaires locaux.
« Cette attaque a provoqué des annulations massives, des pertes financières et le licenciement de guides locaux, porteurs et personnel de service, dont beaucoup dépendent entièrement du tourisme saisonnier. »
« Mon rêve de positionner le Kashmir comme une destination sûre et attractive est brisé, mais j’espère un retour des touristes et une relance du secteur. »
Rameez Ahmad, chauffeur de taxi touristique, 40 ans
« Ce qui s’est passé à Pahalgam ne devrait jamais arriver. Depuis l’attaque, le nombre de touristes a chuté dramatiquement. Je reste souvent sans clients, espérant un appel qui ne vient pas. »
« L’année avait pourtant bien commencé, avec des réservations en hausse, mais tout s’est effondré. Sans tourisme, je n’ai aucune source de revenus. Je dois subvenir aux besoins de ma famille, éduquer mes enfants et rembourser des prêts. »
« C’est une question de survie, pas simplement un mauvais jour de travail. »
Amir Ahmad, aspirant à l’emploi, 26 ans
« J’habitais dans une chambre louée à Srinagar quand l’attaque a eu lieu. Avec les arrestations qui se multiplient, j’ai dû retourner précipitamment chez moi à Ganderbal. »
« On m’avait déjà convoqué à la police pour un post sur les réseaux sociaux, et je vis maintenant confiné, sous la surveillance de mes parents qui ne me laissent pas sortir. Chaque appel téléphonique me remplit d’angoisse. »
« Ma mère devait partir pour une opération cardiaque à Delhi, mais la peur l’en empêche. Un ami étudiant m’a prévenu que voyager est devenu extrêmement dangereux, notamment après des agressions contre des étudiants kashmiris. »
« Notre vie est incertaine : entre la peur du lendemain, les emplois menacés, la destruction des maisons et l’instabilité politique, c’est un véritable enfer. Pour nous, le Kashmir ressemble plus à une prison ouverte qu’à un paradis. »
Ajmal, vendeur ambulant venu de l’État indien du Bihar, 21 ans
« Ma sœur vit au Kashmir avec sa famille depuis plus de dix ans et ne s’est jamais plainte. C’est elle qui m’a encouragé à venir ici. Je vends des pani puri dans la rue et gagne ma vie. »
« L’attaque a semé la peur au début, mais la situation revient doucement à la normale. Je continue à travailler sans trop d’inquiétude. Jusqu’à présent, les étrangers ne se sentent pas menacés. »
Safiya Jan, 40 ans, originaire de Karachi
« J’ai rejoint le Kashmir en 2014 dans le cadre d’un programme de réhabilitation pour les familles d’anciens rebelles ayant renoncé aux armes. Je vis ici avec mon mari et nos deux filles. C’est notre foyer. »
« Apprendre que les Pakistanais sont expulsés me fait peur et me brise le cœur. Je ne veux pas partir, comment laisserais-je mon mari et mes enfants ? »
« J’implore le gouvernement de ne pas nous expulser. Nous ne sommes une menace pour personne, nous voulons juste vivre en paix. Être renvoyée serait comme perdre un membre du corps. »