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À Nairobi, la capitale du Kenya, des manifestations ont éclaté pour exprimer l’indignation après la mort d’un blogueur arrêté la semaine dernière. Cette tragédie survient dans un contexte où le contrôle des forces de l’ordre fait l’objet de vives critiques, notamment avec la révélation que 20 personnes sont décédées en garde à vue au cours des quatre derniers mois.
La police a eu recours au gaz lacrymogène jeudi afin de disperser les rassemblements près du bâtiment du Parlement. Les manifestants protestaient contre la mort d’Albert Ojwang, un blogueur de 31 ans originaire de la ville de Homa Bay, arrêtée pour avoir critiqué Eliud Lagat, le chef adjoint de la police nationale.
Les circonstances entourant la mort d’Albert Ojwang
Initialement, la police avait rapporté qu’Albert Ojwang serait décédé « après s’être cogné la tête contre un mur de cellule ». Cependant, une autopsie menée par une équipe incluant le légiste Bernard Midia a révélé des blessures caractéristiques d’une agression : une blessure à la tête, une compression au niveau du cou, ainsi que des lésions des tissus mous.
Mercredi, le président William Ruto a reconnu publiquement que la mort d’Ojwang était « aux mains de la police », renversant ainsi les versions officielles précédentes. Il a qualifié cette issue de « déchirante et inacceptable ».
Par ailleurs, les médias kenyans ont annoncé l’arrestation d’un agent de police lié à cette affaire.
Réactions et tensions à Nairobi
Selon Malcolm Webb, journaliste pour Al Jazeera sur place, Albert Ojwang s’était fait connaître en publiant des contenus dénonçant des scandales de corruption, notamment impliquant Eliud Lagat dans une affaire de pots-de-vin révélée par une enquête journalistique.
Cette arrestation suivie de la mort d’Ojwang a suscité une forte colère. Les manifestants réclament que Lagat soit tenu responsable tandis que les affrontements avec la police se poursuivent, malgré les multiples jets de gaz lacrymogène.
Une situation préoccupante au sein des forces de l’ordre
Cette affaire met une nouvelle fois en lumière les graves problèmes affectant les services de sécurité kenyans, accusés depuis plusieurs années d’exactions allant jusqu’aux exécutions extrajudiciaires et aux disparitions forcées.
Jeudi, Issak Hassan, président de l’Autorité indépendante de surveillance de la police, a déclaré devant les parlementaires que 20 personnes sont mortes en détention au cours des quatre derniers mois seulement.
Les autorités ont ouvert une enquête officielle sur la mort d’Ojwang. De plus, mercredi, l’Inspecteur général Douglas Kanja a présenté des excuses en précisant que la thèse du suicide avancée initialement était fausse : « Il ne s’est pas cogné la tête contre le mur », a-t-il affirmé lors d’une audition au Sénat.
Contexte plus large des manifestations au Kenya
La mort d’Albert Ojwang intervient près d’un an après plusieurs arrestations violentes et disparitions lors des manifestations contre un projet de loi sur les finances. Beaucoup de manifestants restent portés disparus.
Ces mouvements sociaux ont conduit à des appels pour le départ du président Ruto, critiqué pour la répression sévère menée contre les protestataires.
À l’international, Amnesty International a exigé une enquête urgente, approfondie et indépendante sur le décès d’Ojwang en détention afin de faire toute la lumière sur cette affaire.