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Le Canada s’engage dans une stratégie visant à diversifier ses routes commerciales, en réponse aux tensions provoquées par l’administration Trump. Ce projet, centré sur le port de Churchill, pourrait transformer l’économie canadienne tout en renforçant la souveraineté nationale.
Le port de Churchill, un atout stratégique
Le Manitoba, souvent perçu comme une province des Prairies, aspire à rappeler son accès maritime. Wab Kinew, premier ministre du Manitoba, a récemment déclaré que « lorsque l’on pense au Manitoba, on pense aux Prairies, mais saviez-vous qu’on peut aussi accéder à l’eau salée ? » Cette affirmation coïncide avec l’annonce d’un investissement conjoint de 80 millions € entre la province et Ottawa pour revitaliser le port de Churchill.
Face aux menaces pesant sur la souveraineté canadienne par l’administration américaine, ce port en eaux profondes, accessible par voie ferrée, est devenu une option cruciale pour contourner les droits de douane élevés imposés par les États-Unis. M. Kinew affirme que l’investissement dans le port représente une opportunité de « mettre l’économie à l’épreuve de Trump », facilitant ainsi les échanges commerciaux avec l’Europe et d’autres régions.
Potentiel d’exportation et partenariats
L’Arctic Gateway Group (AGG), qui regroupe 41 Premières Nations et d’autres communautés, gère le port ainsi qu’un chemin de fer reliant Churchill au réseau ferroviaire national. Chris Avery, directeur général d’AGG, souligne que Churchill pourrait devenir un point névralgique pour l’exportation de minéraux essentiels, en forte demande mondiale.
En 2022, 10 000 tonnes de concentré de zinc ont été expédiées depuis ce port, et des projets ambitieux visent à doubler cette quantité grâce à un partenariat avec Hudbay Minerals. M. Avery note que la stratégie d’AGG prend tout son sens dans le contexte des tensions commerciales avec les États-Unis.
Alternatives et résilience économique
Les discussions sur l’importation de produits chimiques pour une usine en Saskatchewan ainsi que sur l’expédition de pétrole à des acheteurs internationaux mettent en lumière l’importance croissante des routes commerciales alternatives. Selon Barry Prentice, de l’Université du Manitoba, l’établissement d’une installation de conteneurs à Churchill pourrait s’avérer bénéfique, réduisant les coûts de transport en comparaison avec le long trajet actuel vers les Prairies depuis Montréal.
Réponse aux défis climatiques et infrastructurels
Serasu Duran, de l’Université de Calgary, souligne que la diversification des itinéraires commerciaux est cruciale pour la résilience des chaînes d’approvisionnement, particulièrement à la lumière des défis rencontrés lors de la pandémie de COVID-19. Le changement climatique pourrait paradoxalement offrir des opportunités pour Churchill, avec des périodes d’eaux libres de glace prolongées. Cependant, cela pose également des risques liés à la stabilité du sol.
Avery précise que des technologies avancées, telles que des radars à pénétration de sol, permettent de surveiller et d’anticiper les problèmes d’infrastructure. Des investissements sont nécessaires pour améliorer le segment ferroviaire le plus au nord, essentiel pour l’accès au port, surtout après les inondations de 2017 qui ont gravement endommagé ce lien vital.
Une nouvelle gestion locale
Actuellement, le chemin de fer est géré par des Canadiens et des membres des Premières Nations, un changement significatif par rapport à sa gestion précédente par une société américaine, OmniTRAX. Cette transition vise à remédier à des décennies de négligence dans l’entretien de cette infrastructure essentielle pour les 900 habitants de Churchill.